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Violence, écrasements et arrestations en masse… et les revendications ne dépassent pas le droit à la vie: L’État s’engage dans une direction dangereuse
Dans le royaume du « Commandeur des Croyants », les vagues de colère se succèdent de génération en génération, et les voix réclamant la dignité et la justice sociale s’y élèvent. Le régime du Makhzen a choisi d’opposer la répression aux revendications légitimes au lieu de l’écoute, et les matraques au lieu du dialogue. Les scènes d’écrasement et d’arrestations sont devenues le signe le plus marquant des manifestations de jeunes qui, entrées dans leur deuxième semaine, sillonnent les villes de Rabat, Casablanca, Agadir et d’autres, révélant la profondeur du fossé entre les promesses officielles brillantes et une réalité sociale de plus en plus étouffante.
La vague qui déferle sur les villes du Maroc, de Rabat à Casablanca et Agadir, est un cri retentissant exprimant une explosion sociale refoulée depuis des années. Pendant plusieurs jours consécutifs, les jeunes ont bravé les interdictions et sont descendus sur les places, scandant des slogans inhabituels pour le pouvoir et les médias officiels, dans une confrontation directe avec une réalité économique et sociale de plus en plus dure. La scène est apparue choquante : un État qui parle de « décollage économique » et de « transformation du développement », tandis que ses jeunes brandissent des pancartes sur lesquelles est clairement écrit : « La santé d’abord… On ne veut pas de la Coupe du Monde ».
Pour la première fois, cette colère n’est pas portée par des partis d’opposition ou des syndicats professionnels, mais par une nouvelle génération numérique qui s’est elle-même baptisée « Génération Z 212 ». Une génération qui ne croit plus aux intermédiations ni aux discours de courtoisie, mais qui s’organise depuis les salons Discord, TikTok et Instagram, s’auto-organise et formule ses revendications avec un langage simple mais percutant : « Nous voulons un État qui nous respecte, qui ne dore pas son image à l’étranger et nous laisse souffrir à l’intérieur. » En ce sens, ce mouvement n’était pas seulement une protestation sociale, mais la proclamation de la naissance d’une nouvelle conscience politique en dehors des moules des partis classiques, et une rébellion franche contre la logique du leadership éternel.
Les slogans clamés à gorge déployée étaient le miroir le plus fidèle des déceptions d’une génération épuisée par les factures, les rêves d’émigration et le chômage, une génération qui résume sa conscience politique en une seule phrase : « Ni santé, ni éducation, c’est le Maroc, Dieu est généreux » (ce dernier terme est souvent utilisé dans un sens ironique ou résigné). Un slogan simple mais mordant, qui résume l’équation de la vie quotidienne dans un pays qui se vante d’organiser la Coupe du Monde alors que son hôpital est incapable de sauver une femme enceinte, et sa section primaire incapable d’accueillir un élève sans surpopulation. C’est un moment de prise de conscience collective douloureuse, où les jeunes réalisent que leur problème ne réside pas dans un « manque de moyens », mais dans une mauvaise organisation des priorités, et dans un régime qui préfère le ciment à l’humain.
La Santé et l’Éducation au Cœur de la Colère Populaire
Dans un pays qui parle de « nouveau modèle de développement », l’école et l’hôpital, pierres angulaires de tout développement réel, semblent dans une situation peu enviable. Les classes des écoles publiques sont devenues des salles surchargées qui dépassent leur capacité d’accueil, où des générations en quête d’espoir étudient entre les murs, tandis que les installations sanitaires sont absentes dans les villages, et que dans les grandes villes, les citoyens font de longues files d’attente devant des hôpitaux qui ont perdu leur capacité d’accueil. Entre les promesses de réforme et la réalité de la souffrance, les familles se perdent entre des écoles privées épuisantes financièrement et des hôpitaux publics épuisants humainement.
Malgré l’allocation de budgets annuels colossaux, atteignant en 2025 environ 86 milliards de dirhams pour l’éducation et 32 milliards pour la santé, les résultats sur le terrain restent faibles, traduits par des indicateurs internationaux qui placent le Maroc aux dernières places mondiales en matière de qualité de l’éducation et des soins de santé. Les chiffres ne mentent pas : un médecin pour 2300 citoyens, et une infirmière pour 900 personnes, et des classes bondées avec jusqu’à 36 élèves par classe. Malgré tous ces faits, le gouvernement intervient pour parler au peuple de « réformes structurelles » et de « grands programmes », comme s’il parlait d’un autre pays qui ne connaît ni la pauvreté ni l’attente aux portes des hôpitaux.
Le pire, c’est que le gouvernement persiste à promouvoir ses « réalisations », ignorant que la mort de huit femmes enceintes dans un seul hôpital est une tragédie nationale qui résume l’échec de tout le système. Les secteurs de la santé et de l’éducation sont devenus un miroir reflétant la contradiction flagrante entre un discours officiel qui embellit et une réalité sociale qui se fissure. Il n’était donc pas étonnant que les premiers slogans de la jeunesse en colère réclament des médicaments et du savoir, et non un stade ou une coupe.
Si l’école surchargée et l’hôpital défaillant ont constitué la facette la plus visible de la crise, ce qui se cache derrière en termes de chiffres du chômage et de la pauvreté révèle le visage le plus profond de la tragédie. Lorsque le jeune est incapable de travailler et que la famille est épuisée par la cherté de la vie, la protestation devient une nécessité de survie.
La Crise du Chômage et de la Pauvreté… Quand la Classe Moyenne s’Érode
Le chômage au Maroc s’est également transformé en un problème structurel qui menace la stabilité de toute la société. Selon les chiffres officiels, les taux de chômage ont dépassé les 12,8 %, un chiffre qui ne reflète pas seulement l’incapacité du gouvernement à créer suffisamment d’emplois, mais qui révèle un déséquilibre dans la structure de l’économie, désormais dépendante de secteurs précaires qui ne fournissent ni emplois permanents ni salaires garantissant la dignité. Avec l’expansion du secteur informel qui emploie les deux tiers de la main-d’œuvre, des millions de Marocains vivent sans couverture sociale ni protection santé, dans une situation qui s’apparente davantage au « travail pour survivre » qu’au « travail pour vivre ».
Ce qui était autrefois considéré comme une classe moyenne stable a commencé à s’éroder lentement sous les coups de l’inflation, des impôts indirects et de la hausse des prix de l’alimentation, du logement et de l’énergie. Cette classe, historiquement la soupape de sécurité sociale, se retrouve aujourd’hui face à une nouvelle réalité : des salaires fixes qui ne suivent pas la hausse du coût de la vie, des écoles privées qui épuisent les revenus, et des services publics qui s’effondrent, la transformant progressivement en une classe pauvre qui traîne derrière elle les rêves de stabilité que les gouvernements successifs lui avaient promis. La scène du déclin de la classe moyenne est un avertissement politique et social qui menace d’une explosion plus vaste.
Quant aux jeunes diplômés universitaires, ils sont devenus le symbole d’une déception collective, car plus d’un tiers des diplômés ne trouvent pas d’emploi dans leurs spécialités, et un quart d’entre eux restent totalement au chômage, comme si les études au Maroc n’étaient plus une voie vers l’avenir, mais un investissement perdant dans un État qui ne lie pas l’éducation au marché du travail. Sans perspective, la frustration augmente, et la colère se transforme en acte de protestation, mené par des générations qui ne croient plus au discours de la « patience », car elles n’ont tout simplement plus rien à perdre.
Et quand la douleur s’intensifie et que les gens sortent réclamer la dignité, la vraie réponse des États conscients est l’écoute et le dialogue. Mais dans le « royaume du Commandeur des Croyants », le pouvoir a choisi de faire taire les bouches au lieu de les entendre, et d’affronter les revendications sociales avec des bâtons, et non avec des politiques.
Arrestations… Répression… et Écrasement des Manifestants
Ce qu’ont connu les rues du Maroc ces derniers jours a été une vaste campagne de répression qui a pris la forme d’une chasse sur le terrain. Dès les premières heures des rassemblements, les forces de sécurité ont encerclé les places publiques, empêché les manifestants d’accéder aux lieux de rassemblement et arrêté des dizaines de jeunes dans de grandes villes comme Rabat, Casablanca et Agadir. Au lieu que les policiers soient des intermédiaires pour protéger les manifestants et garantir leur nature pacifique, ils sont devenus des outils de répression utilisant une violence excessive pour disperser des rassemblements qui ne portaient que des pancartes sur lesquelles était écrit « La santé d’abord… On ne veut pas de la Coupe du Monde »… Le résultat est la mort de 3 personnes jusqu’à présent.
La scène a dépassé les limites de l’interdiction pour ressembler à une punition collective, avec des opérations d’écrasement par des véhicules de la Gendarmerie Royale, documentées par des clips vidéo et confirmées par des sources sur le terrain, faisant des morts et des blessés parmi des manifestants pacifiques qui scandaient « Pacifique… Pacifique » dans des villes comme Aït Amira, Khénifra, Agadir, Oujda et Marrakech. Des scènes d’écrasement qui rappellent les images des régimes totalitaires, et révèlent l’effondrement du discours officiel qui se vante de « l’État de droit » alors que le sang de ceux qui réclament le droit aux soins et à l’éducation est versé. La répression ne se cache plus derrière les communiqués, elle est devenue clairement visible dans les rues, devant les objectifs des téléphones, et parmi les gémissements des victimes.
Cette gestion sécuritaire choquante a suscité l’indignation des associations de défense des droits humains et des syndicats, qui ont dénoncé une « violation flagrante de la Constitution » et un « manquement aux engagements internationaux », et ont averti que l’État s’orientait dans une direction dangereuse qui lie la stabilité à la force plutôt qu’à la confiance. À une époque où le gouvernement parle de « transition démocratique », ses véhicules écrasaient ses citoyens. Tandis que ses communiqués appellent au « dialogue au sein des institutions », ces mêmes institutions fermaient leurs portes aux personnes en colère. C’est une paradoja douloureuse qui résume l’équation du Maroc d’aujourd’hui : un régime qui veut paraître avancé à l’étranger, mais qui se comporte comme si le temps n’avait pas passé à l’intérieur.
Ainsi, les manifestations de rue marocaines, auxquelles le pouvoir répond par la violence, l’écrasement et les arrestations, révèlent que le royaume du « Commandeur des Croyants » avance à grands pas vers une crise globale qui ne peut être dissimulée derrière les pancartes du Mondial ni les slogans du « Nouveau Modèle de Développement ». Lorsque le droit à la vie devient une accusation, et la revendication de la santé et de l’éducation une menace, la fracture entre l’État et la société est devenue un fossé profond qui annonce une explosion majeure si Rabat ne réalise pas que les peuples ne sont pas gérés par les matraques, et que la Génération Z 212 n’est pas une vague passagère, mais le signe avant-coureur d’une nouvelle conscience qui exige un Maroc qui dépense pour l’être humain, et non pour l’image et la corruption.