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Le « mérite » de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël est d’avoir mis à jour ce qui était entretenu dans le secret. Ainsi, jour après jour, se dévoilent au grand public ce qui était resté connu au sein des seuls cercles des professionnels. Aujourd’hui, nous en savons un peu plus sur les menées secrètes marocaines contre l’Algérie ; et celles-ci remontent à loin, très loin dans l’histoire récente et mouvementée à la fois entre Rabat et Alger.
Le professeur Yigal Bin-Nun, un Israélien d’origine marocaine, « spécialiste des relations secrètes » entre l’Etat hébreu et le royaume du Maroc, a publié récemment une rectification au travail de deux journalistes israéliens paru dans le quotidien « Yediot Aharonot » sur l’implication du Mossad dans l’assassinat de Mehdi Ben Barka. L’enquête de « Yediot Aharonot » avait été reprise par le quotidien « Le Monde ». Mais ces deux quotidiens avaient amputé l’enquête de ces parties les plus intéressantes pour l’Algérie.
Les « rectifications » concernaient principalement les relations très fortes entre le Mossad et le Palais royal, notamment lors de l’élimination physique de Ben Barka, malgré que celui-ci entretenait de son coté des relations fortes avec des officiers du renseignement israélien.
Mais là n’est pas notre propos (les révélations sur l’assassinat de Ben Barka seront publiés dans notre édition de demain dans les pages « Maghreb Sahel ») ; ce qui nous importe le plus dans ses révélations c’est la partie concernant l’Algérie. Et là, tenez-vous bien : « La visite officielle du chef du Mossad le général Meir Amit et de son adjoint Yaacov Caroz au roi et à Oufkir n’était en fait que la conséquence de l’échec des négociations entre Hassan II et le président algérien Ahmed Ben Bella à Alger concernant les problèmes frontaliers entre le Maroc et l’Algérie.
« Quelques mois avant la Guerre des sables qui opposa les armées marocaines et algériennes, Oufkir sollicita l’aide d’Israël pour une aide militaire, stratégique et sécuritaire. La classe dirigeante marocaine détestait Nasser et le Palais ne faisait confiance ni aux Américains ni aux Français. C’est pour cela que les Marocains préférèrent solliciter l’aide d’Israël ».
Dans les bribes d’informations distillées à la presse israélienne, Yigal Bin-Nun n’en dit pas plus ; peut-être on le saura à la parution de son livre, comme il le promet. Mais là encore, rien n’est plus aléatoire, car l’historien promet de publier ses « Mémoires » depuis…2004.
Le Maroc rend la pareil à Israël
Le Maroc a “aidé Israël à gagner la guerre des Six Jours” en prévenant les renseignements
Le roi Hassan II a fourni des enregistrements top secrets des discussions entre les dirigeants arabes avant la guerre, dit l’ancien chef des renseignements militaires
Israël devrait largement remercier le Maroc pour sa victoire contre les ennemis arabes pendant la guerre des Six Jours de 1967, selon les révélations d’un ancien chef des renseignements militaires israéliens.
En 1965, le roi Hassan II a transmis à Israël des enregistrements d’une rencontre cruciale entre les dirigeants arabes où ils discutaient de leur préparation à la guerre contre Israël.
Cette rencontre a non seulement révélé que les rangs arabes étaient divisés – d’importantes disputes ont éclaté, par exemple, entre le président égyptien Gamal Abdel-Nasser, et le roi Hussein de Jordanie, mais aussi que les pays arabes étaient mal préparés à la guerre, a déclaré ce week-end le général Shlomo Gazit au quotidien Yedioth Ahronoth.
En se fondant sur ces enregistrements, ainsi que d’autres renseignements rassemblés dans les années précédant la guerre, Israël a lancé une frappe préventive au matin du 5 juin 1967, bombardant les aérodromes égyptiens et détruisant presque tous les avions de chasse de l’Egypte.
Pendant la guerre, qui a pris fin le 10 juin, Israël a saisi la bande de Gaza et la péninsule du Sinaï à l’Egypte, la Cisjordanie et Jérusalem Est à la Jordanie, et le plateau du Golan à la Syrie.
Le roi Hassan II avait secrètement enregistré la réunion de 1965 parce qu’il ne faisait pas confiance à ses invités de la Ligue arabe, a annoncé Yedioth.
Il avait initialement autorisé une équipe commune des renseignements intérieurs et extérieurs israéliens, le Shin Bet et le Mossad, connue sous le nom des « Oiseaux », à occuper un étage entier du luxueux hôtel de Casablanca où se déroulait la conférence. Cependant, craignant que les agents ne soient remarqués par les invités arabes, le roi leur avait demandé de partir à la veille de la conférence.
Pourtant, selon Rafi Eitan, homme politique israélien et ancien officier des renseignements, qui codirigeait « les Oiseaux » avec Peter Zvi Malkin, légende du Mossad, les Marocains « nous ont donné les informations nécessaires, et ne nous ont rien refusé » juste après la fin de la conférence. Il n’a pas été précisé si Eitan avait parlé au Yedioth ou avait déjà fait cette déclaration.
Meir Amit, chef du Mossad à l’époque, avait décrit l’opération marocaine comme « l’une des gloires suprêmes du renseignement israélien » dans un mémo adressé à Levi Eshkol, alors Premier ministre.
Les dirigeants arabes s’étaient secrètement réunis en septembre 1965 à l’hôtel de Casablanca, avec leurs chefs des renseignements et des armées, pour discuter de savoir s’ils étaient prêts à une guerre contre Israël, et, dans ce cas, pour décider de créer ou non un commandement arabe commun pour un tel conflit.
Il y avait eu un accord sur le besoin de se rassembler pour la guerre, a annoncé Yedioth Ahronoth, et les commandants militaires avaient ouvertement parlé de leurs capacités.
Les enregistrements des discussions avaient été transmis au département de recherche de la Direction des renseignements militaires d’Israël, où ils avaient été traduits en hébreu.
« Ces enregistrements, qui étaient vraiment une réussite extraordinaire des renseignements, nous ont encore montré que d’une part, les états arabes se dirigeaient vers un conflit auquel nous devions nous préparer. D’autre part, leurs divagations sur l’unité arabe et l’existence d’un front uni contre Israël ne reflétaient pas l’unanimité réelle entre eux », a déclaré Gazit, qui dirigeait à l’époque le département de recherche.
Grâce aux enregistrements, et à d’autres sources, « nous savions à quel point ils étaient peu préparés à la guerre, a continué Gazit. Nous avons conclu que le Corps des blindés égyptiens était dans un état pitoyable et qu’il n’était pas prêt au combat. »
Le commandant des Corps blindés de l’armée israélienne à l’époque, le général Israël Tal, « a rejeté notre opinion avec mépris, a déclaré Gazit, disant que leur situation ne pouvait pas été si grave. Nous avons ensuite vu qui avait raison. »
Les renseignements de ces enregistrements ont donné au gratin militaire israélien le sentiment « que nous allions gagner la guerre contre l’Egypte. Les prophéties de malheur et le sentiment d’une défaite imminente étaient majoritaires en Israël et chez les responsables extérieurs à l’establishment militaire, mais nous avions confiance en nos forces. »
Gazit a été nommé à la tête des renseignements militaires après l’échec de ceux-ci à anticiper les attaques de l’Egypte et de la Syrie contre Israël à Yom Kippour en octobre 1973.
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