Mots clés : Maroc, Espagne, rentrée politique, CiU, Catalogne, PSOE, PP, Pedro Sanchez,
Embajada del Reino de Marruecos سفارة المملكة المغربية مدريد
Madrid
Madrid, le 08 septembre 2014
A Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération
Destinataire Principal: Cabl – DG7/4
Destinataire CC: Cab2-SG4
Objet: Rentrée politique en Espagne.
J’ai l’honneur de porter à votre connaissance que la rentrée politique en Espagne s’annonce mouvementée en raison de la situation politique économique et sociale du pays.
En effet, le pays qui a renoué timidement avec la croissance durant les deux derniers trimestres après la sortie de récession, peine à créer de l’emploi, preuve en est les derniers chiffres publiés par l’Institut National des Statistiques (INE), indiquant la hausse du chômage en août 2014.
L’Espagne qui pari sur la croissance, demeure soumise aux politiques d’austérité imposée par l’Union Européenne, provoquant la grogne sociale. D’autre part, la situation en Catalogne reste préoccupante. Le parti au pouvoir (CiU) est déterminé à célébrer le referendum d’autodétermination sur l’indépendance de cette région du nord-est, le 9 novembre 2014, malgré l’opposition du gouvernement central.
A cela s’ajoute les différents cas de corruption qui éclaboussent le Parti Populaire (PP) au pouvoir et le principal parti de l’opposition, le PSOE, ce qui a provoqué le désenchantement des électeurs et l’irruption de formation d’idéologie extrémiste sur la scène politique espagnole, en l’occurrence la formation gauchiste “Podemos”.
Contexte économique: Dans son discours marquant la rentrée politique, le Président du gouvernement espagnol M. Mariano Rajoy s’était montré optimiste quant l’évolution de l’économie espagnole. Réconforté par les prévisions de croissance revues à la hausse en 2015 et la nette amélioration du coût de la dette souveraine, le chef de gouvernement n’a pas hésité á pronostiquer le retour la croissance consolidée.
M. Rajoy a revendiqué son engagement de baisser les impôts et poursuivre les réformes structurelles, annonçant une guerre sans merci contre le chômage. Le contrôle des dépenses publics et du déficit demeurent l’une des principales préoccupations de l’exécutif en matière économique.
C’est dans ce contexte, que le Parlement espagnol est appelé, en octobre 2014, à voter le budget général de l’Etat pour l’exercice 2015. Selon le gouvernement, l’objectif de la loi de finances sera la consolidation de la relance économique, la poursuite des réformes structurelles, la création d’emploi et le renforcement des politiques sociales. A cet égard, le débat parlementaire autour de cette loi risquerait d’être houleux, en raison des nouvelles mesures critiquées par l’ensemble des partis de l’opposition, particulièrement celles relatives à la réforme fiscale qui entrerait en vigueur début 2015.
En effet, les groupes parlementaires du PSOE, les communistes d’Izquierda Unida (IU) et les nationalistes basques et catalans (CiU et PNV) ont d’ores et déjà annoncé qu’ils voteront contre les mesures visant à limiter les dépenses publiques. Pour ces partis, une telle mesure provoquerait davantage de restrictions budgétaires.
D’autre part, le gouvernement devrait faire face la révolte des Communautés autonomes, y compris celles gouvernées par le Parti Populaire (PP), et qui rejettent le modèle de financement en vigueur, et exigent une réévaluation des fonds qui leur sont attribués par le gouvernement central.
Contexte politique: L’impopularité des dirigeants politiques et le discrédit des institutions ont atteint des records sans précédent, en raison de multiples scandales de corruption. Le PP est ébranlé par l’affaire “Barcenas” sur une présumée comptabilité occulte du parti, mettant en cause le chef du gouvernement, M. Mariano Rajoy, ainsi que plusieurs ministres et présidents régionaux qui auraient financé illégalement le parti et auraient reçu des enveloppes contenant des sommes d’argent, provenant d’entreprises privés.
L’affaire “Gürtel” sur la corruption dans la concession de marchés publics impliquant principalement les dirigeants Populaires des Communautés autonomes de Madrid et de Valence a eu raison de la popularité du parti au pouvoir, qui domine la scène politique en Espagne depuis 2011.
Les scandales de corruption n’épargnent pas le PSOE. Les socialistes, dont des dirigeants historiques du parti en Andalousie, sont visés par une instruction sur les détournement de centaines de millions d’euros destinées initialement pour les plans d’aide aux entreprises en Andalousie. A cela s’ajoute la crise économique qui a accru la désillusion et le mécontentement des espagnols.
Conscient du manque de confiance auquel sont confrontées les institutions politiques du pays, le Président du gouvernement a proposé aux partis de l’opposition de dialoguer autour d’une série de mesures visant à une régénération démocratique. L’objectif est de restituer la confiance des électeurs et mettre fin à la chute des deux principales formations politiques dans les sondages, particulièrement à l’approche des élections municipales et régionales prévues en 2015 et en perspectives du scrutin législative.
Dans ce sens, le gouvernement a promis de réduire le numéro de “aforados”. il s’agit d’un système de protection judiciaire dont jouissent des milliers de hauts responsables, parlementaires, élus locaux, entre autres, en Espagne, et qui stipule que les éventuelles poursuites judiciaires qui seraient dirigées contre eux relèveraient uniquement des Tribunaux suprêmes.
Afin de remédier aux problèmes de corruption, et de financement des formations politiques, M. Mariano Rajoy a proposé davantage de mesures de contrôle relatives au financement des partis politiques. De même le PP s’attèle à la révision des rémunérations des responsables politiques en retraite.
Convaincu que les prochaines élections municipales, en mai 2015, seraient fondamentales pour configurer la carte politique en Espagne, M Rajoy, a annoncé que le Congrès envisagerait d’amender la loi électorale afin de changer les règles régissant l’élection des Maires. Le gouvernement voudrait que le candidat, tête de la liste la plus votée, soit investi comme Maire et non le candidat issu d’éventuelle coalition de partis ayant obtenu moins de 40% des voix. L’opposition a considéré cette proposition comme “un coup d’Etat municipal”. Ainsi, le Secrétaire Général du PSOE, M. Pedro Sanchez a estimé que l’adoption de cet amendement sans consensus constituerait un grave précédent dans l’histoire de la démocratie.
Pour l’opposition, le PP compte changer la loi en sa faveur et la reforme émane de sa crainte de perdre les villes qu’il gouverne, comme le pronostiquent les sondages. M. Sanchez s’est dit prêt à dialoguer autour des mesures proposées par le PP pour la régénération démocratique, mais qu’il rejette la réforme de la loi électorale.
Défi catalan: Le processus sécessionniste en Catalogne a pris un nouveau tournant suite à l’éclatement du scandale d’évasion fiscale de l’ex président du gouvernement catalan (la Generalitat), M. Jordi Pujol. Ce père du nationalisme catalan a avoué qu’il avait caché en Andorre pendant trente-quatre ans un héritage familial de plusieurs millions d’euros. Les scandales de la famille Pujol s’acculement après des révélations dans la presse espagnole accusant l’épouse de cet ex président catalan et ses sept fils d’encaisser illicitement des millions d’euros de commissions.
Malgré que le président de la Generalitat, M. Artur Mas ait voulu se démarquer du scandale financier de son « père politique », l’affaire a fragilisé et déstabilisé le processus indépendantiste catalan. M. Mas s’est dit « triste” après l’éclatement de l’affaire, mais il a assuré que le plan sécessionniste n’est pas remis en cause.
Dans ce sens, le nouveau Secrétaire général de CiU, M. Josep Rull n’écarte pas une éventuelle déclaration unilatérale de l’indépendance de la région, au cas où le Tribunal Constitutionnel statuerait contre la consultation souverainiste, selon ses propos recueillis par le quotidien “El Mundo”, lundi 8 septembre 2014.
Le plan séparatiste catalan demeure, ainsi, un défi majeur auquel s’affronte le gouvernement espagnol. La Diada, fête nationale catalane qui se célébrera, le 11 septembre 2014, sera l’occasion pour mesurer l’ampleur du problème séparatiste dans la région. Il y a lieu de rappeler que la Diada qui commémore la prise de Barcelone au 18kmc siècle par les troupes du Roi d’Espagne Felipe V, a été toujours instrumentalisée par les dirigeants nationalistes pour revendiquer l’indépendance de cette région.
Politique Européenne: Le Chef du gouvernement a fait du renforcement de la présence de son pays dans les instances régionales et internationales son cheval de bataille. S’agissant de l’Union Européenne, l’Espagne souhaiterait s’assurer une place dans des postes clé au sein de cet organisme Communautaire, après des années d’absence des postes de décisions.
Dans ce sens, Madrid réclame des portefeuilles de profil économique dans la prochaine Commission, notamment la présidence de l’Eurogroupe pour l’actuel ministre de l’Economie, M. Luis de Guindos. Un poste essentiel dans la gestion de la politique économique Communautaire. A cet égard, et durant sa visite officielle en Espagne, fin août 2014, la Chancelière allemande, Mme Angela Merkel a annoncé son soutien à la candidature du ministre espagnol, considérant qu’il s’agit d’un ministre qui a assumé la gestion économique de son pays dans une période difficile et par conséquent, il remplit tous les critères requis.
Cependant et selon des informations relayées par la presse espagnole, l’ancien ministre de l’Agriculture M. Miguel Arias Cañete, et candidat de l’Espagne pour présider la Commission d’Agriculture devrait se contenter de diriger celle d’innovation.
Le Chargé d’Affaires a. i.
Badreddine ABD EL MOUMNI
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