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Le blé français en déroute – L’Algérie diversifie ses importations en céréales

En octobre dernier, l’OAIC avait exclu la France de ses appels d’offres pour les quotas d’importations. Le marché des céréales en Algérie, autrefois dominé par la France, illustre parfaitement ce déclin à seulement 608.000 tonnes en 2023.

L’Algérie a décidé de se passer du blé français. Il y a une vingtaine d’années, la France couvrait environ 14 % des besoins du pays soit 1, 3 milliards d’euros. Aujourd’hui, la donne a changé où les exportations céréalières françaises ont chuté de presque de moitié soit 628 millions d’euros.

Qu’est qui explique ce déclin ? La lecture réduite à la seule tension politico-diplomatique ne fournit pas toutes les réponses, même si des voix soulignent que la crise entre Alger et Paris y est pour beaucoup. En effet, sur le front commercial, le marché algérien était longtemps dominé par l’hexagone avec 2,1 millions de tonnes exportées vers l’Algérie en 2021.

Mais cela ne devait pas continuer puisque l’Algérie avait adopté dés 2022 une stratégie de diversifier ses importations d’autres marchés internationaux comme la Russie, l’Ukraine et même celui de l’Australie quant celui-ci était fort en temps cléments. En octobre dernier, l’OAIC avait exclu la France de ses appels d’offres pour les quotas d’importations. Le marché des céréales, autrefois dominé par la France, illustre parfaitement ce déclin à seulement 608.000 tonnes en 2023.

D’après l’expert Thierry Bosch, elles pourraient encore être divisées par deux en 2024, et approcher de zéro en 2025. Pour cette année et vu que les contrats de livraison ont été signés avec les gros producteurs comme la Russie ou le Canada d’autant que l’Ukraine en guerre ne peut assurer tous ces engagements. Suite à une décision de réduire ces importations, la directive du Président Tebboune consistait à ne plus importer le blé dur dont la production lui assure 80% de son marché.

Le blé tendre qui représente entre 8 à 9 millions de tonnes est en voie d’être revu puisque la décision déclinée de la culture stratégique céréalière devra étendre les superficies de ces cultures à 9 millions d’hectares dont 264.000 hectares seront exploitées en 2025. Les experts considèrent que l’Algérie a suffisamment de moyens et de ressources financières pour asseoir sa sécurité alimentaire et ne plus dépendre du seul marché français.

Et de là, la légitimité de se passer du blé français est justifiée également sur le front des échanges. La dépendance algérienne envers l’unique marché européen lui a coûté cher et a de ce fait traduit de grosses pertes économiques et a impacté le Trésor public à travers le démantèlement tarifaire programmé dans l’accord d’association avec l’UE de 2005. Rappelons que dans cette perspective d’autonomie alimentaire, l’Algérie a procédé à la création de 30 silos et 350 centres de stockage de semences dédiées à la production céréalière.

Par : FAYÇAL ABDELGHANI

Le Midi Libre, 23/02/2025

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