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Face à la cause sahraouie qui gagne du terrain, que ce soit au sein des Nations unies, devant les tribunaux internationaux ou dans l’opinion publique mondiale, le Maroc, visiblement aux abois, n’hésite plus à violer jusqu’aux règles les plus élémentaires de la diplomatie pour user plutôt de brutalité et d’intimidation à l’encontre des représentants du Sahara occidental, y compris à l’intérieur des instances onusiennes. C’est, encore une nouvelle fois, à cet exercice de diplomatie de voyou auquel la délégation marocaine s’est livrée lors des dernières sessions de la Quatrième commission des Nations unies, chargée des questions de décolonisation.
En effet, lors de ladite session, la délégation marocaine s’est tristement distinguée par un comportement agressif et contraire à toute éthique diplomatique puisque à plusieurs reprises, ses représentants ont interrompu les interventions des pétitionnaires sahraouis venus défendre le droit de leur peuple à l’autodétermination. Les représentants du Makhzen marocain n’ont lésiné ni sur les propos injurieux ni sur les invectives contre les militants sahraouis et leurs soutiens, contraignant ainsi à plusieurs reprises le président de séance à intervenir pour rétablir le calme.
Cette attitude, loin d’être nouvelle, traduit en réalité une nervosité croissante au sein du pouvoir marocain face à une cause sahraouie qui trouve un écho grandissant sur la scène internationale. Là où la parole devait être un instrument de diplomatie, Rabat a usé de violence, laissant ainsi le monde entier pantois devant son spectacle hideux, indigne d’un Etat membre de l’ONU. Mais ce scénario marocain semble désormais bien rodé tant à chaque fois que les défenseurs du Sahara occidental, toujours imperturbables, fondent leurs arguments sur les résolutions onusiennes, le droit international et les décisions judiciaires qui confortent leur cause, la diplomatie marocaine choisit plutôt le tumulte. Incapable de faire face, elle tente à chaque occasion de discréditer, d’intimider, et de détourner l’attention du public international. Cette agitation, loin d’être fortuite, relève d’une stratégie délibérée à savoir celle du désordre pour masquer son vide argumentaire.
Une brutalité diplomatique révélatrice d’une panne
Cette brutalité diplomatique n’est pas un accident mais visiblement le symptôme d’un système à bout de souffle et prisonnier de ses propres contradictions. Incapable, en effet, de justifier son occupation du Sahara occidental autrement que par la force, le Maroc s’enferme dans une diplomatie de confrontation, trahissant ainsi un profond désarroi politique et moral face aux faits, aux vérités juridiques, aux rapports des organisations internationales, aux décisions de justice et les résolutions onusiennes qui sont toujours là pour rappeler inlassablement que le Sahara occidental demeure un territoire non autonome en attente de décolonisation.
Ce recours à la brutalité a tendance à s’ériger en culture chez les représentants du Makhzen. Pour cause, les exemples de ces dérives diplomatiques sont déjà nombreux et édifiants. En 2022, à la suite d’une déclaration du secrétaire général des Nations unies qualifiant le Sahara occidental de territoire « occupé », Rabat a ordonné la fermeture immédiate de certains bureaux de la Minurso à Dakhla et l’expulsion de leur personnel. Ce geste de représailles, en totale violation des engagements internationaux du Maroc, a constitué un précédent grave dans les relations entre le Royaume et les Nations unies.
La même année, le nouvel envoyé personnel du secrétaire général pour le Sahara occidental s’est vu refuser l’autorisation de rencontrer des ONG sahraouies et des militantes des camps de réfugiés, une interdiction qui illustre la volonté du Maroc d’étouffer les voix indépendantes et d’empêcher tout témoignage susceptible d’exposer la réalité des violations des droits humains dans les territoires occupés.
Dans un autre registre, le représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies, Omar Hilale, s’est illustré par des déclarations provocatrices affirmant que la question du Sahara occidental « n’est plus une question de décolonisation ». Cette thèse, fondée sur une interprétation biaisée du Traité de Madrid de 1975, est rejetée par la majorité des États membres de l’ONU et par le Front Polisario, qui rappellent qu’aucun référendum d’autodétermination n’a jamais été organisé et qu’aucune souveraineté marocaine sur le territoire n’a été reconnue internationalement. Il y a lieu de noter également que plusieurs rapports ont déjà documenté les entraves imposées par Rabat à la liberté de mouvement de la Minurso et ses tentatives d’empêcher la documentation des violations des droits humains. Il va sans dire que dans ces dérives marocaines dans les forums internationaux, on retrouve les mêmes réflexes autoritaires que ceux exercés quotidiennement contre les Sahraouis dans les territoires occupés.
Seulement, malgré cette offensive permanente, la cause sahraouie ne cesse de progresser. Ce qui irrite Rabat, qui voit de plus en plus son autorité sur le territoire sahraoui contestée et menacée.
Source : L’Algérie aujourd’hui