France-Algérie : Relations bilatérales (document déclassifié de la CIA, 1965)

SECRET 7 avril 1965

MÉMORANDUM

Relations franco-algériennes

Les relations entre la France et l’Algérie se sont régulièrement améliorées depuis le début de 1964. La dépendance continue de l’Algérie à l’égard de la France pour le personnel qualifié et l’aide financière sont des facteurs importants, tout comme son besoin d’un débouché pour l’excédent de main-d’œuvre et d’un marché pour les exportations. De Gaulle considère de bonnes relations avec l’Algérie comme essentielles à ses objectifs politiques à long terme ; il voit l’Algérie comme le « portail étroit par lequel passent les relations de la France avec le monde non aligné ». Il estime que son prestige personnel est en jeu en ce qui concerne le régime de Ben Bella, et on peut s’attendre à ce qu’il se plie en quatre pour maintenir de bonnes relations. De plus, l’Algérie représente un intérêt stratégique important en raison des gisements de pétrole sahariens et est l’un des principaux clients de la France.

Les deux gouvernements ont fait preuve de retenue dans les domaines d’intérêt particulier pour l’autre. Ben Bella s’est montré remarquablement discret au sujet des essais nucléaires français dans le Sahara (les Français ont effectué sept essais souterrains depuis la signature des accords d’Évian en juillet 1962). Les médias algériens n’ont pas mentionné les récents essais français et Ben Bella n’a fait aucun effort pour mettre à exécution sa menace de 1963 de renégocier les clauses militaires d’Évian. La France, de son côté, a découragé l’activité de l’opposition de Ben Bella et, à la demande de l’Algérie, a expulsé de Paris en novembre dernier un représentant éminent de l’opposition.

Ces derniers mois, le gouvernement de Ben Bella a déployé des efforts considérables pour améliorer son image publique vis-à-vis de Paris. Les responsables algériens ont pris soin de commenter favorablement les politiques françaises, et les médias ont suivi cette voie. Tous les ressortissants français emprisonnés pour des raisons politiques, à l’exception de six, ont été libérés en janvier. Au début de cette année, des ministres du cabinet algérien ont participé à des cérémonies d’accueil officielles pour les techniciens français envoyés en Algérie en remplacement.

Les négociations pétrolières, qui traînent en longueur depuis un an et demi, devraient se terminer au plus tard en mai. Alors que la France aurait obtenu l’accord sur son principal objectif – le maintien des concessions existantes sous le code pétrolier d’avant l’indépendance, perpétué par les accords d’Évian – Paris devrait accéder aux demandes algériennes d’un retour en espèces plus important de la production existante. Compte tenu de la réduction probable de l’aide française avec l’expiration des accords d’Évian en juillet 1965, les Algériens attachent une importance particulière à l’obtention d’une part plus importante des revenus pétroliers.

En vertu des accords d’Évian, la France a accepté une obligation de trois ans de continuer à apporter une aide économique à l’Algérie à une échelle équivalente à celle en vigueur avant l’indépendance. Le gouvernement français prend maintenant des mesures pour réduire son programme d’aide de 800 millions de francs accordés en 1964 à 500 millions de francs en 1968. Cependant, l’acceptation par la France d’un nouveau calendrier de remboursement des avances de trésorerie passées signifie que l’Algérie disposera à peu près du même montant d’aide financière utilisable en 1965 qu’en 1964. Le programme se stabilisera ensuite au chiffre engagé pour 1965 pour l’avenir prévisible. De plus, à partir de 1965, le programme sera largement lié à des projets d’impact spécifiques tels que la construction d’un pipeline trans-méditerranéen ou d’un chemin de fer transsaharien. Les problèmes économiques massifs auxquels est confronté le gouvernement algérien rendront Ben Bella réticent à mettre en péril l’aide que la France apporte à l’économie.

L’amélioration du climat des relations entre les deux pays sera publiquement mise en évidence par une visite à Paris de Ben Bella, qui devrait arriver à la conclusion des négociations pétrolières. La rencontre, la deuxième entre les deux présidents, devrait consolider l’état actuel satisfaisant des relations. »

Approuvé pour diffusion 2004/10/08 : CIA-RDP79T00472A000700020021-7

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