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Maroc Leaks : Gueguerre de Rabat contre le rôle de l’Algérie au Sahel

Pour Rabat, "la CEN-SAD constitue le cheval de Troie du Maroc pour s’imposer dans la zone Saharo-Sahélienne avec pour objectif de faire échec à l’Algérie dans cette zone stratégique", dixit une note diplomatique marocaine confidentielle.

L’élection de Mme Dlamini-Zuma à la tête de la Commission Africaine en 2012 et sa prise en charge du dossier sahraoui constitue un tournant dans la politique africaine du Maroc. Depuis lors, Rabat envisage son adhésion à l’Union Africaine.

Dans ce sillage, Rabat a essayé de réactiver la CEN-SAD avant de se rétracter à la dernière minute après avoir accepté d’accueillir un sommet de cette organisation. “Au plan politique, la CEN-SAD est la seule et unique organisation, qui offre un espace d’ouverture régionale au Maroc, avant son adhésion à l’UA. Cette organisation, qui regroupe 24 pays africains dont la majorité appartient à la zone Saharo-Sahélienne, constitue le cheval de Troie du Maroc pour s’imposer dans la zone Saharo-Sahélienne avec pour objectif de faire échec à l’Algérie dans cette zone stratégique”, soulignait une note diplomatique.

Pour le Maroc, la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD) revête une importance géostratégique, en raison de son étendue géographique de l’océan Atlantique à la mer Rouge, regroupant 28 pays membres, qui font également partie d’autres blocs régionaux (l’Union du Maghreb arabe, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et l’Autorité intergouvernementale pour le développement).

Depuis son adhésion à la CEN-SAD en 2011, le Maroc s’est beaucoup investi afin de renforcer ses relations bilatérales politiques et économiques avec l’ensemble de ces membres, dans l’objectif de renforcer son rôle de leader au sein de cette organisation régional et combler son absence de l’Union Africaine.

Alors que le ministre algérien a déclaré ne pas avoir vu le Maroc dans aucune carte de la région sahélienne, le Maroc participe à un séminaire sur le Sahel organisé en 2014 par le Centre des Études Stratégiques et Internationales présidé par Mohamed Bazoum que Rabat qualifie de pro-algérien. Ses arguments :

– dimension globale et inclusive qui repose sur un traitement global de la menace : sécurité – développement- identité cultuelle-coopération régionale et internationale).

-Refus des démarches d’exclusion. Le Sahel, un seul espace qu’il faut traiter comme tel. Ce sont les mêmes menaces de l’Atlantique à la mer rouge et à l’Ocean Indien ( Boko Haram, Al Shabab, Al Qaïda, Daech). Il faut donc traiter ces menaces de façon globale.

Les résultats du séminaire sont decevants. « Sur le volet sécuritaire néanmoins les participants africains ont reconnu le leadership de l’Algérie dans la zone », écrit Tagma dans un mail en date du 5 août 2014. Pour lui, « sur le volet religieux, les pays du Sahel reconnaissent le leadership du Maroc ».

Dans ce mail, Tagma ajoute que « le ministre algérien de la défense a déclaré que l’argent du trafic du Kif finance le terrorisme ainsi que le trafic de la cocaïne et les rançons payés par l’occident. Les pays du Sahel n’ont pas remis en cause ces déclarations ni l’hégémonie de l’Algérie. D’où nécessite réactiver Censad ».

Selon lui, « compte tenu que l’Algérie ne recule devant rien pour porter préjudice aux intérêts du Maroc, il serait souhaitable de durcir le ton » avec les arguments suivants :

1. Si le Sahel est aujourd’hui une zone d’insécurité c’est à cause aussi des interférences de certains États de la région qui ont utilisé les divisions culturelles et les particularismes locaux à des fins de politique d’hégémonie dans la sous région.

2. Pour que la lutte contre l’insécurité puisse atteindre ses objectifs il faut d’abord en finir avec ces comportements. Il faudra mettre fin aux ingérences extérieures et reconnaître aux pays concernés la plénitude de leur souveraineté sur leurs affaires intérieures. Les pays tiers ne doivent se mêler des affaires intérieures des autres États.

3. Le Sahel n’est la chasse gardée de personne. Il doit être considéré comme un tout. L’interdépendance des questions de sécurité et de développement nécessite des stratégies globales et intégrées et des démarches inclusives.

4. Le Sahel ne doit pas être pris en otage des politiques d’hégémonie et ne doit pas devenir un terrain de compétition.

Tagma propose alors « d’appeler à l’organisation d’une conférence internationale sur la stabilité du Sahel. Cette conférence aura à traiter des stratégies pour la stabilité de toute la région (de l’Atlantique à la mer rouge) et insister sur le fait que « le Maroc préconise une démarche globale et inclusive impliquant tous les pays de la région et tous les acteurs internationaux intéressés. La stabilité du Sahel nécessite une démarche globale incluant le sécuritaire, le développement économique, les réformes politiques, la bonne gouvernance et la lutte contre l’intégrisme religieux ».

« Les organisations sous régionales (CEDEAO – CEEAC – Censad- IGA-UMA) sont indissociables des efforts visant la stabilité du Sahel », conclue-t-il.

Selon une autre note diplomatique marocaine datant de Décembre 2011, « l’Algérie tente de tirer profit de la chute du régime de Kadhafi pour remettre en cause le CEN-SAD et tourner la page de l’influence politique et financière de la Libye sur les pays du Sahel ».

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