Elysée: Macron a le plus grand respect pour la l’Algérie

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La présidence française a indiqué ce mardi 9 novembre que président de la République française Emmanuel Macron
«a le plus grand respect pour la nation algérienne, pour son histoire et pour la souveraineté de l’Algérie», en faisant part de son regret suite aux « polémiques et malentendus» avec l’Algérie.

«Le président de la République regrette les polémiques et les malentendus engendrés par les propos rapportés» et «il est fortement attaché au développement de la relation» entre la France et l’Algérie, a précisé un conseiller au cours d’un brief de presse consacré à la conférence sur la Libye organisée vendredi à Paris.

Selon lui, Paris souhaite que la relation bilatérale se développe «au bénéfice des populations algérienne et française mais également pour répondre aux grands défis régionaux, à commencer par la Libye».

La présidence a précisé que le président algérien Abdelmadjid Tebboune était invité à la conférence de vendredi pour aider la Libye à redevenir un pays stable, notamment en préparant l’élection présidentielle prévue le 24 décembre. «L’Algérie est un acteur majeur dans la région et le président souhaite la participation du président Tebboune à cette conférence», selon le conseiller.

Emmanuel Macron a provoqué la colère d’Alger après des propos rapportés le 2 octobre par le quotidien Le Monde accusant le système «politico-militaire» algérien d’entretenir une «rente mémorielle» en servant à son peuple une «histoire officielle» qui «ne s’appuie pas sur des vérités». D’après le quotidien, il avait également affirmé que «la construction de l’Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française? Ça, c’est la question (…)».

Le 2 octobre 2021, l’Algérie a exprimé samedi son rejet « catégorique de l’ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures » à la suite des propos non démentis que plusieurs sources françaises ont attribué nommément au Président de la République française.

« A la suite des propos non démentis que plusieurs sources françaises ont attribué nommément au Président de la République française, l’Algérie exprime son rejet catégorique de l’ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures que constituent lesdits propos », précisé la Présidence de la République dans un communiqué.

« Les propos en question portent une atteinte intolérable à la mémoire des 5.630.000 valeureux martyrs qui ont sacrifié leurs vies dans leur résistance héroïque à l’invasion coloniale française ainsi que dans la Glorieuse Révolution de libération nationale », ajoute la Présidence de la République, estimant que « les crimes de la France coloniale en Algérie sont innombrables et répondent aux définitions les plus exigeantes du génocide contre l’humanité. Ces crimes qui ne sont pas prescriptibles, ne sauraient faire l’objet d’une manipulation des faits et d’interprétations atténuantes ».

Pour la Présidence de la République, « la propension des nostalgiques de l’Algérie française et des milieux qui se résignent difficilement à l’indépendance pleine que les Algériens ont gagnée de haute lutte, s’exprime à travers de vaines tentatives d’occulter les exactions, massacres, enfûmades, destructions de villages, des centaines de +Oradour-Sur-Glane+, éradications de tribus de résistants, qui sont des génocides en séries que les acrobaties conceptuelles et les raccourcis politiques ne parviendront jamais à occulter ».

« Pour leur part, les appréciations superficielles, approximatives et tendancieuses énoncées en ce qui concerne l’édification de l’Etat national algérien ainsi que sur l’affirmation de l’identité nationale relèvent d’une conception hégémonique éculée des relations entre Etats et ne sauraient, en aucune façon, être compatibles avec le ferme attachement de l’Algérie à l’égalité souveraine des Etats », souligne-t-on dans le communiqué.

« Cette malencontreuse intervention qui heurte fondamentalement les principes devant présider à une éventuelle coopération algéro-française en matière de mémoire, a l’incorrigible défaut de tendre vers la promotion d’une version apologique du colonialisme au détriment de la vision établie par l’histoire de la légitimité de luttes de la libération nationale, alors que rien ni personne ne peut absoudre les puissances coloniales de leurs crimes, y compris les massacres du 17 octobre à Paris dont l’Algérie et sa communauté établie en France s’apprêtent à commémorer dans la dignité », ajoute la même source.

« Face à la situation particulièrement inadmissible engendrée par ces propos irresponsables, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a décidé le rappel immédiat en consultations de l’ambassadeur d’Algérie auprès de la République française », conclut le communiqué.

Tebboune a prévenu samedi 6 novembre qu’il ne ferait pas «le premier pas» pour tenter d’apaiser les tensions avec son homologue français qui, avec ses propos, «a rouvert un vieux conflit de manière totalement inutile». «Pourquoi a-t-il dit ça? Je pense que c’était pour des raisons électorales stratégiques», a ajouté Tebboune dans un entretien à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel.

S. Ould Brahim

Le Jeune Indépendant, 10/11/2021

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