Maroc : Abdelkader Belliraj grâcié par le roi Mohammed VI

Après 17 ans : Abdelkhader Belliraj libéré de manière totalement inattendue au Maroc

Après avoir passé dix-sept ans dans une prison marocaine, le Belge Abdelkhader Belliraj (67 ans) a été libéré de manière totalement inattendue dimanche soir. Il avait été condamné à la prison à vie au Maroc pour six meurtres qu’il avait avoués après avoir été torturé pendant un mois. « Il n’a réalisé que lorsque le personnel pénitentiaire l’a aidé à emballer ses livres. »

Peu avant minuit, Rachida Hatti à Everberg a vu un numéro inconnu avec un préfixe marocain apparaître sur son écran.

« C’était totalement, mais alors totalement inattendu », déclare son avocat Abderrahim Lahlali. « C’était son mari. Et il a dit : ‘J’ai été libéré.’ Madame Hatti est trop émue en ce moment pour parler aux médias. Elle est submergée de joie. C’est la fin d’une lutte qui a duré dix-sept ans. Leurs trois enfants sont aujourd’hui des vingtenaires, ayant grandi avec seulement quelques images de leur père. »

Début 2008, il a été révélé que le militant syndical belgo-marocain ACV Abdelkhader Belliraj avait avoué au Maroc six meurtres commis à Bruxelles entre 1988 et 1989. Sur un épicier, sur un coiffeur, sur l’imam Abdullah al-Ahdal et un collaborateur de la grande mosquée de Bruxelles, sur un membre de l’ambassade saoudienne et sur le dirigeant juif Joseph Wybran.

Sceptique

Le scepticisme régnait parmi les connaisseurs de ces affaires non résolues, car dans le cas du coiffeur, tout indiquait qu’il avait été tué pour avoir caché sa contamination par le VIH à un partenaire sexuel. Le meurtre de l’imam semblait quant à lui lié à sa position modérée concernant la fatwa prononcée par l’ayatollah Khomeini contre l’écrivain Salman Rushdie.

Belliraj était connu comme un libre penseur et un opposant actif au roi Mohammed VI. C’est précisément lui qui lui a accordé sa grâce, à la fin du Ramadan.

Lors de ses procès, qui ont abouti à une condamnation à perpétuité en 2010, il est apparu que Belliraj avait fait les aveux en arabe, une langue qu’il ne parlait pas. Selon l’un de ses aveux, il avait introduit clandestinement des armes au Maroc en les cachant dans le réservoir de carburant d’une voiture, mais le type de carburant utilisé par la suite n’a jamais été clarifié.

« J’ai été torturé sans cesse », a déclaré Belliraj début 2010 lors d’une conversation téléphonique depuis la prison marocaine avec De Morgen. « Pendant un mois, mes menottes n’ont pas été enlevées. J’ai été suspendu la tête en bas, pendant des heures. Ils m’ont administré des chocs électriques. »

« Surprise totale »

Le parquet fédéral belge a ouvert une enquête en 2008 sur son implication dans les six meurtres, mais n’a trouvé que des éléments à décharge. Fin 2013, il a été révélé qu’il demanderait un non-lieu. En 2023, la peine de prison à vie de Belliraj au Maroc a été commuée en 25 ans de prison.

« À partir de ce moment-là, nous savions que cela pouvait arriver un jour », déclare Lahlali. « Pourtant, cela a été une surprise totale. Il n’a réalisé que lorsque le personnel pénitentiaire l’a aidé à emballer ses livres. »

Belliraj séjourne actuellement chez des amis à Marrakech, mais il est évident qu’il veut retourner en Belgique le plus rapidement possible. « Il est citoyen belge », déclare l’avocat Lahlali. « Je pars prochainement au Maroc pour mettre en ordre ses documents de séjour, qui sont bien sûr tous expirés. »

Source : De Morgen, 31 mars 2025

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