Résumé
Analyse confidentielle de 2014 sur les enjeux des attaques de Boko Haram contre le Cameroun. Le Ministre camerounais de la Communication confirme des attaques simultanées visant la résidence du Vice-Premier Ministre. Boko Haram intensifie ses actions, menaçant la stabilité du Cameroun, malgré la réponse militaire et les condamnations. Les observateurs pointent une stratégie d’expansion de Boko Haram et évoquent des théories de complot.
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Royaume du Maroc
Ministère des Affaires Etrangères
et de la Coopération
CONFIDENTIEL
A Monsieur le Ministre des Affaires Etrangéres et de la Coopération
Rabat
Destinataire principal : CAB/1- CAB/2- SG/4- DG7/3
Objet: Enjeux des nouvelles attaques de Boko Haram contre le Cameroun.
J’ai I’nonneur de porter a votre connaissance que le Ministre camerounais de la Communication a confirmé hier les deux attaques simultanées attribuées a la secte nigériane de Boko Haram qui ont visé dimanche matin (27/07/2014) la résidence locale de M. Amadou Ali, Vice-Premier Ministre Chargé des relations avec le Parlement et personnalité impliquée dans le dénouement de plusieurs enlévements au Nord du pays. La résidence, située dans la localité de Folokata, frontaliére du Nigéria, a été la cible de nombreux assaillants disposant d’armements sophistiqués dont des roquettes.
Cette attaque, qualifiée par le Ministre de la Communication de brutal et d’une violence inqualifiable s’est soldée par un bilan provisoire de 14 morts dont le frère cadet du Vice Premier Ministre (ce dernier qui étai visé par la secte ne se trouvait pas chez lui au moment de l’attaque). Elle a également engendré I’enlévement de 17 personnes dont son épouse, le Maire de la localité, sa famille et quelques gendarmes.
Le manque de communication de la part du gouvernement camerounais à ce sujet a donné libre court a des informations contradictoires. Certains médias ont annoncé Ia libération de ces otages, vingt-quatre heures aprés leur capture. Par contre, d’autres sources proches du Vice Premier Ministre ont confirmé le maintien de l’enlèvement. Elles soulignent que la diffusion de ces informations est à inscrire dans le cadre de réglement de compte entre les hauts responsables camerounais. Leur diffusion aurait pour objectif de discréditer M. Amadou ALI et de le présenter comme quelqu’un qui a des liens avec la secte Boko Haram. Des accusations, en ce sens, avaient déja circulées dans certains organes de presse.
La cadence des attaques de Boko Haram, qui mettent en danger la stabilité du Cameroun, se font de plus en plus sentir ces derniéres semaines, faisant plusieurs morts civiles et militaires, des otages ainsi que des prises d’armes. Une situation difficile pour l’armée camerounaise, qui, aprés avoir au début infligé plusieurs défaites à la secte se retrouve face à des terroristes ayant entre-temps renforcé leur arsenal militaire et leur dispositif humain.
Cette graduation et montée en puissance d’attaques intervient apràs que le Président Paul Biya ait déclaré la guerre à la secte de Boko Haram, matérialisé cette déclaration sur le terrain par un renforcement militaire au nord du pays et procédé à I’arrestation des partisans de la secte. Le mois dernier, quatorze personnes ont été condamnées à des peines tràs lourdes allant de 10 à 20 ans par un tribunal militaire pour actes terroristes et appartenance à ladite secte.
Ces attaques seraient également une réponse à la décision prise, le 23 juillet courant, par les quatre Etats africains (le Nigeria, le Niger, le Tchad et le Cameroun) de créer une force commune pour lutter contre Boko Haram, considéré comme une menace croissante pour la région.
Selon les observateurs camerounais, qui suivent la situation sécuritaire au Nord du pays, ces attaques viseraient de :
-Avertir le Cameroun contre les conséquences de la guerre qu’il méne contre la secte.
-Montrer sa puissance de frappe qui peut méme toucher les symboles politiques et administratifs de I’Etat (le Vice Premier Ministre qui était visé par |’attaque de son domicile et le maire de la localité).
-Répandre une atmosphére de peur, de panique et d’insécurité dans le Nord, ou se cotoient musulmans et chrétiens, dans le but de déplacer les populations vers le sud du pays, favorisant ainsi I’installation et la mainmise de la secte dans cette région. Certains observateurs soulignent que Boko Haram exerce effectivement son contréle sur quelques localités frontaliéres entre le Cameroun et le Tchad. Cette situation interpelle ces observateurs qui font un paralléle entre la guerre qu’avait menée I’Algérie contre ses terroristes islamistes qui a abouti a leur déplacement vers le Mali et la politique du Nigéria qui pourrait avoir le méme objectif, a savoir délocaliser Boko Haram au dela de ses frontigres, notamment vers le nord camerounais.
Ces mêmes analystes estiment que la stratégie de Boko Haram, en connexion avec I’Etat Islamique de I’Est et du Levant, viserait I’élargissement de sa sphere d’influence et de domination apres s’étre bien stabilisée dans son fief au Nigéria. Selon des informations officieuses, le nombre de camerounais adeptes de la secte Boko Haram serait estimé & 2500 personnes. Le risque de leur mise en activité dans le Nord du pays pourrait se révéler dangereux pour le Cameroun. Boko Haram a longtemps considéré cette région frontaliere comme un refuge, une zone propice aux enlévements d’étrangers, mais aussi un territoire de transit et d’approvisionnement en armes et explosifs.
L’idée d’un complot externe, dirigé par Paris, fait également son chemin au Cameroun aupràs d’une certaine presse privée et de certains hommes politiques de différentes tendances, qui considèrent que l’instabilité qui règne au Nord est due, entre autres, aux visées francaises sur les richesses dont regorge le sous-sol de la zone.
Le Cameroun, de la bouche de son Ministre de la Communication, saura tirer les conséquences de ces actes de violence gratuites dirigés contre lui. Il reste déterminé & défendre son intégrité territoriale, a protéger ses citoyens et assurer la paix et la stabilité sur ensemble du territoire du pays.
Il y a lieu de noter que la France a condamné ces attaques terroristes, présenté ses condoléances aux familles des victimes et assuré les autorités camerounaises de sa solidarité dans la lutte contre le terrorisme, dans le respect des droits de ‘Homme, a laquelle elle continuera a prendre toute sa part.
La célébration de I’Aid el Fitr marquant la fin du Ramadan, a été marquée par la condamnation des attaques répétées de Boko Haram et le lancement d’appels a la paix et a la stabilité du pays.
Source :
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