Tags : Maroc, Génération Z, Genz212, discours du roi Mohammed VI au Parlement,
Maroc : les vœux pieux du Palais
Encore une fois, le roi du Maroc a parlé. Et, comme souvent, il a exhorté son gouvernement à aller plus vite, à faire mieux, à s’occuper davantage des jeunes, de l’école, des hôpitaux. Des mots qui, sur le papier, sonnent justes et généreux. Mais dans la réalité marocaine, ils résonnent comme un refrain fatigué, celui d’un pouvoir qui promet de réparer ce qu’il s’obstine à maintenir : un système fondé sur la hiérarchie sociale, l’inégalité et l’exclusion. Car c’est là tout le paradoxe d’un système qui, depuis des décennies, proclame la modernité mais cultive l’injustice comme on entretient un jardin secret.
Les mots du souverain résonnent bien dans l’hémicycle feutré du Parlement. Mais dehors, sur les places et dans les quartiers populaires, la jeunesse gronde. Elle réclame du travail, des soins dignes, une école qui ne soit pas un tri social. Elle ne veut plus de promesses, elle veut des comptes. Et comment lui en vouloir, quand chaque réforme annoncée finit dans le sable, étouffée par une administration servile et des intérêts figés ?
On peut toujours parler d’«accélération des programmes», de «promotion des secteurs». Mais comment réformer sérieusement ce que l’on s’emploie à maintenir sous tutelle ? Comment réparer une société fracturée quand l’ADN même du pouvoir repose sur
la hiérarchie, la rente et la peur du changement ? On ne soigne pas la fièvre en cassant le thermomètre.
Tant que la logique du contrôle primera sur celle de la justice, ces vœux resteront ce qu’ils ont toujours été : des prières adressées à un ciel sans écho. Et la jeunesse, lassée d’attendre, finira par écrire elle-même le discours que le trône n’a jamais voulu entendre.
M. F.
Le Soir d’Algérie, 12-10-2025
Mohammed VI opte pour la politique de l’autruche face à la contestation populaire la populaire
Attendu pour apporter des réponses concrètes aux revendications des populations qui ont investi massivement la rue à travers le pays depuis le 25 septembre dernier, le roi Mohammed VI a finalement choisi la fuite en avant lors de son discours de vendredi dernier à l’ouverture de la session parlementaire.
Allant jusqu’à éviter de citer le mouvement Gen Z 212 qui a ébranlé jusqu’à l’ossature principale du régime ces deux dernières semaines, le monarque a versé dans un discours creux et vide de sens en se contentant de faire semblant d’appeler à « l’accélération des réformes » dont il ne décrit même pas la nature.
Cette politique de l’autruche n’a fait que susciter déception et colère de la rue, risquant ainsi de galvaniser davantage la contestation, alors que la semaine dernière, le mouvement populaire est allé jusqu’à réclamer au roi le partage de sa fortune.
Avec une fortune estimée à près de 13 milliards de dollars, Mohammed VI est dans le top 5 des rois les plus riches au monde, alors que, selon certaines sources bien introduites dans les coulisses du palais royal, cette évaluation n’est que la face émergée de l’iceberg et affirment que les biens du monarque alaouite et sa famille est beaucoup plus importants.
Qualifié de « roi prédateur », Mohammed VI a fait de l’accumulation des richesses un sport favori et la source dont sont tirés ses profits n’est autre que l’économie marocaine, avec des investissements dans des secteurs productifs, notamment l’agriculture, et l’exploitation de peu de ressources naturelles dont dispose le royaume.
Le palais royal a investi massivement aussi dans l’acquisition d’actions dans le capital des entreprises publiques, comme l’OCP (Office chérifien des phosphates) ou encore dans des projets immobiliers à travers le Fonds Mohammed VI pour l’investissement (FM6I).
D’autres secteurs de l’économie du royaume sont aussi contrôlés par Mohammed VI et sa cour à travers la holding royale Al Mada, anciennement SNI (Société nationale d’investissement), qui a fait main basse sur des secteurs aussi stratégiques comme les télécommunications, l’importation et la distribution de produits énergétiques, le secteur bancaire, l’immobilier ou encore les mines.
OCP, FM6I, Al Mada, les machines à sous du Palais royal
Autant d’abus qui ont incité le mouvement de contestation marocaine à changer de cap depuis la semaine dernière. Si le mouvement réclamait initialement des réformes dans les secteurs de l’éducation et de la santé, désormais, ce sont, en effet, les fonds amassés par le Palais royal qui sont revendiqués pour être investis dans des projets à impact réel sur le quotidien des ménages dont le pouvoir d’achat est laminé par une crise structurelle qui asphyxie l’économie du pays.
En tout cas, le mouvement va au-delà de simples subventions conjoncturelles, en exigeant le partage de ces fortunes, à travers «une redistribution d’une partie de cette richesse privée, accumulée dans un contexte où la majorité des Marocains peine à accéder à des soins dignes, à une éducation de qualité, à une vie décente», ont rapporté plusieurs médias la semaine dernière relayant les revendication du mouvement Gen Z 212.
Même avec un langage plus ou moins modéré, des dizaines d’intellectuels marocains eux aussi ont interpellé le monarque à la veille de son discours devant le Parlement sur l’urgence d’entreprendre des réformes réelles, jugeant que « l’heure est grave ».
Dans une missive adressée directement à Mohammed VI, l’élite marocaine a écrit « nous nous adressons à vous parce que vous détenez l’autorité ultime, et donc la responsabilité ultime dans ce pays. Le peuple du Maroc souffre, sa jeunesse le crie dans les rues avec force ».
Mais les millions de Marocains qui attendaient l’intervention du monarque ce vendredi ont vite déchanté et ont immédiatement exprimé leur mécontentement face à des déclarations qui ne sont pas allées plus loin que « l’accélération des réformes », «la création d’emplois pour les jeunes » ou « la promotion des secteurs de l’éducation et de la santé ». Des déclarations jugées aussitôt exprimées de promesses « creuses » et « vides de sens ».
Source : La voie d’Algérie, 12/10/2025
Le discours du roi du Maroc a fait pschitt : déception et nouveaux appels à la mobilisation
Le roi a prononcé son discours, sans jamais citer le mouvement «GenZ 212» et sans faire la moindre référence directe à la crise politique et sociale.
Le discours prononcé par le roi du Maroc, Mohammed VI, ce vendredi 10 octobre, devant les deux chambres, à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire, a été accueilli avec une profonde déception par le collectif de la jeunesse «GenZ 212» et par les militants des droits humains, ouvrant la voie à de nouveaux appels à la mobilisation nationale, ont rapporté, hier, plusieurs médias internationaux.
S’exprimant, pour la première fois, depuis le début des manifestations de la «GenZ 212», le roi a déçu. Il a balayé les revendications clés, dont le départ du gouvernement en place et la lutte généralisée contre la corruption qui gangrène les rouages du royaume.
Dans sa prise de parole, Mohammed VI s’est adonné à un exercice de style sur «les réformes sociales», assurant que l’emploi des jeunes, l’éducation et la santé figuraient parmi ses priorités. Établissant une corrélation entre les «grands projets nationaux» – tels que ceux pour la Coupe du monde-2030 – et les «programmes sociaux », il argue qu’il ne doit y avoir «ni antinomie ni rivalité» entre eux. Cette affirmation se veut, évidemment, une réponse indirecte aux jeunes qui reprochent au gouvernement de privilégier les infrastructures «vitrines» aux besoins réels, comme la santé et l’éducation.
Cependant, le roi a prononcé son discours sans jamais citer le mouvement «GenZ 212» et sans faire la moindre référence directe à la crise politique et sociale. Mohammed VI a évoqué la nécessité d’une justice sociale et spatiale, pour un «Maroc émergent», mais sans aucune remise en cause du gouvernement Akhanouche ni de la corruption qui gangrène les rouages de l’État marocain.
Cette absence d’un geste fort, notamment sur la démission du gouvernement, a provoqué une vague de frustration immédiate chez les manifestants, qui étaient nombreux à se rassembler devant le Parlement. Même déception de la part de Fouad Abdoulmoumni, économiste et militant, qui fait partie d’une soixantaine de personnalités marocaines, qui avaient déjà publié une pétition intitulée «Il est temps d’agir en profondeur». Décrivant le discours comme une «fin de non-recevoir», il a résumé l’attitude du pouvoir par la formule : «Circulez, il n’y a rien à voir, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.» Pour sa part, le collectif «GenZ 212», qui compte plus de 200.000 adhérents sur Discord, et qui avait suspendu ses manifestations pour le week-end, afin de «renforcer l’organisation et la coordination», a réitéré, dans un communiqué, que ses «revendications demeuraient inchangées et qu’il exigeait toujours que les corrompus rendent des comptes».
Il a annoncé qu’un «nouvel appel à la mobilisation serait annoncé dans la journée d’hier», précisant que la prochaine manifestation «serait dirigée contre le gouvernement et tous les corrompus qui entravent la réalisation des aspirations du peuple marocain».
Le discours de vendredi confirme une évidence : les Marocains, malgré leurs efforts pour attribuer les problèmes aux gouvernements successifs et ainsi épargner le roi, sont confrontés à une vérité toute crue et amère. Mohammed VI les considère toujours comme ses sujets, et non comme des citoyens à part entière. Le roi et le Makhzen les soumettant et offrant, mains et pieds liés, au sionisme, au mépris total de leur volonté affichée, lors des centaines de milliers de marches hebdomadaires.
Source : El Moudjahid ‘p 11/10/2025
Maroc : La jeunesse de “Génération Z 212” répond au du roi Mohammed VI
Au lendemain du discours prononcé par le roi Mohammed VI, vendredi 10 octobre, à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire, le mouvement “Génération Z 212” a appelé à poursuivre la mobilisation, boycotter les produits des “corrompus” et maintenir la pression jusqu’à la satisfaction des revendications populaires.
Quelques heures après l’allocution royale – perçue par de nombreux jeunes comme un mépris du peuple marocain – les militants de la “Génération Z 212” ont réagi sur la plateforme Discord, leur principal outil de coordination. Leurs messages dénoncent un décalage croissant entre le palais et la rue, estimant que les propos du souverain sur “la justice sociale” et les investissements massifs dans les infrastructures sportives ne répondent pas aux réalités vécues.
Depuis les premières manifestations du 27 septembre, déclenchées après la mort de huit femmes enceintes dans un hôpital d’Agadir, la contestation s’est élargie à une revendication générationnelle contre la corruption, les inégalités et l’absence de perspectives. Le mouvement, ancré dans les milieux urbains et connectés, s’organise sans hiérarchie visible et revendique une mobilisation pacifique mais déterminée.
Dans un document de onze pages intitulé « Les revendications de la jeunesse marocaine : pour l’application du pacte constitutionnel », approuvé massivement sur Discord, les jeunes exigent des réformes structurelles dans les domaines de la santé, l’éducation et l’emploi.
Malgré ces appels, le roi Mohammed VI n’a pas abordé directement les protestations, se limitant à inviter le gouvernement d’Aziz Akhannouch à “accélérer les réformes” dans l’éducation et la santé. Mais pour beaucoup, cette prudence accentue la fracture entre les jeunes et le pouvoir.
Source : L’Algérie aujourd’hui, 12/10/2025
Face au mépris de Mohamed VI: la jeunesse marocaine pour l’escalade et l’intensification de la mobilisation populaire
Réagissant au discours de Mohamed VI prononcé ce vendredi 10 octobre à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire , le mouvement GenZ 212 appelle à intensifier les mobilisations, à boycotter les produits des « corrompus » et à ne pas céder tant que les revendications ne sont pas satisfaites.
Quelques heures après le discours de Mohamed VI, qualifié de mépris au peuple marocain,le collectif de jeunes GenZ 212 a réagi via Discord. Les propos de Mohamed VI, affirmant qu’investir des millions dans les stades et plaider pour la « justice sociale » n’est pas incohérent, n’ont pas seulement réussi à apaiser la colère de ses plus jeunes sujets, mais, compte tenu de leur réaction, risquent d’attiser le mécontentement populaire
« Le message est de poursuivre les manifestations de masse, de boycotter les matchs et les produits des corrompus, de boycotter la Coupe d’Afrique des Nations et de ne pas reculer tant que les revendications d’unité ne seront pas satisfaites », peut-on lire dans un bref texte publié sur Discord, la plateforme où des dizaines de milliers d’utilisateurs ont coordonné les manifestations dans plus de vingt provinces marocaines.
Les jeunes à l’origine des manifestations ont tenté de tracer une ligne rouge contre Mohamed VI,et imputant tous les maux au gouvernement actuel d’Aziz Akhannouch, dont ils réclament la tête ainsi que celle de son exécutif.
Le roi a le pouvoir de révoquer le Premier ministre et son cabinet – comme l’exigent les manifestants – mais ce vendredi, dans son discours d’ouverture de la dernière année législative, il a évité toute référence aux manifestations et a exhorté les responsables politiques à œuvrer avec « plus de diligence et d’efficacité » pour instaurer la « justice sociale » et « combattre les disparités » entre les régions du Maroc, sur fond d’allégations de corruption et de défiance généralisée envers la classe dirigeante.
Après son discours de vendredi, beaucoup estiment que le fossé entre le palais et la rue reste catastrophique. En réalité, ils affirment que leurs revendications n’ont pas changé, invoquant « la responsabilité des corrompus » et celle du gouvernement dans la dégradation des conditions sociales et économiques. Ils annoncent qu’un nouvel appel à la mobilisation sera lancé tout au long de la journée de samedi, « contre le gouvernement et tous ceux qui entravent les aspirations du peuple marocain ».
Les premières manifestations, le 27 septembre, étaient une réaction à la mort de huit femmes enceintes dans un hôpital public d’Agadir. Aujourd’hui, les troubles ont pris une tournure bien plus profonde : une révolte générationnelle contre les inégalités, la corruption et l’absence de perspectives d’avenir. Les chiffres sont accablants : le chômage des jeunes atteint 47 % chez les 15-24 ans, et le système de santé publique ne compte que 0,42 médecin pour mille habitants, un chiffre bien inférieur à la moyenne mondiale.
Avant le discours royal, GenZ212 a annoncé une « pause stratégique » pour se regrouper et rédiger un texte de onze pages détaillant les revendications du mouvement. Ce document, intitulé « Revendications de la jeunesse marocaine : Pour l’activation du Pacte constitutionnel », a été approuvé à une écrasante majorité des 3 383 votants actifs sur Discord.
Les revendications portent sur trois domaines. En matière de santé, les jeunes réclament une profonde réforme du système public, l’élargissement de la couverture maladie et la modernisation des infrastructures hospitalières. En matière d’éducation, ils réclament des contenus adaptés au XXIe siècle, la promotion de l’esprit critique et la numérisation des salles de classe. En matière d’emploi, ils prônent une réorientation de l’économie vers des secteurs à forte valeur ajoutée et la fin de la bureaucratie qui freine les entrepreneurs.
Le texte, au ton technique mais résolument politique, appelle également à une « lutte résolue contre la corruption », avec une indépendance judiciaire et de véritables mécanismes de responsabilisation.
Dans son discours de vendredi devant les deux chambres du Parlement, Mohammed VI a évité d’évoquer directement les manifestations, mais a exhorté le gouvernement à « accélérer le développement de l’éducation et de la santé » et à accorder « une attention particulière aux régions les plus pauvres ». Ces déclarations pourraient être en deçà de la vague qui a déferlé dans les rues du pays voisin.
Pour le Washington Institute , ltes comparaisons avec le Printemps arabe sont inévitables, même si les jeunes insistent sur le fait que leur lutte ne vise pas à renverser le roi, mais plutôt à imposer une véritable modernisation de l’État.
Le symbole choisi par le mouvement – le drapeau pirate de One Piece, l’anime japonais dans lequel un jeune homme défie les puissants – témoigne de la dimension internationale d’une génération hyperconnectée et intrépide. Dans les rues de Rabat et de Tanger, il flotte aux côtés des drapeaux marocains, comme pour rappeler aux puissants que cette jeunesse, née à l’ère numérique, ne croit plus aux vieux silences.
Les analystes s’accordent à dire que le défi ne réside pas dans l’ampleur des manifestations, mais dans leur persistance. GenZ 212 a démontré une capacité de coordination sans précédent au Maroc : ses dirigeants agissent de manière anonyme, sa structure est horizontale et ses échanges se font en temps réel entre des milliers d’utilisateurs.
Source : Algérie54, 11/10/2025
Discours royal au Parlement: Une réponse jugée insuffisante face à la mobilisation de la jeunesse marocaine
Vendredi dernier, le roi Mohammed VI s’est exprimé devant le Parlement marocain, après dix jours de manifestations menées par la jeunesse, notamment la génération Z, dans plusieurs grandes villes du royaume telles que Casablanca, Rabat, Tanger et Agadir.
Ce discours, très attendu, intervient après une trêve de 48 heures observée par les manifestants. Le contenu de l’allocution royale, centré sur des thématiques comme le «développement territorial», les «centres ruraux émergents» et la «culture du résultat», n’a pas répondu aux revendications sociales portées par les jeunes dans la rue.
Aucun passage n’a évoqué explicitement les préoccupations majeures exprimées par les manifestants : chômage, corruption, accès aux soins, éducation, et justice sociale. Le roi a appelé les parlementaires à «accélérer les programmes» et à «mener un travail efficace », adoptant un ton technocratique sans référence directe à la crise sociale actuelle ni aux tensions qui traversent le pays. L’absence de reconnaissance de la mobilisation en cours, ainsi que le silence sur les cas de répression signalés, ont été largement relevés par les observateurs.
Depuis le début du mouvement, les jeunes manifestants réclament des réformes profondes et dénoncent les inégalités persistantes. Le discours royal, perçu comme déconnecté des réalités sociales, n’a pas apaisé les tensions. Au contraire, plusieurs sources locales indiquent que les manifestations devraient reprendre, portées par une jeunesse déterminée à faire entendre sa voix. Le discours marque donc une étape institutionnelle, mais ne semble pas constituer une réponse politique à la crise actuelle. L’absence de mesures concrètes et de dialogue direct avec les citoyens mobilisés pourrait accentuer la fracture entre les institutions et une partie de la population, en particulier les jeunes .
Source : Algérie Confluences, 12/10/2025
Au Maroc, le roi appelle à accélérer les réformes sociales alors que jeunes sont dans la rue
Le roi du Maroc a exhorté vendredi le gouvernement à accélérer les programmes de développement, notamment dans l’éducation et la santé, sans mentionner directement les manifestations de jeunes réclamant des réformes dans ces deux secteurs depuis près de quinze jours.
Son discours devant le Parlement était très attendu. Le roi Mohammed VI s’est exprimé, vendredi 10 octobre, devant les parlementaires du Maroc à qui il a notamment fixé comme priorités « la création d’emplois pour les jeunes » et « la promotion concrète des secteurs de l’éducation et de la santé », en espérant « une plus grande célérité » dans la mise en œuvre de ces projets.
Ignorant les partis politiques et les organisations syndicales, le collectif GenZ 212, qui organise presque chaque soir depuis le 27 septembre des rassemblements à travers le pays, s’était adressé directement au roi pour lui faire part de ses revendications.
Le mouvement, qui compte plus de 200 000 adhérents sur Discord, rassemble à chaque manifestation entre plusieurs dizaines et des centaines de personnes. Il réclame des réformes dans les secteurs de la santé et de l’éducation, le limogeage du gouvernement ainsi que la lutte contre la corruption.
Des jeunes ont aussi dit à l’AFP ou scandé lors de rassemblements qu’ils voulaient voir moins de stades et plus d’hôpitaux, au moment où le Maroc construit à tour de bras en prévision de la Coupe d’Afrique des nations fin 2025 et du Mondial 2030.
« Il ne devrait y avoir ni antinomie ni rivalité entre les grands projets nationaux et les programmes sociaux, tant que le but recherché est de développer le pays et d’améliorer les conditions de vie des citoyens », a déclaré Mohammed VI dans son discours.
Les inégalités sociales, un défi majeur pour le Maroc
La mobilisation du collectif GenZ 212, dont les fondateurs sont anonymes, s’inscrit dans un mouvement de protestation né mi-septembre après le décès à l’hôpital public d’Agadir (sud) de huit femmes enceintes admises pour des césariennes.
Jeudi, le gouvernement a réitéré son appel au dialogue avec GenZ 212, affirmant travailler « pour mobiliser les ressources et identifier les déficits à combler ».
Au Maroc, les inégalités sociales demeurent un défi majeur. Le pays est marqué par de fortes disparités régionales et un écart persistant entre les secteurs public et privé.
D’après les chiffres officiels, le déficit éducatif explique 47,5 % des cas de pauvreté, malgré le recul du taux national de 11,9 % en 2014 à 6,8 % en 2024.
Maroc: le roi Mohammed VI répond au mouvement GenZ sans l’évoquer mais sans convaincre
Le roi Mohammed VI s’est exprimé ce vendredi 10 octobre devant les deux chambres, à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire, et pour la première fois depuis le début des manifestations de la GenZ 212 il y a deux semaines. Le collectif annonce une « suspension » ce week-end des manifestations avant une nouvelle mobilisation contre le gouvernement.
Pour identifier dans le discours de Mohammed VI des références à la crise qui secoue le royaume du Maroc, il fallait lire entre les lignes, explique notre correspondant à Rabat, Matthias Raynal. Ainsi, lorsqu’il déclare au début de son discours : « Il ne devrait y avoir ni antinomie, ni rivalité entre les grands projets nationaux et les programmes sociaux (…) tant que le but recherché est de développer le pays et d’améliorer les conditions de vie des citoyens », l’allusion aux revendications des contestataires est manifeste. Les jeunes de la GenZ 212 dénoncent dans chacune de leur manifestation les choix du gouvernement qui privilégie, selon eux, les infrastructures « vitrine » aux besoins réels de la population : éducation et santé.
Le mouvement fait une pause avant une nouvelle mobilisation
Le collectif de jeunes GenZ 212, a néanmoins annoncé ce 11 octobre la « suspension » de ses manifestations pour le week-end, quelques heures après un discours du roi ayant appelé le gouvernement à accélérer les réformes sociales. Cette pause est « une étape stratégique visant à renforcer l’organisation et la coordination, afin de garantir que la prochaine phase du mouvement soit plus efficace et plus influente », a précisé le mouvement.
Le collectif a affirmé dans un communiqué que ses revendications demeuraient inchangées, exigeant notamment que les « corrompus » rendent des comptes et que la responsabilité du gouvernement soit établie « face à la dégradation des conditions sociales et économiques ».
Il a ajouté qu’un nouvel appel à la mobilisation serait annoncé ce 11 octobre et que la prochaine manifestation « serait dirigée contre le gouvernement et tous les corrompus qui entravent la réalisation des aspirations du peuple marocain ».
Le souverain a aussi rappelé son dernier discours du trône, prononcé le 29 juillet, lorsqu’il a demandé « à lancer une nouvelle génération de programmes de développement territorial » pour réduire les disparités spatiales. Il a souligné au passage les efforts mis en œuvre pour atteindre « une plus grande justice sociale », pour que « les fruits de la croissance profitent à tous ».
Enfin, Mohammed VI a assuré que l’emploi des jeunes, l’éducation et la santé faisaient partie de ses priorités, comme un miroir lancé aux revendications de la GenZ 212. Il sera intéressant de scruter les réactions du collectif. Sur son espace de discussion en ligne Discord, mais peut-être aussi via un communiqué plus solennel. Le groupe en a diffusé plusieurs ces derniers jours.
Un discours très suivi à l’extérieur du Parlement
Signe de l’importance du moment, une foule nombreuse s’est massée devant le Parlement. Il y a plus de monde que d’habitude, assure Lamia qui vient tous les ans. « On est là pour montrer au roi qu’on l’aime. Il y a des problèmes avec le gouvernement, pas avec le roi. On a totalement confiance en lui. Il va y avoir du changement ». Elle agite un petit drapeau marocain au passage du roi.
Sous les boiseries de l’hémicycle, le souverain prononce son discours, sans jamais citer le mouvement de contestation initié par la GenZ 212. Mais, en creux, le roi Mohammed VI répond aux revendications portées par les jeunes protestataires. « Le cap tracé par le Maroc émergent pour réaliser la justice sociale et spatiale exige la mobilisation de toutes les potentialités dont il dispose. En effet, la transformation majeure que nous entendons opérer en matière de développement territorial requiert un changement significatif, des mentalités et des méthodes de travail, ainsi qu’un véritable enracinement de la culture du résultat ».
La GenZ 212 attendait un geste fort, elle réclame la démission du gouvernement. Alors beaucoup, sur ses salons de discussion, sur Internet, ressentaient de la déception ce soir du 10 octobre. Une soixantaine de personnalités marocaines avaient publié cette semaine une pétition titrée « il est temps d’agir en profondeur », pour soutenir les revendications. Parmi eux, l’économiste et militant des droits humains Fouad Abdelmoumni. Il exprime sa frustration et son inquiétude, à David Baché.