Il est désormais admis que l‘accord d’association entre l‘Algérie et l’Union européenne (UE) a fait son temps. Cet accord, conclu en 2002 et entré en vigueur en 2005, n’arrange plus les intérêts de l‘Algérie qui le clame haut et fort. D’où les appels incessants à sa révision.
Alger a, depuis plusieurs années déjà clairement signifié à Bruxelles que la révision de cet accord ; qui avantage l UE et lèse les intérêts de l’Algérie, est devenu une impérieuse nécessité.
L‘UE accepte le principe de la révision de l’accord, mais traîne encore le pas pour passer à la vitesse supérieure. Entre les deux parties, les contacts vont, en tout cas bon train. Il y’a quelques jours une délégation de l’UE a séjourné en Algérie. Les représentants de pas moins de six ministères ont clairement indiqué aux représentants de l’UE les principales griefs de l’Algérie à cet accord conclu, pour rappel, dans un contexte politique où le pays, très affaibli après la décennie noire, n’avait pas les moyens de négocier dans les meilleures conditions pour préserver les intérêts de l’Algérie.
En somme l’UE a réussi à imposer ses conditions et, bien des années après, Alger s’est rendu compte que c’était un contrat de dupes. La délégation a rencontré des responsables de plusieurs ministères, notamment ceux des Affaires étrangères, de l’Énergie et des Mines, de l’Irrigation, de l’Industrie et du Commerce, et des Finances.
Elle a également été reçue au siège de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement. Selon l’UE, cette visite visait à mener des consultations pour définir les priorités de coopération entre l’UE et l’Algérie pour la période 2025-2027. Le chef de cette délégation, qui a séjourné à Alger du 27 au 30 janvier a souligné l’engagement de l’UE à renforcer le partenariat entre les deux parties dans le cadre du développement d’un «Nouveau Pacte pour la Méditerranée», selon un communiqué publié sur le site officiel de l’Union européenne.
L’UE comprend certainement mieux les motivations de l’Algérie quant à la nécessité de revoir les termes de cet accord d’association. En fait l’Algérie veut renégocier l’accord avec l’Union européenne selon un « principe gagnant-gagnant ». C’est le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui insiste particulièrement sur cette renégociation. Abdelmadjid Tebboune a souligné que la révision de l’accord « s’impose au regard de la réalité économique actuelle, sachant qu’à son entrée en vigueur, en 2005, les exportations de l’Algérie étaient basées principalement sur les hydrocarbures ».
« Aujourd’hui, nos exportations hors hydrocarbures se sont diversifiées et étendues à d’autres domaines, notamment la production agricole, les minerais, le ciment et les produits alimentaires et autres », a ajouté le chef de l’Etat. Or, tous ces produits demeurent inaccessibles au marché européen alors que l’UE exporte ses produits vers l’Algérie avec, en prime, des avantages énormes puisque les conditions tarifaires douanières sont très abordables.
C’est la pierre angulaire de cet accord et c’est ce que dénonce la partie algérienne. Face aux tergiversations de la parte européenne, l’Algérie a pris des mesures restrictives visant les exportations de l’UE. Aussitôt Bruxelles a considéré que ces mesures violent les engagements de l’Algérie pris dans le cadre de l’accord d’association UE-Algérie. Pour le chef de la diplomatie algerienne, Ahmed Attaf, l’accord actuel constitue un «boulet pour l’économie nationale». Selon lui, cet accord a échoué à offrir des avantages équilibrés aux deux parties, pénalisant particulièrement l’Algérie. D’ou la volonté de l’Algérie de réviser cet accord.
Par : KAMAL HAMED
Le Midi Libre, 05/02/2025
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