Mots clés : Maroc, Amérique Latine, Lobbying, Sahara Occidental, République Arabe Sahraouie Démocratique, Front Polisario, pays reconnaissant la RASD,
PISTES DE REFLEXION SUR LE RENFORCEMENT DE LA PRESENCE DU MAROC EN AMERIQUE LATINE
La tournée effectuée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Que Dieu L’Assiste, fin novembre, début décembre 2004, dans plusieurs pays latino-américains, à savoir le Brésil, l’Argentine, le Chili, le Pérou et le Mexique, la première du genre réalisée, dans la région, par un Chef d’Etat du monde arabe et africain, a permis d’insuffler, depuis, une véritable dynamique de renforcement au partenariat, particulièrement politique, entre le Maroc et l’ensemble de la région latino-américaine en général.
Si le partenariat politique entre le Maroc et la majorité des pays latino-américains et des Caraïbes a pu atteindre un niveau hautement satisfaisant, il apparaît toutefois que la coopération économique et commerciale reste jusqu’à présent très faible et en deçà des potentialités réelles qui s’offrent de part et d’autre, raison pour laquelle il est nécessaire que l’action diplomatique en direction de cette région soit orientée autour du renforcement des échanges commerciaux bilatéraux et interrégionaux, ce, au regard des considérations suivantes :
- Une région en constante croissance économique : l’Amérique latine est aujourd’hui une des régions du monde qui enregistre un taux positif de croissance économique, lequel s’est situé près de 3% en 2012 et 2013. Selon la Commission Economique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL), ce même taux devrait se maintenir en 2014. La croissance du produit intérieur brut (PIB) de la région en 2012 a été supérieure à la croissance mondiale estimée à 2,2 %. Les pays latino-américains ont plutôt bien supporté la crise économique par rapport aux autres régions comme l’Europe qui est en récession ou aux Etats-Unis où la reprise économique reste timide. C’est dans ce contexte que les relations des principales puissances mondiales avec cette région privilégient la dimension économique beaucoup plus que politique.
- Une région où la présence économique de l’Algérie sert l’activisme des séparatistes : l’Amérique latine est en proie, depuis ces dernières années, à un activisme acharné des séparatistes, « facilité » par l’Algérie qui, usant de sa « carte économique » et de la présence de la compagnie « Sonatrach » dans plusieurs pays de la région, s’emploie à développer les relations commerciales avec ceux-ci, et partant, à influer sur la position de certains Gouvernements latino-américains pour obtenir leur appui en faveur de la pseudo « RASD ». La présence de la compagnie algérienne « Sonatrach » en Amérique latine n’a cessé de se renforcer au cours des dernières années, sachant qu’elle participe activement au financement de plusieurs projets d’investissement en matière d’exploration gazière ou pétrolière dans la région, comme il en est le cas notamment au Pérou.
- Des pays latino-américains amis à préserver impérativement au travers du volet économique :ces dernières années, le Maroc a engagé une dynamique de renforcement du partenariat politique avec les pays latino-américains amis, notamment l’Argentine, le Brésil, le Chili, la Colombie, le Panama, le Paraguay, le Guatemala, le Costa Rica, le Honduras et le Pérou, pour préserver les acquis obtenus et renforcer la présence du Maroc auprès d’eux, sachant que tous ces pays ne cessent de réitérer leur ferme intérêt pour le Maroc en tant que porte d’entrée à même de faciliter l’accès de leurs produits sur les marchés africains, du monde arabe et de l’Europe, de manière à permettre leur meilleur positionnement économique dans ces régions. Or, la coopération économique et commerciale bilatérale avec ces pays n’a enregistré aucunes avancées concrètes jusqu’à présent, en dépit des déclarations d’intention sur la volonté commune de dynamiser le cadre de cette coopération.
- Des pays latino-américains à récupérer par l’économique :les séparatistes ont pu obtenir des revirements de position de la part de pays anciennement acquis au Maroc, tels le Salvador et l’Uruguay, auprès desquels le Maroc pourrait user de la carte économique afin de les ramener à de meilleurs sentiments à l’égard de notre Cause Nationale. Dans le même sens, une action économique et commerciale réorientée en direction du Mexique s’avère aujourd’hui opportune dans la mesure où l’arrivée au pouvoir des nouvelles autorités gouvernementales semble ouvrir des perspectives positives (orientation économique de la diplomatie mexicaine).
- Une région caractérisée par de profonds bouleversements dans le cadre de nouvelles alliances notamment économiques: le Maroc ayant obtenu, ces derniers mois, le statut de membre observateur auprès de sous regroupements régionaux latino-américains et caribéens à caractère économique, tels « l’Alliance du Pacifique » ou encore le « Système d’Intégration centraméricain » (SICA), il convient désormais de mettre à profit ces nouvelles alliances politico- économiques afin d’assurer un meilleur repositionnement de notre pays sur le continent. « L’Alliance du Pacifique » (Chili, Pérou, Colombie et Mexique), regroupement sous-régional libre-échangiste qui prend une ampleur croissante par rapport au Mercosur, ne cesse de réitérer son intérêt pour le renforcement de la coopération économique avec le Maroc, sachant qu’elle ouvrira, prochainement, dans ce cadre, un bureau commercial à Casablanca. L’objectif est de saisir l’opportunité qu’offre cet espace régional, au même titre que le Système d’Intégration Centraméricain (SICA), organisation économique réunissant plusieurs pays d’Amérique centrale, afin de développer un véritable partenariat commercial, à la fois bilatéral et interrégional.
C’est à la lumière de ces évolutions que la stratégie diplomatique marocaine en direction du continent latino-américain se doit d’être adaptée de manière à privilégier dorénavant le renforcement des liens économiques et commerciaux du Maroc avec la région, ce, afin d’éviter de perdre les acquis obtenus jusqu’à présent sur le plan politique.
En définitive et dans le cadre de la « stratégie latino-américaine » proposée pour les années à venir, il semblerait particulièrement indiqué de veiller à l’adoption de toutes mesures et/ou initiatives allant dans le sens des pistes de réflexion présentées ci-dessus, dans la perspective non seulement de renforcer notre présence économique en Amérique latine, mais également d’affirmer la place du Maroc en tant que plateforme et porte d’entrée pour les pays de la région en direction du continent africain, du monde arabe et de l’Europe, tout ceci en garantissant un partenariat gagnant – gagnant et en favorisant la coordination avec l’ensemble des acteurs et opérateurs privés et publics concernés.
Fort des avancées réalisées en matière économique et commerciale et de son expérience dans l’accompagnement du développement économique des pays africains, ainsi que de son engagement permanent en faveur de la coopération Sud/Sud, le Maroc pourrait ainsi faire valoir son rôle d’acteur incontournable en Afrique et dans le monde arabe pour les pays de l’Amérique latine et des Caraïbes.
Pays prioritaires pour le lobbying en Amérique Latine
Conformément aux instructions issues de la réunion heddomadaire tenue le 03 novembre 2011, avec l’ensemble des Directeurs du Ministère, j’ai l’honneur de soumettre à votre aimable appréciation, la liste des 5 pays latino-américains en direction desquels une action diplomatique prioritaire s’avérerait opportune en fonction de la conjoncture actuelle.
Cette Direction a ainsi porté son choix, par ordre de préférence, sur la Colombie, le Guatemala, le Pérou, le Chili et le Brésil, en considérant que ces cinq pays présentent un intérêt tout particulier pour le Maroc en raison des considérations exposées ci-après :
1/ Concernant la Colombie: ce pays occupe actuellement un siège de membre non permanent au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies, jusqu’en 2012, situation qu’il convient de mettre à profit en faveur du Maroc, qui vient lui-même d’être élu au même siège à compter de janvier 2012. Les deux pays seront ainsi appelés à renforcer leurs contacts au niveau multilatéral, notamment pour coordonner leurs positions sur diverses questions internationales, ce qui, partant, devrait profiter au renforcement des relations bilatérales.
A cela s’ajoute le fait que la Colombie a jusqu’à présent maintenu des positions favorables au Maroc, particulièrement sur la question du Sahara marocain, tant au niveau gouvernemental que parlementaire.
La Colombie reste, par ailleurs, un des seuls pays sud-américains gouvernés par une coalition de droite qui, idéologiquement, apporte un soutien significatif à notre Cause Nationale. Renforcer ainsi notre action diplomatique en direction du seul gouvernement de droite de la région, reviendrait à préserver les acquis obtenus jusqu’à présent auprès de cet allié politique, d’autant plus que tous les pays entourant la Colombie, à l’exception du Pérou et du Brésil, reconnaissent la pseudo « RASD ».
Le choix de la Colombie permettrait également de mener des actions indirectes en direction du Panama et de l’Equateur, pays relevants de notre Ambassade à Bogota, afin d’y renforcer notre présence sans minimiser toutes initiatives favorables à la défense de notre Cause Nationale.
2/ Concernant le Guatemala: à l’instar de la Colombie, ce pays d’Amérique centrale vient d’être élu à un siège de membre non permanent au sein du Conseil de Sécurité. A cela s’ajoute le fait que le Maroc s’apprête à ouvrir prochainement une Ambassade dans ce pays, ce qui amènera le déploiement d’une action diplomatique renforcée en direction du Guatemala, parallèlement au démarrage effectif d’actions de coopération dans divers domaines. Un intérêt particulier devra ainsi être accordé au lancement de la coopération bilatérale avec ce pays, notamment dans le domaine économique et commercial. Dans le même contexte, l’ouverture de l’Ambassade du Maroc au Guatemala coïncide avec le processus électoral présidentiel dans ce pays, qui devrait amener au pouvoir un gouvernement de droite susceptible de comprendre nos positions, notamment sur la question du Sahara marocain. Enfin, une coopération accrue avec ce pays pourrait servir d’exemple en direction des autres pays d’Amérique Centrale, afin de les inciter à renforcer leurs relations avec le Maroc.
3/ Concernant le Pérou: ce pays doit inévitablement faire l’objet d’une attention particulière dans la mesure où l’activisme des séparatistes et de nos détracteurs s’y est fortement renforcé ces derniers mois, après l’arrivée au pouvoir de l’actuel Président de gauche, M. Ollanta Humala et de son parti
« Gana Peru », qui leur est favorable. De nombreuses démarches de sensibilisation en direction des divers milieux péruviens, notamment politiques, parlementaires et de la société civile du pays, ont été initiées par notre Ambassade à Lima, qui tente de contrecarrer les manœuvres des séparatistes et de bloquer toute éventuelle reconnaissance de la pseudo
« RASD » par le Pérou. La stratégie d’accompagnement de notre Ambassade par cette Direction sera renforcée afin d’éviter toute révision de la position du Pérou sur la question du Sahara marocain. Les efforts doivent redoublés dans ce sens, d’où la nécessité d’inclure le Pérou dans la liste des pays prioritaires devant faire l’objet d’une action diplomatique continue.
4/ Concernant le Brésil: ce pays, qui constitue l’interlocuteur privilégié du Maroc sur le continent sud-américain, entretient des relations d’amitié et de coopération significatives avec le Maroc, notamment sur le plan politique, économique et commercial. Ces relations sont appelées à se diversifier et à se renforcer dans la perspective de préserver un partenaire stratégique sur le sous- continent. Le Brésil, qui n’a jamais reconnu la pseudo « RASD » jouit par ailleurs d’une influence particulière au sein des processus Amérique du Sud/Pays arabes (ASPA) et Amérique du Sud/Afrique (ASA), d’où l’intérêt de renforcer nos actions en directions de cet Etat. La coopération économique et commerciale avec le Brésil se situant à un niveau satisfaisant, il est tout opportun de poursuivre la même dynamique, d’autant plus que l’OCP se trouve actuellement présente dans ce pays, ce qui offre d’importantes perspectives.
5/ Concernant le Chili : ce pays connaît actuellement un activisme acharné de la part des séparatistes et de nos détracteurs, qui tentent par tous les moyens d’obtenir une révision de la position chilienne sur la question du Sahara, d’où la nécessité de concentrer tous les efforts nécessaires en sa direction. Plusieurs parlementaires chiliens ont été approchés par les séparatistes, ce qui justifie davantage une action diplomatique renforcée au niveau législatif. Le cadre juridique bilatéral et les mécanismes existants, notamment en ce qui concerne la Commission Mixte, sont des acquis à même de permettre le déploiement d’actions de coopération concrètes. L’intérêt affiché par le gouvernement chilien à l’endroit du Maroc, particulièrement pour le renforcement de la coopération économique et commerciale, conforte dans une large mesure le choix porté pour ce pays.
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