Mots clés : Algérie, Italie, Tunisie, Libye, gaz, immigration, énergie verte,
Dans un article paru lundi sur IRIS, Umberto Profazio, chercheur associé au programme Conflits, sécurité et développement de l’IISS et analyste du Maghreb pour la Fondation du Collège de Défense de l’OTAN, explore le partenariat stratégique en évolution entre l’Algérie et l’Italie, centré sur la sécurité énergétique et la diplomatie des pipelines en Afrique du Nord et en Méditerranée. Cette alliance s’est renforcée depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Italie cherchant à se libérer de sa dépendance au gaz russe.
Le partenariat entre l’Algérie et l’Italie s’est renforcé, motivé par le désir de l’Italie de diversifier ses sources d’approvisionnement énergétique en s’éloignant de la Russie. Cela a permis à l’Algérie de commercialiser son pétrole et son gaz auprès de l’Occident. Cette relation s’est développée dans un contexte de bouleversements géopolitiques en Méditerranée, marginalisant des acteurs traditionnels comme la France, en raison de la concurrence avec l’Italie et des tensions régionales, notamment entre l’Algérie et le Maroc à propos du Sahara occidental.
La priorité de l’Italie en matière de sécurité énergétique se reflète dans ses discussions avec l’Algérie sur des projets comme le SoutH2Corridor, destiné à approvisionner l’Europe en hydrogène. L’Italie reste également attentive à l’instabilité en Libye et considère l’Algérie comme un partenaire clé pour ses ressources énergétiques. La relation énergétique entre les deux pays s’illustre par des accords visant à augmenter les exportations de gaz algérien via le gazoduc Transméditerranéen.
Les deux pays partagent aussi la nécessité de coopérer avec la Tunisie, notamment sur des questions telles que le transit énergétique et la migration. La montée de l’autoritarisme en Tunisie en fait une priorité pour l’Italie, soucieuse de gérer les flux migratoires.
L’Algérie et l’Italie partagent également des intérêts en Libye, principalement en matière de sécurité et d’énergie. Tandis que l’Italie considère la Libye comme un fournisseur d’énergie et un partenaire dans la lutte contre la migration irrégulière, l’Algérie la perçoit comme un concurrent, en particulier sur le marché énergétique européen.
La concurrence entre l’Algérie et la Libye s’observe également dans la région du Sahel, où plusieurs projets de pipelines s’opposent. Cette rivalité est alimentée par l’évolution du paysage politique dans le Sahel, où l’influence française a diminué à la suite de coups d’État et de la montée en puissance d’acteurs comme la Russie.
Le recul de la France dans la région l’a poussée à renforcer ses liens avec le Maroc, notamment en reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, ce qui a encore détérioré les relations avec l’Algérie. Cette dernière fait aussi face à des défis dans le Sahel, en raison de l’instabilité politique et de la présence de mercenaires russes.
L’Algérie cherche à renforcer ses liens avec des pays comme la Libye et la Tunisie, en partie pour répondre à l’impasse diplomatique avec le Maroc et pour étendre son influence régionale. Le Maroc poursuit ses propres initiatives régionales, susceptibles de compromettre les plans algériens. La présence militaire continue de l’Italie au Niger la positionne comme un médiateur potentiel dans la région, capable de maintenir l’équilibre avec l’Algérie et de gérer les flux migratoires. Globalement, la compétition pour l’influence et les ressources, notamment dans le secteur énergétique, s’intensifie dans la région, avec un rôle central joué par l’Italie.
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