Etiquettes : Donald Trump, Volodymir Zelensky, Ukraine, Russie, corruption,
Par Mohamed Habili
Aujourd’hui cela fait un mois seulement que Donald Trump est de retour au pouvoir aux Etats-Unis, mais que de choses déjà faites, les unes presque aussi étonnantes que les autres, au nombre desquelles de proprement stupéfiantes, et l’une au moins de véritablement effarante, de criminelle même si elle vient à se concrétiser : la déportation de la population de Ghaza pour faire de leur bande de terre côtière la Riviera du Moyen-Orient.
Trump ne se contente pas d’agir, il n’arrête pas de parler en même temps. Il y a deux jours, une mini-conférence de presse était improvisée chez lui à Mar-a-Lago, alors que débutaient à Riyad les pourparlers de paix entre les Etats-Unis et la Russie, exclusion ayant été soigneusement faite des Européens comme des Ukrainiens. Un journaliste lui demande poliment ce qu’il pense du propos de Volodymyr Zelensky, comme quoi celui-ci ne reconnaîtrait nul plan de paix élaboré en l’absence de son pays, c’est-à-dire en son absence personnelle.
(Signalons quelque chose au passage : le respect marqué avec lequel les journalistes s’adressent désormais à Trump, après ce qui est arrivé à la prestigieuse Associated Press, exclue de la Maison-Blanche, en vérité pour son anti-trumpisme militant, soi-disant pour refuser d’appeler «Golfe d’Amérique» le Golfe du Mexique.) Cette question est une perche tendue à Trump pour qu’il puisse dire tout le mal qu’il pense de Zelensky.
Il commence par le traiter de personne tout à fait incompétente, qui aurait pu terminer la guerre il y a longtemps, mais qui n’en a rien fait, qui se trouve à la tête d’un pays à qui les Etats-Unis ont donné des milliards et des milliards de dollars, un argent dont la trace s’est perdue, mais qu’il faut bien retrouver un jour ; quelqu’un dont le taux de popularité ne dépasse pas 4 %, qui a détruit son pays, qui pour tout cela n’est absolument pas à sa place autour d’une table de négociation pour la paix.
Zelensky devait se trouver en Arabie saoudite hier mercredi, mais on vient d’apprendre qu’il a reporté son voyage. Après ce que Trump en a dit, la question se pose de savoir s’il pourra être reçu à l’avenir quelque part sans que ce soit du même coup un manque d’égard pour le président des Etats-Unis. Trump l’a qualifié d’incompétent, indirectement de criminel, puisqu’il pouvait éviter la guerre mais qu’il y a entraîné son pays, et de corrompu, ou ce qui revient à peu près au même, qu’il est à la tête d’une association de malfaiteurs.
L’Ukraine est le seul pays qu’on connaisse qui, plongé dans une guerre à la fois dévastatrice et existentielle, s’est quand même trouvé dans l’obligation de lancer, ou plutôt de reprendre une campagne mains propres, car ce n’était pas la première. Si ce n’est pas là un aveu de grande corruption, on se demande ce que cela pourrait bien être.
Cette conférence de presse de Mar-a-Lago n’est pas sans rappeler la première, ou l’une des premières interviews de Joe Biden, celle dans laquelle il avait qualifié Vladimir Poutine de tueur. Elle apparaît rétrospectivement comme une espèce de déclaration de guerre, survenant bien avant que la Russie n’envahisse l’Ukraine.
Aujourd’hui, c’est un autre président américain qui au début de son mandat dit pis que pendre du président ukrainien en fonction. Par la même occasion d’ailleurs, Trump n’a pas épargné Biden, le plaçant dans son estime à peu près à la même hauteur que Zelensky, de sorte qu’on se prend à se demander s’il n’était pas plus sage de sa part de s’accorder à lui-même une grâce préventive.
Le Jour d’Algérie, 19/02/2025
#Trump #Zelensky #Ukraine #AssociatedPress #AP #corruption #Russie
Be the first to comment on "Trump de retour depuis un mois seulement"