Des victimes colatérales du Mondial 2030. Les démolitions continuent au Maroc

Les autorités assurent qu’il s’agit d’une stratégie de « contrôle et d’éradication des irrégularités urbanistiques ». Des logements de citoyens espagnols touchés par la mesure.

Le Maroc a commencé à démolir des groupes de logements construits il y a des décennies — certains appartenant à des Espagnols — afin de bâtir des complexes touristiques en prévision de la Coupe du monde de football 2030, rapporte La Gaceta.

Sans aucun préavis ni compensation financière, de nombreux propriétaires ont vu leurs biens réduits en ruines, sans même avoir la possibilité de récupérer leurs affaires, indique le journal espagnol. Ce plan de rénovation urbaine a particulièrement touché les résidences secondaires de Ceutéens et de Mélilliens, qui dénoncent l’absence de garanties et le traitement arbitraire de la part des autorités marocaines.

Les premières démolitions ont eu lieu sur la côte atlantique à la fin de l’année 2023, mais elles se sont désormais étendues à la bande méditerranéenne. Des plages comme Dalia, sur la route entre Ceuta et Tanger, ainsi que des localités comme Beliones, près de la frontière de Ceuta, figurent parmi les plus touchées. Des expulsions forcées ont également été signalées à Charrana, au cap Trois Fourches, où plusieurs familles mélilliennes ont perdu leurs maisons, vieilles de plus d’un demi-siècle.

Le processus de transformation urbaine est soutenu par des investissements en provenance du Golfe persique, visant à renforcer l’offre hôtelière du pays dans le cadre du projet 2035. Une autorité locale de Nador a indiqué que de grandes chaînes internationales ont acquis d’importants terrains le long du littoral, de Tétouan à Melilla. « La bande côtière entre Melilla et Bouyafar est désormais surnommée la ville de Bahreïn », explique-t-il, en référence à l’ampleur des investissements étrangers.

Dans un premier temps, le gouvernement marocain s’était concentré sur le démantèlement des campements précaires et des constructions illégales. Cependant, avec le temps, les démolitions ont également touché des propriétés disposant pourtant des autorisations requises, laissant de nombreux résidents sans recours. « Nous payons des impôts et avons des titres de propriété, mais ils nous ont donné 48 heures pour partir », déplore un citoyen de Ceuta dont la maison était située en première ligne de plage, près de la frontière d’El Tarajal.

La controverse a atteint le Parlement marocain, où Abdellah Bouanou, leader du Parti de la justice et du développement (PJD), a dénoncé l’arbitraire des expulsions et l’absence de compensations pour les personnes affectées. Lors d’une interpellation adressée au ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, Bouanou a exigé des explications quant au respect des lois urbanistiques 12.90 et 25.90, qui réglementent la construction et la démolition des bâtiments au Maroc.

Le ministre lui-même a défendu ces démolitions en expliquant qu’elles faisaient partie d’une stratégie de « contrôle et d’éradication des irrégularités urbanistiques ». Selon lui, ces opérations visent à éliminer les constructions illégales sur des terrains appartenant à l’État, ainsi que dans des zones protégées conformément aux plans d’aménagement du territoire.

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