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DAKAR, Sénégal (AP) — Une alliance militaire entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger a rappelé ses ambassadeurs en poste en Algérie en réponse à la destruction d’un drone malien la semaine dernière, a annoncé le groupe tard dimanche.
L’Alliance des États du Sahel, connue sous son acronyme français AES, a accusé l’Algérie sur les réseaux sociaux d’être responsable de la destruction du drone et a condamné cet acte comme étant un « acte irresponsable » en violation du droit international.
Cet acte est « contraire aux relations historiques et fraternelles entre les peuples de la Confédération de l’AES et le peuple algérien », a déclaré l’Alliance.
Le Premier ministre malien, le général Abdoulaye Maïga, a nié, dans une déclaration publiée sur les réseaux sociaux du ministère malien des Affaires étrangères, les allégations du gouvernement algérien selon lesquelles le drone aurait violé l’espace aérien algérien de plus de 2 kilomètres. Il a affirmé que « cet acte prouve, s’il en était encore besoin, que le régime algérien est un sponsor du terrorisme international ».
Dans ce communiqué, le Mali a également convoqué l’ambassadeur algérien, s’est retiré d’un groupement militaire régional vieux de 15 ans auquel appartient également le Niger, membre de l’AES, et a annoncé son intention de déposer une plainte auprès d’« instances internationales » concernant l’incident.
Ce développement survient alors que les tensions montent entre l’Algérie et ses voisins du sud, notamment le Mali.
Après leur arrivée au pouvoir, les juntes militaires des trois pays membres de l’AES ont quitté la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), un bloc régional vieux de près de 50 ans, pour créer leur propre partenariat sécuritaire, l’Alliance des États du Sahel, en septembre dernier.
Certains analystes y voient une tentative de légitimer leurs gouvernements militaires face aux sanctions liées aux coups d’État et aux relations tendues avec leurs voisins.
Rida Lyammouri, expert du Sahel au Policy Center for the New South, basé au Maroc, estime que cette guerre des mots ne devrait pas aller plus loin. Il doute de la capacité du gouvernement malien à mener une enquête approfondie, car « le crash a eu lieu dans une zone qu’il ne contrôle pas, et les restes du drone ont été récupérés par des groupes opposés au gouvernement ».
« Cela étant dit, il est peu probable que cela dégénère au-delà d’une guerre de communication. Le Mali, comme les autres membres de l’AES, n’entrerait pas dans un conflit militaire contre l’Algérie, et inversement. Cela ne fera probablement qu’aggraver les tensions diplomatiques existantes pour le moment », a ajouté Lyammouri.
L’Algérie a longtemps été un médiateur clé dans le conflit opposant le gouvernement malien aux rebelles touaregs pendant plus d’une décennie. Mais les relations entre les deux pays se sont détériorées depuis que la junte militaire a pris le pouvoir lors des coups d’État de 2020 et 2021, confiant les institutions clés du Mali à des militaires.
L’Algérie a dénoncé l’orientation prise par le nouveau gouvernement malien et ses efforts accrus pour réprimer les rébellions dans les régions historiquement instables du nord du Mali. Craignant un débordement du conflit à sa frontière, l’Algérie a dénoncé l’utilisation par le Mali de mercenaires russes et de drones armés près de Tin Zaouatine, une ville frontalière du nord où le drone a été retrouvé.
Le gouvernement malien n’a pas récupéré le drone, et des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, diffusées par des rebelles du nord, montrent ces derniers en possession des restes d’un drone Akinci de fabrication turque produit par Baykar, abattu à Tin Zaouatine. Le Mali en a acheté au moins deux à la société turque l’année dernière et les a utilisés contre des séparatistes armés ainsi que contre des combattants affiliés à al-Qaïda et à l’État islamique.
L’Algérie possède l’une des armées les plus puissantes d’Afrique et s’est longtemps considérée comme une puissance régionale, mais les dirigeants militaires des pays voisins, comme le Mali et le Niger, s’en sont éloignés, prônant l’autonomie et recherchant de nouvelles alliances, notamment avec la Russie.
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