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Selon des sources diplomatiques issues des coulisses des Nations Unies, le projet a de fortes chances d’être adopté grâce aux positions de soutien que Washington est parvenu à mobiliser.
Les regards sont tournés aujourd’hui vers la session du Conseil de sécurité des Nations Unies à New York, où les quinze membres devraient voter sur un projet de résolution américain controversé accordant au Maroc la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara Occidental, occupé depuis près d’un demi-siècle.
Selon des sources diplomatiques issues des coulisses des Nations Unies, le projet a de fortes chances d’être adopté grâce aux positions de soutien que Washington est parvenu à mobiliser, malgré une abstention attendue de la Chine, de la Russie et de certains États membres pour éviter une confrontation directe avec les États-Unis, qui sont passés de « porte-plume » dans le dossier sahraoui à décideur et architecte de l’ensemble de son cours en faveur du Maroc.
Les observateurs estiment que ce changement reflète un détournement manifeste des principes de la légalité internationale et une violation flagrante des résolutions de l’ONU qui réaffirment le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination par un référendum libre et équitable supervisé par l’ONU et sa mission, la MINURSO.
Le projet américain s’en tient à l’expression « la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental » et rejette toute formule liant la solution au principe du référendum ou au droit à l’autodétermination. Plusieurs pays, dont l’Algérie, ont tenté d’introduire des amendements substantiels au texte pour en corriger le contenu afin qu’il soit conforme au droit international, mais Washington a ignoré ces propositions, se contentant de changements formels qui ne touchent pas à l’essence de la résolution.
Il est notable dans ces développements que Washington n’a montré aucune volonté de reculer malgré les nombreuses réserves exprimées par les membres du Conseil, ce qui confirme – selon des diplomates – que l’administration américaine actuelle est déterminée à « mettre en œuvre de vieux engagements remontant à l’« Accord d’Abraham » qui liait la normalisation marocaine avec Israël à la reconnaissance américaine de la souveraineté de Rabat sur les territoires du Sahara Occidental.
Cette alliance, qui réunit aujourd’hui les États-Unis, la France, les Émirats arabes unis et Israël, exerce une pression sans précédent au sein du Conseil pour imposer le fait accompli, au moment où Paris et Abou Dhabi ont ouvert des centres consulaires dans les territoires occupés, une démarche qui enfreint de manière flagrante le droit international et légitime l’occupation marocaine.
Les informations en provenance de New York indiquent que l’équipe de travail américaine a mené des contacts intensifs avec les représentants de la France, de la Grande-Bretagne, de la Sierra Leone, du Panama et de la Somalie, des pays qui gravitent dans l’orbite de Washington, tandis que l’Algérie et un certain nombre de pays européens et latino-américains insistent pour rejeter toute résolution qui saperait les efforts de l’ONU en matière de décolonisation.
Les observateurs notent que la nouvelle position américaine constitue « un précédent dans l’histoire du Conseil de sécurité », car Washington ne s’était jamais impliqué d’une manière aussi directe dans le dossier du Sahara Occidental, bien que certains anciens envoyés de l’ONU aient été américains, tels que James Baker et Christopher Ross, qui ont maintenu une distance par rapport aux parties au conflit, par engagement envers la neutralité de l’ONU.
Les analystes estiment que ce qui se passe aujourd’hui est une conséquence directe des convergences stratégiques entre Washington, Tel Aviv et Abou Dhabi, le Maroc étant devenu le maillon faible de cette équation après avoir hypothéqué une partie de sa souveraineté en échange d’une reconnaissance politique à courte portée. L’ouverture d’un consulat américain à Dakhla ou Laâyoune ne vaut pas – de l’avis des observateurs – le prix élevé payé par le Maroc en renonçant à son soutien historique à la cause palestinienne et en se jetant dans les bras de l’axe de la normalisation.
Malgré tout cela, le conflit au Sahara Occidental reste ouvert à toutes les éventualités. Le peuple sahraoui, comme l’a affirmé le Front Polisario dans ses derniers communiqués, est attaché à son droit inaliénable à la liberté et à l’indépendance et n’acceptera aucune solution qui lui serait imposée par la force.
Les observateurs estiment que les développements actuels auront de lourdes répercussions sur les relations algéro-marocaines et sur la position américaine dans la région, après que Washington a perdu ce qui lui restait de crédibilité en tant que médiateur impartial dans les questions de décolonisation.
Source : El Khabar, 30/10/2025
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