Israël mobilise les monarchies du Golfe contre les sahraouis. La voix des pétrodollars rejoint la manœuvre contre le peuple sahraoui
L’ambassadeur du royaume saoudien est monté en créneau, pour défendre aux Nations unies, l’occupation marocaine illégale des territoires sahraouis, en faisant abstraction que dans cet espace onusien, non seulement le Sahara occidental est inscrit sur le registre de questions soumises à un processus de décolonisation, mais que nombreux sont les États membres de l’ONU qui sont le fruit des luttes de leurs peuples contre la colonisation, dont en Afrique, Asie et Amérique latine.
Rien d’étonnant de voir la monarchie saoudienne porter main forte au royaume marocain, lequel a répondu présent, par l’envoi de ses pilotes et avions militaires, pour prendre part à une guerre, des plus sales contre un peuple, que Ryad a lancée en 2015, contre le peuple yéménite. Une guerre que les rapports de l’ONU et des ONGs internationales font état de « la pire crise humanitaire du XXIe siècle » causée par Ryad. Aussi pour l’opinion arabe, africaine et de surcroît internationale, l’excès de zèle de Ryad, via son ambassadeur à l’ONU, faisant l’éloge du «développement économique et social dans le Sahara occidental (sous occupation marocaine Ndlr) » laissant penser que Rabat est dans le respect des droits des sahraouis, alors que le Maroc, depuis son adhésion à l’Union Africaine, reste à ce jour le seul qui n’a pas ratifié la Charte africaine des Droits de l’Homme et des peuples, que le continent africain vient de célébrer son 40eme anniversaire, jeudi dernier.
Charte africaine des droits de l’homme et des peuples que la République arabe sahraouie démocratique, membre fondateur de l’UA, pour rappeler, Ryad est signataire du document africain, qui dans l’un de ses chapitres comme celui de la Charte de l’ONU, consacre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Mais c’est une notion qu’une monarchie peine non seulement à l’intégrer, au regard des piliers sur lesquels s’érigent les systèmes monarchiques, mais aussi à la respecter s’agissant des autres peuples.
En s’adonnant à cet exercice de secourir Rabat, l’ambassadeur saoudien semble ne pas suivre de près l’évolution non seulement de la lutte du peuple sahraoui mais aussi des luttes de soutiens à travers le monde en brandissant la primauté du droit international sur tout autre considération. L’ambassadeur saoudien a discouru en faveur de l’occupation marocaine, alors que celle-ci fait l’objet de procès et d’annonces de décisions de justice, à l’exemple de la Cour de Justice européenne , instruisant le Conseil de l’Europe et les pays membres de ne pas inclure le Sahara occidental, dans tout accord avec le Maroc, car étant en violation des lois de l’UE et de la Légalité internationale.
L’ambassadeur de Ryad dont son pays est en difficulté pour sortir du bourbier yéménite, avec notamment les pressions dont celle de Washington pour en finir avec cette guerre qui n’a pas atteint ses objectifs fixés, s’aventure à prendre ouvertement parti au sein de l’ONU, en faveur d’une colonisation au détriment d’un peuple en lutte pour son indépendance et sa liberté, contre l’occupant marocain et avant lui espagnol. Plaidant à aller sur la solution marocaine portant l’octroi « d’autonomie », alors que le droit international stipule la tenue du référendum d’autodétermination, l’Arabie saoudite non seulement s’aligne totalement sur la position marocaine mais aussi sur la posture récurrente de l’entité sioniste laquelle similaire à celle de Rabat, quant au refus de se conformer à la Légalité internationale. Même si la posture saoudienne n’est pas réellement une nouveauté, il est par contre utile de s’interroger sur les raisons ayant nourri la décision de Ryad de dépasser la ligne qu’elle s’est fixée, avant qu’elle l’annonce via son ambassadeur à l’ONU.
En perte de vitesse comme acteur pivot dans la région du Golfe et du Moyen Orient, avec l’émergence de nouveaux acteurs, Iran, les Emirats, la Turquie ainsi que son influence sur la scène libanaise, Ryad qui a beaucoup perdu de ses capacités, dans sa guerre contre le Yémen et les divergences profondes avec les Émirats sur la scène yéménite, cherche-t-elle de nouvelles scènes pour marquer encore son rôle ?
Dans sa plaidoirie en faveur de l’occupant marocain, Ryad vise-t-elle, à se rapprocher davantage de l’entité sioniste, qui entretient des relations de qualité avec le Maroc et les Émirats, dans le cadre de la normalisation avec Israël.
Il semble que le Maroc dans l’incapacité de faire face seul à ses échecs, juridiques, politiques et économiques, visant à faire valoir sa pseudo « souveraineté » sur le Sahara occidental, confronté à la force du droit international, en faveur des droits légitimes du peuple sahraoui n’a d’autres recours que de solliciter l’aide, évidemment de monarchies, de l’entité sioniste et de pays non débarrassés encore du complexe du colonisé en plus des bâtisseurs des empires coloniaux, à l’exemple de la France, qui use de son droit de véto au Conseil de sécurité pour faire perdurer le dernier système colonial en Afrique, celui de l’occupant marocain au Sahara occidental.
La guerre des volontés tranchera comme elle le fut, les siècles passés, en faveur de la lutte des esclaves, des colonisés et des peuples épris de justice et de liberté, des notions, des valeurs, des principes et un idéal que les monarchies des pétrodollars ne peuvent comprendre ni saisir comme c’est le cas pour les système politiques coloniaux de l’entité sioniste en Palestine et marocain au Sahara occidental.
Karima Bennour
Le Courrier d’Algérie, 25/10/2021
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