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Rupture diplomatique France-Algérie : la Grande Mosquée de Paris sous surveillance

La recteur de la mosquée, Chems-Eddine Hafiz, a rejeté ces allégations comme des « calomnies complètement fausses » et a défendu le rôle de la mosquée, déclarant : « La Grande Mosquée de Paris n'a jamais caché la relation entre l'Algérie et la France. Nous sommes un pont positif entre les deux pays. Ce n'est pas une question d'influence ou autre chose. »

Les tensions montent alors que la Grande Mosquée de Paris fait face à des critiques concernant ses liens avec l’Algérie, des allégations de certification halal et sa position sur l’immigration et l’antisémitisme.

Le journal local Sud-Ouest a rapporté que le différend diplomatique entre la France et l’Algérie a placé la Grande Mosquée de Paris dans une position inconfortable, car elle est critiquée pour ses relations avec l’Algérie.

La Grande Mosquée de Paris doit accueillir son quatrième « Iftar des Ambassadeurs » ce mardi, avec la présence attendue du ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Cependant, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, ne sera pas parmi les participants, contrairement à l’ancien ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui avait participé depuis 2022.

Difficultés pendant le Ramadan

Le journal a ajouté que la mosquée est confrontée à des défis supplémentaires, en particulier pendant le Ramadan, une période où environ 80 imams réciteurs algériens sont généralement envoyés pour soutenir temporairement le personnel religieux. Cette année, cependant, aucun n’est arrivé. Des sources gouvernementales ont expliqué que « le consulat n’a reçu aucune demande de visa de l’Algérie ». Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, a reconnu les difficultés, déclarant : « La situation est compliquée », selon le journal français.

Accusations et contre-accusations

Le journal a souligné une accusation de janvier contre l’administration de la Grande Mosquée de Paris, alléguant qu’elle avait établi un système de monopole très rentable pour la certification halal en coordination avec les autorités algériennes pour faciliter l’exportation de produits européens vers l’Algérie.

En réponse, le recteur de la mosquée, Chems-Eddine Hafiz, a rejeté ces allégations comme des « calomnies complètement fausses » et a défendu le rôle de la mosquée, déclarant : « La Grande Mosquée de Paris n’a jamais caché la relation entre l’Algérie et la France. Nous sommes un pont positif entre les deux pays. Ce n’est pas une question d’influence ou autre chose. »

Le journal français a également noté que la Grande Mosquée de Paris, inaugurée en 1926, reçoit un financement annuel du gouvernement algérien depuis le début des années 1980, s’élevant à environ deux millions d’euros.

Sous surveillance

La mosquée a été critiquée après que son recteur a refusé de participer à la marche contre l’antisémitisme organisée le 12 novembre 2023, en raison de son refus de marcher aux côtés des dirigeants du parti d’extrême droite Rassemblement National. Hafiz a décrit cela comme un « tournant » dans sa position politique, déclarant : « Avant, j’étais le musulman que tout le monde cherchait à solliciter à tout prix. Puis soudainement, je suis devenu le pire antisémite. »

Le journal français a cité Franck Frégosi, auteur de Gouverner l’Islam en France, qui a noté que « la Grande Mosquée de Paris a jusqu’à présent été considérée comme le soldat loyal de la République, le modèle idéal de l’islam républicain ».

Elle était considérée comme l’interlocuteur privilégié des autorités françaises, notamment après le déclin du Conseil français du culte musulman en 2021, qui était l’instance représentative officielle de l’islam en France depuis 2003.

En 2022, entre les deux tours de l’élection présidentielle, Hafiz a organisé un « Iftar républicain » en soutien à la réélection d’Emmanuel Macron, en présence de l’ancien ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner.

Frégosi a également souligné que « la Grande Mosquée de Paris se sent visée par un ministère qui était auparavant indulgent envers elle ». Il estime que l’actuel ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, cherche à imposer une approche plus stricte de la régulation de l’islam en France, tentant de se présenter comme « celui qui a réalisé ce que les autres n’osaient pas faire ».

Crise diplomatique et immigration

Le journal français a poursuivi, notant que la crise diplomatique actuelle entre Paris et Alger a éclaté après que la France a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental fin juillet 2024. Les tensions se sont encore accrues avec l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal—qui détient la double nationalité franco-algérienne—en Algérie le 16 novembre 2024.

Dans ce contexte, Hafiz a été critiqué pour ne pas avoir appelé à la libération de Sansal. Une source proche du dossier a déclaré au journal français : « On ne peut plus regarder la Grande Mosquée de Paris avec la même indulgence après l’affaire Sansal. L’institution est prise dans ses contradictions. »

La crise a également un aspect lié à l’immigration, a expliqué le journal, faisant référence à la menace du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, samedi dernier, de démissionner si Paris revenait sur l’expulsion des Algériens résidant illégalement en France.

De son côté, Hafiz a écrit un article politique en mars dernier critiquant les « marchands de peur » dans les cercles politiques et médiatiques qui alimentent le « procès perpétuel » contre l’immigration algérienne. »

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