Le controversé accord de pêche signé entre le royaume du Maroc et l’Union européenne, et adopté par le Parlement européen, porte un coup sérieux à la crédibilité des institutions européennes. Car de tels accords sont soumis à des conditions claires dans les lois européennes. S’agissant du Maroc, le Parlement européen avait rejeté l’an dernier le même accord pour cause de non respect des droits de l’homme et de non partage équitable des revenus dudit accord avec les populations sahraouies.
Condition qui n’a pas été respectée cette année par le Maroc de l’avis même du Parlement européen, lequel avait adopté le rapport Tannock sur le Sahel en septembre dernier. Le rapport a dénoncé les violations des droits de l’homme au Sahara occidental et les emprisonnements de militants politiques sahraouis. Dans un long chapitre consacré à cette question, le rapport a estimé que le territoire du Sahara n’est pas autonome et nécessite un processus de décolonisation.
Bien que les cercles proches du Maroc aient fait des pressions et manœuvré pour le blocage de ce rapport rédigé par l’eurodéputé britannique Charles Tannock, le PE l’avait adopté. Ainsi, les pro-indépendantistes du Polisario s’étaient tous félicités de cette prise de position du PE et s’attendaient à une réédition de sa position de refus de tout accord de pêche qui inclut les eaux territoriales du Sahara occidental. Mais, surprise, les eurodéputés l’ont adopté en dépit de la protestation de nombreux parlementaires avec 310 voix pour, 204 contre et 49 abstentions.
Les intérêts franco-espagnols, tout aussi politiques qu’économiques, privent le Parlement européen de toute position qui soit dictée par le respect des normes internationales s’agissant de ce dossier. Inutile donc de se positionner en faveur de l’autodétermination des Sahraouis et d’énoncer le principe de respect des droits de l’homme, car cela ne fait qu’accentuer le manque de sérieux des eurodéputés sur cette question ! Il aurait été plus crédible que la Commission européenne et son Parlement fassent l’impasse sur les résolutions de l’ONU et signer ainsi des accords avec le Maroc incluant le Sahara ! Cela mériterait au moins d’avoir une logique dans ses positions, quoique là aussi, ils aient porté un coup sérieux aux efforts de l’ONU et de son médiateur Christopher Ross.
Ainsi, et pour les quatre prochaines années, précise le PE, « les bateaux de 11 pays de l’UE pourront pêcher dans les eaux marocaines «, en échange un paiement annuel de l’UE de 30 millions d’euros, dont 14 millions pour soutenir le développement du secteur de la pêche au Maroc. A vrai dire, ce sera 126 bateaux, principalement espagnols et français qui pêcheront dans les eaux du Sahara riches en poisson. Quoi de plus bénéfique pour des pays en crise !!!
Le Jeune Indépendant, 16/12/20123
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