Etiquettes : Maroc, Fouad Abdelmoumni, répression, violations des droits de l’homme, liberté d’expression, espionnage avec Pegasus, affaire Pegasus, Makhzen,
Au Maroc, le défenseur des droits humains Fouad Abdelmoumni a été condamné lundi 4 mars, en première instance, à six mois de prison ferme.
Abdelmoumni « ne sera détenu que si le jugement est confirmé en cassation », a précisé à l’AFP son conseil. « Le tribunal de première instance de Casablanca l’a condamné à six mois de prison ferme. Il aurait dû être poursuivi sur la base du code de la presse, qui ne prévoit pas de peines privatives de la liberté, et non sur la base du code pénal », a estimé son avocat, Mohamed Nouini.
Placé en garde à vue fin octobre 2024 puis remis en liberté deux jours plus tard, le militant, âgé de 66 ans, était poursuivi pour « outrage à des corps constitués », « diffamation » et « diffusion d’allégations mensongères » après un post sur Facebook où il relayait des accusations d’« espionnage » de la France par le Maroc, a rappelé Le Monde. « La France, qui voit sa position décliner parmi toutes les nations, ne voudrait pas céder au chantage d’un Etat faible qui utilise tous les moyens de pression à sa disposition (…) sans oublier l’espionnage », avait-il écrit sur Facebook.
Des propos que le ministère public a qualifiés d’« allégations attentatoires aux intérêts du royaume », et qui selon lui « dépassent les limites de la liberté d’expression et représentent des éléments constitutifs de crimes punis par la loi ». La publication de Abdelmoumni, voix critique des autorités marocaines, avait coïncidé avec la visite d’Etat du président français Emmanuel Macron au Maroc, qui avait scellé la réconciliation entre Paris et Rabat après trois années d’une brouille en partie alimentée par ces soupçons d’espionnage.
En 2021, le Maroc avait été accusé d’avoir utilisé le logiciel Pegasus pour infiltrer les téléphones de plusieurs personnalités publiques nationales et étrangères, dont un des portables d’Emmanuel Macron, selon une vaste enquête menée par un consortium de médias internationaux, dont Le Monde, sur la base de données obtenues par les organisations Forbidden Stories et Amnesty International.
Malgré les révélations publiées par les médias dans le cadre du « Projet Pegasus », qui prouvent notamment l’implication du gouvernement marocain, celui-ci a catégoriquement démenti les faits, parlant « d’allégations mensongères et infondées ». Il a enclenché plusieurs procédures judiciaires en France, en Espagne et en Allemagne. En 2023, la justice française a jugé ces poursuites irrecevables.
Déclaration des organisations et associations politiques maghrébines en Europe et au Canada
Nous, soussignés, suivons avec une grande inquiétude le rythme de la répression et des poursuites judiciaires arbitraires visant les voix qui s’opposent et critiquent les politiques de l’Etat marocain, et sommes surpris par l’escalade de la répression systématique par les autorités publiques contre les opposants politiques, les militants des droits de l’homme et de la société civile, les journalistes, ainsi que les blogueurs sur les médias sociaux.
A cet égard, nous nous joignons à toutes les voix libres nationales et internationales pour dénoncer ces campagnes répressives, qui constituent une violation flagrante des droits humains fondamentaux internationalement reconnus et sont incompatibles avec les principes démocratiques.
Parmi les cas qui suscitent notre condamnation, on peut citer :
1- La condamnation du militant des droits de l’homme Fouad Abdel Moumni, président de l’Association marocaine de soutien aux détenus politiques, à six mois de prison pour un simple post sur Facebook. Ce jugement constitue une violation flagrante des droits d’expression et d’opinion, garantis par tous les pactes et conventions internationaux relatifs aux droits de l’homme dont le Maroc est signataire, et son emprisonnement et son procès s’inscrivent dans un long processus répressif visant tous ceux qui revendiquent les droits fondamentaux et la dignité humaine.
2- L’aggravation de la peine de l’activiste civil Said Ait Mehdi, défenseur des victimes du tremblement de terre dans la région d’Al Haouz, de trois mois à un an de prison, en plus des peines sévères prononcées à l’encontre de trois autres accusés dans le même dossier.
3- Le maintien en détention des blogueurs anti-normalisation Radwan Kastit et Mohamed Bustati.
4- L’arrestation de Malak Taheri (13 ans) et de sa famille, simplement parce qu’ils appartiennent à la famille de Hicham Jirandou, propriétaire de la chaîne « Tahdiya », qui est poursuivi pour avoir dénoncé la corruption dans l’appareil d’Etat.
5- Condamnation du camarade Youssef Bensabahia, secrétaire général adjoint de l’organisation séditieuse
Nous pensons que ces procès politiques sont une tentative ouverte et éhontée de faire taire les voix libres et de vider de son contenu la lutte politique et pour les droits de l’homme, et que la poursuite de ces politiques répressives entrave le progrès du pays et empêche la véritable transition démocratique à laquelle le peuple marocain aspire.
Nous condamnons l’escalade de la machine répressive et l’utilisation du pouvoir judiciaire et des services de sécurité pour faire taire la voix de la résistance et de l’opposition aux politiques d’autoritarisme et de corruption dans les rouages de l’Etat :
* Libérer tous les détenus politiques, en particulier les détenus du Hirak Rif, les militants des droits de l’homme, les blogueurs et tous les prisonniers de conscience et d’expression au Maroc.
* Mettre fin à toutes les formes de poursuites judiciaires arbitraires visant les militants des droits de l’homme et les opposants politiques.
* Garantir la liberté d’expression, de réunion pacifique et le respect des droits de l’homme tels que stipulés dans les conventions internationales.
* Respecter les droits de l’homme tels que stipulés dans les conventions internationales signées par l’Etat marocain.
Nous soulignons que la poursuite de ces politiques répressives ne fera qu’aggraver la crise politique et des droits de l’homme au Maroc, et nous appelons les autorités marocaines à cesser d’utiliser le pouvoir judiciaire et la sécurité comme outils pour réprimer l’opposition, et à travailler à la construction d’un État qui respecte les droits de ses citoyens et leur garantit de vivre dans la dignité et la liberté.
Pour notre part, nous continuerons à soutenir le mouvement des droits de l’homme et de la démocratie au Maroc, et nous élèverons notre voix haut et fort dans les institutions européennes et les différents forums et médias internationaux pour dénoncer ces violations, et enfin nous soulignons que la lutte pour la liberté et la dignité ne s’arrêtera pas, et nous resterons fidèles aux valeurs de justice et d’égalité dans lesquelles nous croyons.
Organisations et cadres signataires :
* Centre euro-méditerranéen pour la migration et le développement aux Pays-Bas.
*KMAN, l’Association des travailleurs marocains aux Pays-Bas.
*Le Parti socialiste unifié des Pays-Bas.
*Parti de l’Approche démocratique du travail d’Europe occidentale.
*Fédération de la gauche démocratique en France.
*Initiative marocaine pour les droits de l’homme aux Pays-Bas.
*Association marocaine des droits de l’homme en Belgique (Comité présidentiel).
*Association des travailleurs maghrébins en France (ATMF).
*Association des Marocains de France AMF.
*Union des travailleurs immigrés tunisiens en France (UTIT).
* Organisation pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT).
*Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme CS-LADDH.
*Association des Haratines Mauritaniens en Europe (AHME).
*Fondation Mahdi Ben Barka France, Mémoire vivante.
*Coordination de la solidarité méditerranéenne, Espagne.
*Association pour la défense des droits de l’homme au Maroc-France ASDHOM.
*Front international pour la défense des droits de l’homme en France, RIPOSTE.
*Ali Ben Saad, professeur de sciences politiques à l’université de Paris.
*le forum tunisien pour les droits économiques et sociaux.
*l asbl na oura-belgique.
*L’observation marocaine des libertés publiques.
*la fédération des tunisiens citoyens des deux rives, FTCR.
*L’association démocratique des tunisiens en france,ADTF.
*Forum Marocain des alternatives Sud Canada
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