Le Maroc renforce son partenariat avec l’UE face aux défis régionaux : une coopération privilégiée pour la sécurité et la stabilité
I. Relations Maroc-UE
Le Maroc reste engagé dans le renforcement continu et permanent de son partenariat multidimensionnel avec l’Union Européenne, fondé sur des valeurs partagées, le respect mutuel et des intérêts communs.
Étant le pays le plus avancé dans le cadre de la Politique Européenne de Voisinage, le Maroc considère les profondes mutations politiques et économiques qui s’opèrent dans la région euro-méditerranéenne, ainsi que l’incertitude croissante qu’elles peuvent engendrer, comme une opportunité unique de proposer un modèle de coopération maroco-européen qui servira d’exemple pour le reste de la région.
Pour atteindre cet objectif, le Maroc et l’Union Européenne sont appelés à renforcer davantage leurs relations, en leur donnant une nouvelle impulsion stratégique et en élargissant la portée de leur coopération actuelle. Cela permettra de tirer pleinement parti de toutes les opportunités offertes aux deux parties, afin d’agir dans un esprit de responsabilité et de solidarité.
À cet égard, nos relations devraient s’appuyer sur notre ‘acquis’ commun dans le cadre du statut avancé, tout en leur donnant une perspective claire, qui doit se matérialiser par la définition d’une nouvelle perspective stratégique.
Cette perspective stratégique doit prendre la forme d’un nouveau lien contractuel, qui vise à établir un « partenariat privilégié » entre le Maroc et l’UE, développé sur une ambition stratégique commune, un avenir interdépendant et un développement mutuel.
II. Évolutions Régionales
A. Situation dans la région dans son ensemble
Étant l’ami le plus précieux et le plus capable de l’UE dans la région, le Maroc vit actuellement dans un voisinage très difficile car l’arc d’instabilité englobe désormais toute la région de l’Afrique du Nord et s’arrête aux portes du Maroc.
Le Maroc est sérieusement préoccupé par l’instabilité et la violence émanant des activités terroristes et criminelles dans son voisinage, et il est profondément préoccupé par l’avenir de la région et le risque de détérioration dans certains pays (Tunisie, Égypte et Libye).
Nous considérons que le succès des processus de transition de certains pays sera difficile à atteindre à court terme car les forces et partis politiques actuels manquent à la fois d’une vision politique commune pour l’avenir de leur pays et d’un esprit de compromis.
De plus, nous devons souligner que les troubles actuels dans ces pays ont affaibli leur capacité à être des partenaires compétents dans la lutte contre le terrorisme et les menaces à la sécurité.
B. Évaluation de la menace sécuritaire
L’instabilité actuelle au Sahara/Sahel et dans certains pays d’Afrique du Nord n’est pas seulement une menace pour la région, mais aussi une menace pour les intérêts stratégiques du Maghreb, de l’Europe et au-delà.
Les groupes terroristes constituent une menace complexe avec un large éventail d’actions. En fait, le risque d’expansion de ces menaces dans la région est élevé, en particulier dans des pays comme le Nigeria, où Boko Haram s’est avéré être un réel danger pour toute la stabilité de la région, comme en témoigne récemment l’enlèvement de citoyens français.
La même chose peut être dite de la situation critique dans le Golfe de Guinée, où il existe des preuves claires de réseaux de narcotrafic entre l’Amérique latine et l’Afrique, et d’actes de piraterie. Ces preuves démontrent que cette région est sérieusement mise en danger par la criminalité transnationale, qui à long terme peut menacer la paix et la stabilité des pays africains bordant l’océan Atlantique.
C. Rôle de l’UE dans la région
Nous reconnaissons l’importance accordée par l’UE à la région du Maghreb, comme indiqué dans la récente communication de l’UE.
Le Maroc considère que l’Union du Maghreb est une nécessité politique, économique et stratégique.
Nous pensons également qu’un renforcement des relations de l’UE avec le Maghreb est un élément stratégique essentiel pour relever mutuellement les défis qui sont devenus prédominants dans la région, à savoir les questions de sécurité et socio-économiques. De plus, l’approfondissement de ces relations contribuera à stabiliser les pays du Maghreb, en particulier la Tunisie et la Libye. Enfin, cela pourrait servir à donner le ton pour l’avenir de l’Union pour la Méditerranée.
Le Maroc espère voir un engagement accru de l’UE dans la région, afin de faire face aux tendances régionales actuelles et de soutenir les réformes et le progrès dans les pays de la région.
Le Maroc appelle l’UE à faciliter le dialogue entre le Maroc et l’Algérie afin de rouvrir les frontières entre les deux pays. La situation actuelle entrave les efforts pour l’établissement d’un Maghreb cohérent et fort.
III. Développements récents sur la question du Sahara
Les discussions menées entre S.M. le Roi Mohammed VI et le Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, ont créé une nouvelle dynamique et ont permis de clarifier certaines questions qui concernent le mandat de la MINURSO, le respect des paramètres du processus politique, la nature de la mission de l’Envoyé Personnel, sans oublier l’importance des relations bilatérales avec l’Algérie.
Lors de son briefing au Conseil de Sécurité le 28 novembre 2012, Christopher Ross a partagé le point de vue marocain sur la nécessité de dépasser le statu quo actuel, et il a soutenu une nouvelle approche basée sur la « Diplomatie Navette ». Cette nouvelle approche vise à relancer le processus politique afin de parvenir à une solution politique dans le cadre de son mandat, qui n’inclut pas les droits de l’homme.
M. Ross a également souligné que la résolution de la question du Sahara est devenue urgente dans un contexte de menaces criminelles et terroristes croissantes dans la région du Sahel, qui risque de se détériorer en l’absence de solution au problème.
La communauté internationale est appelée à préserver et à consolider les efforts du processus de négociation, qui doivent reposer sur deux paramètres fondamentaux : le réalisme et le compromis.
Le Maroc réitère son intention de continuer à s’engager, de bonne foi, dans le processus de négociation visant à trouver une solution définitive à la question du Sahara, dans le cadre de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Maroc, et sur la base de la proposition d’autonomie faite par le Maroc, que la communauté internationale a qualifiée de sérieuse et crédible.
IV. Algérie
Le Maroc a une forte volonté de coopérer avec l’Algérie et il réitère son engagement à résoudre la question du Sahara au profit de la promotion de la stabilité et de la coopération dans la région du Maghreb.
La résolution de la question du Sahara peut être prise comme exemple pour la communauté internationale, sur la manière de traiter la résolution des conflits dans la région du Sahara-Sahel, en général.
Il convient de souligner que l’Algérie a une obligation statutaire, en tant qu’État hôte, d’autoriser un recensement de la population dans les camps de Tindouf.
V. Mali
Le Maroc a été le premier à tirer la sonnette d’alarme sur la montée des menaces sécuritaires et terroristes dans la région, ce qui est devenu une réalité aujourd’hui. Le Mali subit les malheureuses conséquences de l’extrémisme, du terrorisme et du séparatisme, et des réseaux criminels.
Le Maroc souligne la pertinence de stratégies globales et d’actions collectives menées au niveau régional. La crise du Mali démontre l’inefficacité de certaines approches partielles et sélectives, qui n’ont pas été en mesure de faire face à une réalité complexe qui menace toute la région.
En tant que défenseur des réponses globales aux menaces globales, et en tant que partisan de l’approche proposée par la CEDEAO, le Maroc n’épargnera aucun effort pour continuer à soutenir le Mali. Le Maroc entend poursuivre son action multiforme, en étroite coopération avec la CEDEAO et les Nations Unies.
Comme l’a déclaré S.M. le Roi lors de son discours au 42e sommet de la CEDEAO, le Maroc soutient publiquement l’intervention française qui répond à l’appel d’urgence lancé par les autorités maliennes.
Le Maroc entreprend actuellement plusieurs efforts internationaux afin d’aider le Mali à rétablir sa stabilité, sa souveraineté et son intégrité territoriale, en tant que partenaire pour la paix et la stabilité dans la région.
Au cours de sa présidence du Conseil de sécurité, en décembre 2012, le Maroc a accordé une priorité élevée à la crise malienne, adoptant ainsi la résolution 2085 du Conseil de sécurité qui autorisait le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA). Dans le même esprit, le Maroc a contribué un total de 5 millions de dollars à la mission lors de la Conférence des donateurs à Addis-Abeba.
Après avoir envoyé une aide humanitaire d’urgence pour alléger les souffrances de milliers de personnes déplacées dans le sud du Mali et de réfugiés maliens en Mauritanie, au Niger et au Burkina Faso, le Maroc continuera de surveiller de près la grave situation humanitaire qui prévaut dans le pays.
Le problème nécessitera un engagement à long terme qui doit être global afin de traiter les causes profondes de la crise malienne. Ainsi, nous devons travailler sur des solutions réalisables qui incluent un mélange d’aspects militaires et d’outils de puissance douce. À cet égard, le Maroc reconnaît le soutien de l’UE à la population malienne à travers ses actions humanitaires, de développement, de formation militaire et diplomatiques.
Sur le plan politique, le Maroc espère voir la mise en œuvre d’une feuille de route claire pour la transition, qui, nous l’espérons, sera inclusive. Il est de notre souhait de voir les Maliens saisir les différentes opportunités qui leur sont offertes, afin de réussir le processus vital de réconciliation nationale, qui doit être ouvert à toutes les parties prenantes de l’échiquier politique, et dans lequel les parties s’engagent, inconditionnellement et sans recourir à la force armée, à respecter l’intégrité territoriale du pays. Le Maroc soutiendra également les travaux de la « Commission nationale du dialogue et de la réconciliation ».
À cet égard, le Maroc est disposé à soutenir efficacement le Mali en utilisant sa voix et sa position au sein du Conseil de sécurité, ainsi que son expérience en matière de maintien de la paix et son expertise en matière de formation, de justice transitionnelle et d’organisation d’élections.
Le Maroc estime qu’il est important d’inclure davantage les Nations Unies dans les futures étapes de la résolution du conflit malien, en particulier lors des prochaines discussions sur la transformation de la MISMA en une opération de maintien de la paix au Mali.
De plus, nous considérons qu’il est nécessaire d’inclure un soutien financier et logistique à l’engagement de la CEDEAO, qui représente un acteur crucial pour la résolution du conflit.
Malgré ses contraintes logistiques et budgétaires, la CEDEAO a pu rapidement mobiliser ses efforts pour aider, aux côtés des troupes françaises, à libérer le Mali et à rallier le soutien de la communauté internationale.
Aujourd’hui, alors que la crise malienne entre dans une phase opérationnelle nouvelle et différente, la CEDEAO est appelée à poursuivre ses efforts post-conflit dans les domaines de la médiation, de la facilitation, de la protection et de la stabilisation.
VI. Syrie
La tragique crise en Syrie continue de se détériorer de plus en plus. Inutile de dire que la région ne sera pas en mesure, à court terme, de continuer à gérer l’impact et la pression de la crise syrienne. Cette région reste trop fragile et la crise trop complexe.
La Syrie est devenue une scène dramatique, qui ne cesse de s’aggraver jour après jour, une tragédie sans fin, et une violence sans précédent. Le risque pour la Syrie est de devenir une nouvelle ‘Somalie’, conduisant à un démembrement du pays. Le résultat sera pire que la situation, telle que nous la connaissons aujourd’hui.
La situation humanitaire en Syrie est devenue une grave préoccupation pour le Maroc et la communauté internationale dans son ensemble. Le grand nombre de réfugiés qui fuient le pays
deviennent un fardeau pour les pays voisins tels que le Liban et la Jordanie, qui pourraient se retrouver submergés par une crise humanitaire.
Dans un effort pour atténuer la situation humanitaire, le Maroc a été le premier pays à mettre en place un hôpital de secours multi-spécialités pour les réfugiés dans les camps de réfugiés de Zaatari, en Jordanie. S.M. le Roi Mohammed VI a été le premier chef d’État à s’y rendre le 17 octobre 2012.
Le Maroc est activement engagé à mettre fin à la crise syrienne. Plusieurs efforts ont été entrepris, notamment une forte implication du Maroc au Conseil de sécurité et le déploiement d’une aide humanitaire. De plus, le Maroc a accueilli la réunion des Amis de la Syrie, à Marrakech, qui a permis la reconnaissance de la Coalition syrienne comme représentant légitime de la Syrie.
Concernant le régime syrien, il est ébranlé et incapable de se stabiliser. Sa légitimité et sa crédibilité sont fortement remises en question. Bachar Al Assad a adopté un discours et un ton arrogants, et est incapable de reconnaître ses erreurs. Il est évident que Bachar Al Assad n’a pas sa place dans l’avenir de la Syrie, et qu’il doit maintenant quitter le pouvoir pour éviter le scénario libyen.
Il n’est pas en mesure de diriger le pays après la résolution du conflit. Le seul avenir pour la Syrie est un avenir démocratique.
Le Maroc est favorable à une résolution rapide et pacifique du conflit syrien, et estime donc que la sortie de crise passerait par le « Plan de transition en six points de Genève ». Ce plan n’inclurait pas l’implication de Bachar Al Asad, qui n’a aucun rôle à jouer dans le gouvernement de transition, qui doit être dirigé par la Coalition de l’opposition. Néanmoins, le plan de solution initial proposé par la Ligue arabe dans les premières étapes du conflit reste une solution viable à la résolution de la tragédie syrienne.
Le Maroc estime sans aucun doute qu’une décision unie et anonyme du Conseil de sécurité aura un grand impact sur les parties au conflit et accélérera les choses.
#Maroc #UE #UnionEuropéenne #SaharaOccidental #Sahel #Algérie #Syrie #Mali #Maghreb
Soyez le premier à commenter