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Je soumets cette contribution à l’attention de la société civile, non seulement comme moudjahid et militant de la lutte de Libération des peuples, mais aussi comme témoin à charge de la volonté du couple maroco-sioniste de détruire à jamais l’unité des Etats et des peuples africains.
Au lendemain de la récente réunion du Conseil exécutif de l’Union africaine (UA), notre ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a souligné les dangers de «profonde division du continent africain» et de la «cassure irrattrapable» provoquées par la décision irresponsable de Moussa Faki Mahamet d’accorder le statut d’observateur à l’entité sioniste.
Jamais avertissement n’a été aussi pertinent et clair au vu d’une réalité savamment déguisée : la volonté du couple incestueux makhzen-Israël de détruire le rêve devenu réalité de Kwamé N’Kruma, «Africa must unite». La mise en garde de M. Lamamra loin d’être un simple «verbiage diplomatique» se base sur des faits historiques avérés. Et il est de mon devoir de les rappeler.
La création de l’Organisation de l’Unité africaine a été non seulement la mise fin aux deux groupes antagonistes de Casablanca et de Monrovia, mais aussi et surtout, l’union et la solidarité des pays africains vers un but sacré : la libération de l’Afrique, de chaque centimètre carré de notre continent, du colonialisme et de l’apartheid. Avec comme principe aussi sage que fondamental, «l’intangibilité des frontières héritées du colonialisme».
A ce titre, il était logique que les pays africains libérés tels l’Angola, le Mozambique, le Zimbabwe ou l’Afrique du Sud deviennent ipso facto membres de droit de l’OUA. Libérée de l’Espagne, et bien qu’agressée et envahie par le nouveau colonialiste, le makhzen de Rabat, la République arabe sahraouie démocratique (RASD) a déposé sa demande d’admission comme nouvel Etat-membre de l’OUA. Contrairement à la démarche de Moussa Faki, le secrétaire général de l’OUA, le regretté Edem Kodjo, homme de principe et de courage, a sollicité au préalable l’avis de l’ensemble des Etats membres de l’OUA qui ont alors appuyé la demande d’admission de la RASD.
C’est alors que Rabat a engagé la première tentative de destruction de l’Unité africaine et, par voie de conséquence, de bloquer la lutte contre l’apartheid et le colonialisme en renforçant la position de l’entité sioniste en Afrique.
Le makhzen a donc décidé de faire éclater notre organisation continentale au Sommet de Tripoli en 1982. Fort du soutien de certains «amis» d’Afrique francophone, le makhzen a engagé un chantage : soit l’annulation de la qualité de membre de droit de la RASD, soit l’éclatement et l’enterrement de l’organisation africaine. Mais Rabat ne s’attendait pas à un retournement spectaculaire de l’un de ses meilleurs alliés pour la «marocanité» du Sahara occidental : le Sénégal.
L’Histoire devra rendre hommage au président Abdou Diouf qui, selon ce qu’il m’avait confié, a placé «l’intérêt général de l’Afrique au-dessus de l’intérêt particulier de son pays». A la grande colère de Rabat, le président Diouf a proposé une formule provisoire pour sauver l’OUA de l’éclatement : la désignation du SG adjoint, le Nigérian Peter ONU, comme SG intérimaire. Le roi Hassan II a donc décidé de quitter ce qu’il qualifiait «d’organisation tam-tam». Une fois de plus le Maroc affichait son mépris congénital des «nègres» tels qu’illustrés par Hollywood.
Aujourd’hui, fort de son alliance avec le sionisme, dont il apprécie les conseils, le «Commandeur des croyants» relance une deuxième tentative de «casser» l’Afrique et son organisation, l’Union africaine.
Son mentor, Israël, lui fait valoir que quitter l’OUA était une erreur stratégique, puisque Rabat laissait le champ libre à l’Algérie et à la RASD. Il fallait dont réintégrer l’organisation panafricaine et la détruire de l’intérieur, comme le préconise le principe de la Guerre de 4e génération. Sa demande de «réintégration» étant juridiquement impossible, le Maroc s’est résigné à demander son «admission» à l’UA, sachant pertinemment qu’il reconnaissait ipso facto et officiellement la RASD, dès lors que dans le document d’admission que le roi signait, figuraient clairement la RASD et son Président en tant que membres fondateurs.
Et, aggravant la technique de son père reniant la Résolution de Nairobi après s’être solennellement engagée à accepter le renforcement d’autodétermination, le fils s’est engagé plus loin dans la turpitude en tentant de réaliser le plan ultime de l’entité sioniste «d’ordonner au makhzen de joindre les rangs des pays africains pour mieux les diviser et détruire de l’intérieur l’Unité africaine».
Tel était le sens de l’obtention, comme premier pas et avec la complicité de Moussa Faki, de la qualité d’observateur à l’entité sioniste, et ce, en violation des principes les plus sacrés inscrits dans la Charte de l’Unité africaine.
Dès l’admission du Maroc à l’UA, j’avais attiré l’attention des anciens gouvernants sur le danger que représentait la nouvelle stratégie anti-africaine du makhzen, faute de barrières l’obligeant à respecter les décisions arrêtées pour le soutien à la Palestine et le droit du peuple sahraoui à l’indépendance. Mais en vain. Fort heureusement, le ministre Lamara a su bloquer la tentative de validation du statut d’observateur de l’entité sioniste.
Par la voix de son ministre, l’Algérie a mis les Etats membres de l’UA face à leur responsabilité historique : sauver l’Afrique en renvoyant le maroco-sionisme aux poubelles de l’histoire ou assumer la lourde responsabilité de détruire la solidarité des peuples africains pour laquelle tant de martyrs ont donné leur vie pour que vive l’Afrique éternelle.
Pour ma part, je reste convaincu que, comme hier à Tripoli, la voix de la raison et de l’amour de notre continent prônée par l’Algérie sera entendue.
Par l’ambassadeur Noureddine Djoudi
Ex-secrétaire général adjoint de l’OUA