Mots clés : Sahara Occidental, Dakhla, Maroc, Front Polisario, RyanAir, France, Transavia, Air France-KLM, espace aérien sahraoui,
Des vols directs depuis deux capitales européennes vers une ville située dans un territoire nord-africain âprement disputé sont devenus le nouveau champ de bataille du conflit entre un groupe rebelle et le Maroc, a rapporté lundi France24.
Des compagnies aériennes à bas coût ont ouvert des liaisons entre Madrid et Paris vers Dakhla, au Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole majoritairement contrôlée par le Maroc mais revendiquée depuis des décennies par le Front Polisario.
Selon France24m « des questions concernant la légalité de ces vols jettent le doute sur leur avenir. Le Front Polisario, qui contrôle environ 20 % du territoire, a menacé d’engager des poursuites judiciaires si les compagnies européennes maintiennent ces liaisons ».
Pour une vingtaine d’euros, Virginia Santana peut désormais prendre chaque semaine un vol de trois heures entre Madrid et Dakhla, située sur une presqu’île sablonneuse s’avançant dans l’Atlantique, où elle supervise la construction d’un hôtel.
« Cette nouvelle liaison est révolutionnaire », a déclaré à l’AFP cette entrepreneuse espagnole d’une trentaine d’années, rencontrée à l’aéroport de Madrid alors qu’elle attendait son vol pour Dakhla.
Financé par des investisseurs espagnols, son hôtel est un symbole du boom touristique que connaît la ville et sa région, alimenté par les autorités marocaines qui ont renforcé leur mainmise territoriale.
Le Maroc contrôle environ 80 % du Sahara occidental, où les Nations unies maintiennent depuis 1991 une mission de maintien de la paix dans ce qu’elles considèrent comme un « territoire non autonome ».
La mission de l’ONU est censée préparer un référendum d’autodétermination pour ce territoire riche en ressources halieutiques et en phosphates. Mais le Maroc refuse d’organiser un vote incluant l’option de l’indépendance, ce qui gèle la situation depuis des années.
L’Espagne s’est retirée du Sahara occidental en 1975, mais après des décennies de neutralité, elle a soutenu en 2022 la proposition marocaine d’octroyer au territoire un statut d’autonomie sous souveraineté marocaine. La France a suivi en 2024.
Encouragées par les incitations des autorités marocaines, Transavia, filiale d’Air France-KLM, a lancé des vols Paris-Dakhla, tandis que la compagnie low-cost Ryanair a ouvert une liaison depuis Madrid.
« Les nouvelles connexions lancées ont permis de doubler la capacité internationale de l’aéroport de Dakhla, avec environ 47 000 sièges disponibles » en 2024, a déclaré à l’AFP la ministre marocaine du Tourisme, Fatim-Zahra Ammor.
Imbroglio juridique
Le Front Polisario s’oppose à ces vols. Le représentant du mouvement auprès des agences de l’ONU à Genève, Oubi Bouchraya, a déclaré à l’AFP que des poursuites judiciaires étaient envisageables.
Les autorités marocaines cherchent à « imposer un fait accompli de l’occupation du Sahara occidental en impliquant des acteurs économiques », a estimé Bouchraya.
Tout accord concernant le territoire doit être validé par les deux parties concernées, et les compagnies aériennes « opèrent en dehors du droit international », a ajouté l’émissaire du Polisario.
La Commission européenne a indiqué en décembre aux transporteurs que l’accord aérien UE-Maroc « ne s’applique pas aux liaisons entre le territoire d’un État membre de l’UE et le territoire du Sahara occidental », a-t-il ajouté.
Mais l’autorité espagnole de l’aviation civile (AESA) affirme que la Convention de Chicago de 1944, qui régit le transport aérien international, lui confère le « droit unilatéral » sur l’espace aérien national et qu’elle « n’a pas besoin de consultation externe ».
Les compagnies se défendent
Ryanair a déclaré que ses opérations sur cette liaison « respectent toutes les réglementations aériennes applicables », sans fournir davantage de détails.
Transavia a assuré que ses vols ont tous été « validés par les autorités compétentes ». Mais sa licence d’exploitation, consultée par l’AFP, n’autorise la compagnie à desservir que le Maroc, posant ainsi la question du statut contesté du Sahara occidental.
Contactée par l’AFP, l’autorité française de l’aviation civile (DGAC) a renvoyé la question au ministère français des Affaires étrangères, qui n’a pas répondu.
Cette polémique autour des vols intervient après un litige concernant les accords signés en 2019 entre le Maroc et l’UE sur la pêche et l’agriculture au Sahara occidental.
Après une longue bataille judiciaire, la Cour de justice de l’Union européenne a donné raison au Front Polisario l’an dernier et a invalidé ces accords, estimant qu’ils avaient été signés sans le consentement du peuple autochtone sahraoui du territoire.
© 2025 AFP via France24
#SaharaOccidental #Dakhla #Maroc #France #RyanAir #EspaceAérienSahraoui
Be the first to comment on "Les compagnies aériennes européennes secouées par des vols vers le Sahara occidental"