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Face aux tensions persistantes entre Alger et Paris, des personnalités françaises, telles que Dominique de Villepin et Benjamin Stora, se démarquent par une approche lucide et équilibrée. En dénonçant les crispations politiques et médiatiques qui entravent le dialogue, ils défendent une relation fondée sur le respect et la vérité historique. A contre-courant des discours hostiles, ces figures plaident pour une coopération sincère et durable entre les deux pays.
L’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin souligne une forte attente en France quant à un règlement de la crise avec l’Algérie. « Ce que je peux dire, pour avoir rencontré de nombreux responsables en France, c’est qu’il y a un grand espoir que les choses puissent se dénouer », déclare-t-il.
L’ancien chef de la diplomatie française a salué, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision algérienne AL24 News, l’interview récente du président Abdelmadjid Tebboune au journal l’Opinion, y voyant un signe d’évolution positive. Il appelle à un effort commun pour « sortir par le haut » de cette période de tensions diplomatiques. « J’ai lu attentivement les propos du président Tebboune, et je vois que les choses bougent dans le bon sens », affirme-t-il.
Si le climat politique et médiatique en France reste marqué par des discours hostiles à l’Etat algérien, des voix influentes, dont celle de Dominique de Villepin, prônent une approche constructive et réconciliatrice. « Il est essentiel de ne pas céder à l’amertume ni au dépit, mais d’investir dans un partenariat durable et équilibré entre nos deux nations », ajoute-t-il.
Interrogé sur son éventuelle implication en tant que médiateur, l’ancien Premier ministre a précisé ne pas revendiquer ce rôle, tout en affirmant que chaque acteur politique doit contribuer au rapprochement. « Nous sommes nombreux à vouloir œuvrer pour que ce qui nous sépare aujourd’hui devienne un point de dialogue et de réconciliation », indique-t-il.
Dominique de Villepin a également abordé la question mémorielle, affirmant que la France devait poursuivre son travail de reconnaissance de l’histoire coloniale. « Le moment vient où il faudra franchir cette étape », estime-t-il, soulignant la nécessité d’une approche respectueuse du « rythme des mémoires et des peuples ». Si des avancées ont été réalisées sous la présidence d’Emmanuel Macron, notamment avec les rapports Stora et la reconnaissance de certaines figures emblématiques de la guerre d’Algérie, l’ancien Premier ministre juge que le chemin reste encore long.
Il a, par ailleurs, mis en garde contre les tentatives de certains courants politiques en France d’exploiter la mémoire pour alimenter la discorde. « Il faut éviter que les crispations identitaires et les récupérations politiques ne prennent le pas sur une véritable démarche de vérité et de réconciliation », insiste-t-il.
Surmonter les différends ensemble !
De Villepin reconnaît que les relations franco-algériennes traversent l’une de leurs plus graves crises des dernières décennies. Il s’est toutefois dit convaincu que les deux pays sauront surmonter leurs différends. « Nous n’avons pas le droit de nous laisser abattre ni attarder, nous devons avancer et construire ensemble », déclare-t-il.
Concernant la position française sur le Sahara occidental, il admet comprendre « pleinement l’incompréhension des autorités algériennes et des Algériens » face au revirement de Paris. Ce sujet demeure un point de friction majeur, la France ayant adopté une posture plus favorable à la position marocaine, ce qui a suscité des tensions avec Alger.
L’ancien Premier ministre plaide pour une vision à long terme des relations entre les deux pays, mettant en avant les potentialités de coopération. « L’Algérie dispose de capacités et de richesses importantes, la France a des atouts complémentaires. Ensemble, nous pouvons créer des opportunités de croissance et contribuer à la stabilité régionale », déclare-t-il.
Les secteurs énergétique, industriel et éducatif sont autant de domaines où un rapprochement pourrait être bénéfique. M. De Villepin appelle à une réflexion d’ensemble pour dépasser les blocages actuels et construire un avenir commun basé sur le respect mutuel et des intérêts partagés.
De son côté, l’historien français spécialiste de l’histoire de l’Algérie, Benjamin Stora, estime que la crise actuelle entre Alger et Paris repose avant tout sur une rupture de confiance entre les deux pays. « C’est là le véritable problème », souligne-t-il, insistant sur l’importance de reconstruire cette confiance. Revenant sur la question mémorielle, il rappelle que son rapport de 2021 préconisait plusieurs mesures pour avancer dans cette voie, notamment en matière de réparation. Cependant, il affirme que la crise ne se limite pas à la mémoire. « Il y a aussi des questions politiques, notamment celle du Sahara occidental, qui est venue percuter le travail mémoriel entamé précédemment », explique-t-il.
Benjamin Stora réfute l’idée selon laquelle l’Algérie n’aurait pas tendu la main. « C’est faux. Il y a bien eu une commission qui a existé », affirme-t-il, faisant référence aux efforts bilatéraux mis en place dans le cadre du dialogue entre les deux pays.
Il évoque également l’influence de certains cercles en France, traditionnellement proches de la monarchie marocaine, qui jouent un rôle déterminant dans les positions prises sur le dossier du Sahara occidental. « Depuis toujours, une fraction de la société française soutient le Maroc sur cette question. Ces groupes exercent des pressions considérables et disposent de relais puissants, notamment à travers des chaînes de télévision et des médias influents », analyse-t-il.
Le Jeune Indépendant,10 févr. 2025
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