Maroc : conflit entre la monarchie et son propre appareil sécuritaire.

Document stratégique sur le conflit entre le Palais et le Makhzen au Maroc

Introduction

Le Maroc a récemment été le théâtre d’une brève fuite d’informations, publiée par le groupe Jabroot sur sa chaîne Telegram. La fuite contenait des informations sensibles impliquant la DST à l’intérieur même du palais royal, notamment des soupçons de tentatives de cibler le prince héritier en droguant sa nourriture. Bien que la publication ait été supprimée quelques minutes seulement après sa diffusion, la simple apparition de telles informations révèle un niveau dangereux de conflit interne entre la monarchie et son propre appareil sécuritaire.

Première partie : Signification de la fuite et sa suppression rapide

-Plus un message interne qu’une divulgation publique – La publication et la suppression rapide suggèrent que le public visé n’était pas l’ensemble de la population, mais des cercles restreints au sein du système.

-Détails très sensibles – La mention de noms spécifiques et de médicaments tels que la Spironolactone indique des sources précises, tout en expliquant pourquoi l’information a été effacée si rapidement pour empêcher une circulation plus large.

-Une guerre de territoire ouverte – La fuite reflète un conflit sans précédent entre le palais et les agences mêmes qui sont censées le servir, ouvrant la voie à des scénarios de déstabilisation interne.

Deuxième partie : Changements structurels dans la relation entre le Palais et le Makhzen.

Traditionnellement, la stabilité du système marocain reposait sur le chevauchement de la monarchie et du Makhzen (services de sécurité, armée, bureaucratie).

Aujourd’hui, le Makhzen ne semble plus être un simple instrument entre les mains du roi, mais plutôt un centre de pouvoir autonome capable d’agir contre le palais lui-même.

Cette évolution menace de démanteler le mythe de la « monarchie sacrée » qui a sous-tendu la légitimité du régime pendant des décennies.

Troisième partie : Les renseignements de Hammouchi et le « Roi sur mesure »

Les dernières fuites suggèrent que la DGST, dirigée par Abdellatif Hammouchi, ne se contente plus de ses rôles sécuritaires traditionnels, mais cherche à jouer un rôle direct dans la formation de l’avenir du trône.

L’allégation selon laquelle les repas du prince héritier auraient été drogués, qu’elle soit exacte ou non, révèle une tentative d’affaiblir ou de contrôler l’héritier présumé du roi Mohammed VI.

Cela reflète l’intention de l’agence de créer un « roi sur mesure » – un monarque faible ou contrôlé qui permettrait au Makhzen de détenir le pouvoir réel, tandis que le trône ne resterait qu’une façade symbolique pour les publics nationaux et étrangers.

Quatrième partie : Scénarios possibles

Ainsi, l’équilibre des pouvoirs passe d’un arrangement historique dans lequel le roi était le « Makhzen suprême » à une nouvelle situation où l’appareil sécuritaire met la main sur la succession royale elle-même – un dangereux précédent qui sape l’essence même de la monarchie en tant que système absolu.

-Les services de sécurité avalent la monarchie

-La prise de décision passe effectivement aux mains des chefs du renseignement et de l’armée, tandis que la monarchie ne reste qu’une couverture symbolique.

-Explosion interne et effondrement rapide
La perte de confiance entre le palais et ses agences pourrait déclencher des purges internes ou un « coup d’État blanc », surtout dans un contexte de pressions sociales et économiques croissantes.

-Réaménagements internes limités
Le roi pourrait tenter de réaffirmer son contrôle en changeant les dirigeants au sein des agences, mais la profondeur du fossé rend un succès durable peu probable.

Cinquième partie : Implications régionales et internationales

Le Maroc a longtemps été un partenaire clé de l’Occident en matière de migration, de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Tout conflit interne entre le palais et le Makhzen menace de défaire ce partenariat et de créer un dangereux vide sécuritaire en Afrique du Nord et au Sahel.

La communauté internationale doit reconnaître que le Maroc n’est plus un bloc stable et unifié, mais une structure fragmentée au bord de l’effondrement.

Sixième partie : L’alternative politique – Vers une République fédérale

L’alliance traditionnelle entre la monarchie et le Makhzen étant en train de se briser, un projet alternatif est nécessaire pour garantir la stabilité démocratique.

L’opposition à l’étranger avance clairement l’option d’une république fédérale, fondée sur :

-La souveraineté populaire comme seule source de légitimité.

-Une véritable séparation des pouvoirs.

-Une répartition équitable des richesses et de l’autorité entre les régions.

-La fin de la domination des services de sécurité sur la prise de décision politique.
Ce modèle offre au Maroc une stabilité à long terme, contrairement au système actuel construit sur des alliances internes et externes fragiles qui se désintègrent rapidement.

Malgré leur suppression, les fuites révèlent une crise structurelle au sein du régime marocain entre la monarchie et le Makhzen.

Conclusion et recommandations

-La communauté internationale doit considérer le Maroc non pas comme un allié stable, mais comme un pays qui se dirige vers une transformation radicale.

-Le soutien à une transition vers une république fédérale démocratique est la seule garantie d’une stabilité authentique et durable dans la région.

Qandyl Mohamed – Blogueur, militant des droits de l’homme et activiste politique marocain

#maroc #dgst #makhzen

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