Algérie-France : Grande victoire diplomatique du président Tebboune

Par B. Chellali

Après plus de huit mois de crise diplomatique entre Alger et Paris, les deux pays ont décidé de relancer les relations bilatérale, particulièrement que les relations diplomatiques des deux côtés ont subi fissures sur fissures en l’espace de quelques mois. Du Sahara occidental à l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal, en passant par les attaques incessantes de la droite et de l’extrême droite française. Les deux pays se sont retrouvés au centre d’une tempête politique qui n’a cessé de prendre de l’ampleur depuis juillet 2024.

Le président français, Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, respectivement présidents de la France et de l’Algérie, se sont entretenus par téléphone lundi 31 mars dans le but de renouer le dialogue et de calmer les ardeurs et ce, après des mois de séparation. « Les deux présidents français et algérien, Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ont eu un long échange franc et amical sur l’état de la relation bilatérale et sur les tensions qui se sont accumulées des derniers mois », résume un communiqué de l’Elysée, transmis à l’issue de l’échange.

Pour sa part, le communiqué de la présidence de la République souligne que  » Les deux présidents ont réitéré leur volonté de renouer le dialogue fructueux qu’ils avaient consacré avec la Déclaration d’Alger d’août 2022 et qui s’était traduite par des gestes forts en matière mémorielle, notamment la création de la commission mixte des historiens franco-algériens, la restitution des restes humains des Chouhada de la Résistance et la reconnaissance de la responsabilité dans la mort d’Ali Boumendjel et Larbi Ben M’hidi ».

L’entretien entre les deux chefs d’Etat, le premier depuis des mois de brouille est susceptible de marquer une nouvelle étape entre l’Algérie et la France tant la volonté des deux parties est évidente et se fixe des étapes pour résoudre les différends et les divergences, réaffirmant ainsi la volonté commune de renforcer le dialogue et la coopération bilatérale. Ce premier round de la réconciliation entre Alger et Paris fait écho à l’appel du président de la République, Abdelmadjid Tebboune lancé au président français, Emmanuel Macron.

Lors d’un récent entretien avec des représentants de médias nationaux, le président Abdelmadjid Tebboune a déclaré que les relations entre l’Algérie et la France ne pourraient être décidées qu’avec le président Emmanuel Macron ou l’un de ses représentants légitimes, réitérant ainsi sa volonté d’un dialogue direct entre Etats. Le président de la République a insisté sur le fait que les deux pays souverains devraient maintenir des relations fondées sur le respect mutuel sans ingérence ou polémique.

Suite à cela, la porte-parole du gouvernement français a salué positivement cette ouverture qualifiant la déclaration du président Tebboune de « haut signal ». Une grande victoire diplomatique du président Abdelmadjid Tebboune puisque des personnalités politiques françaises ont proposé un rôle de médiation. Ségolène Royale par exemple s’est dit prête à contribuer à un dialogue constructif entre les deux nations. Elle a également plaidé pour un geste apaisant de la part de la France comme une grâce pour l’écrivain Boualem Sansal. Elle a rappelé que la diplomatie devrait rester à l’écart des manipulations politiques et idéologiques.

Ségolène Royale comme d’autres figures politiques françaises a toujours plaidé pour une reconnaissance des souffrances liées à la période coloniale en Algérie. Son appel a été remarqué et salué par le président Tebboune dans une intervention publique. Dans ce cadre, malgré quelques gestes symboliques, la France officielle n’a pas fait de réels progrès concernant la reconnaissance des crimes coloniaux en Algérie comme la torture, les exécutions sommaires, les déplacements forcés des populations, les destructions des villages, l’utilisation du napalm ou encore les essais nucléaires au Sahara algérien.

Les retrouvailles entre Tebboune et Macron est une démarche qui traduit leur volonté commune de maintenir un lien fort entre l’Algérie et la France. Donc cet entretien téléphonique entre les deux chefs d’Etat s’inscrit dans une dynamique de réchauffement des relations après des période de crispation marquées par des désaccords sur des dossiers tels que la mémoire coloniale, la coopération sécuritaire, la question migratoire, le problème des visas, les discriminations contre les ressortissants algériens en France.

Au regard des propos du président français, Emmanuel Macron tout indique qu’il est déterminé à tourner la page de la crise diplomatique qui a atteint des proportions alarmantes ces dernières années. Toutefois l’Algérie n’acceptera pas une reprise normale des relations bilatérales sans préalables stricts. Parmi ces conditions la fin des déclarations hostiles de certains membres du gouvernement français dont le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau qui représente une ligne politique trop radicale nuisible aux intérêts franco-algériens.

La décision du président Emmanuel Macron de retirer le dossier de la crise avec l’Algérie des mains du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau marque un tournant stratégique dans la gestion des relations franco-algériennes. Cette mesure traduit une volonté de recentralisation des pouvoirs sur un dossier délicat et témoigne de l’importance que revêt cette question à l’Elysée.

L’Algérie forte de sa position stratégique et de ses ressources naturelles revendique un partenariat plus équilibré avec la France et les pays de l’Union européenne. De son côté aussi, la France dans sa volonté de maintenir son influence dans la région et la nécessité de composer avec une Algérie de plus en plus affirmée dans la scène régionale et internationale

Le choix de Bruno Retailleau pour gérer ce dossier était déjà controversé.

Retailleau est connu pour ses positions fermes sur l’immigration et sa vision conservatrice sur les relations internationales son approche et perçue comme rigide par de nombreux observateurs et n’a pas facilitée le dialogue avec Alger. En lui retirant ce dossier, Emmanuel Macron envoi un signal clair au président Abdelmadjid Tebboune et souhaite reprendre la main et réorienté la stratégie diplomatique pour apaiser les tensions et rétablir un dialogue constructif avec l’Algérie.

Le geste d’ouverture convenu au cours de cet échange entre les deux chefs d’Etat est un signe significatif quant à la suite du traitement équitable des dossiers en suspens depuis longtemps d’où ce climat nouveau de détente entre les deux pays. Cette conversation téléphonique de haut niveau marque donc une étape cruciale dans les relations entre les deux nations.

Dans ces conditions, il est impossible pour les nostalgiques de « l’Algérie française » d’un retour à leur rêve du passé. Au grand dam de ces nostalgiques du passé colonial qui aujourd’hui rêvent encore d’un néocolonialisme, ils doivent savoir que cette époque appartient désormais au passé car l’Algérie est indépendante et souveraine où la bravade d’antan n’a plus le même effet politique ou diplomatique, dans lequel les agresseurs finissent par être victimes de le de leurs décisions démesurées à l’encontre de l’Algérie.

Fidèle à son approche basée sur la clarté et le respect de sa souveraineté et de sa dignité, l’Algérie a de tout temps dénoncée l’attitude belliqueuse de certains responsables français complices de la droite et de l’extrême droite française cherchant l’affrontement. C’est pourquoi, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a insisté pour un retour à la diplomatie radicale qui est non seulement possible, mais nécessaire pour les deux Etats confrontés à des critiques cyniques par nuls d’autres que les figures politiques de la droite et de l’extrême droite française.

Le Maghreb.dz, 03/03/2025

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