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Maroc Leaks : Quand la France tente de réinstaller sa légitimité et sa présence en Afrique

Le Sommet de l'Élysée pour la Paix et la Sécurité en Afrique, tenu à Paris en décembre 2013, a réuni une quarantaine de chefs d'État pour discuter de la paix, du développement économique et du changement climatique. Des engagements ont été pris, notamment la formation de soldats africains par la France, la lutte contre le trafic de drogue et le terrorisme, et la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU. Le sommet a également abordé le partenariat économique, le soutien au NEPAD, et la préparation à la COP21.

Eléments du compte rendu sur les travaux du Sommet de l’Elysée pour la Paix et la Sécurité en Afrique -Paris, 6 et 7 décembre 2013-

Le Sommet de l’Elysée pour la Paix et la Sécurité en Afrique s’est tenu à Paris, les 6 et 7 décembre 2013. Les travaux ont porté sur la Paix et la Sécurité en Afrique, le Partenariat économique et le Développement, et le Changement Climatique.

Une quarantaine de Chefs d’Etat et de Gouvernement ont pris part à ce Sommet, ainsi que le Secrétaire Général des Nat ions Unies, le Président de Conseil Européen, la Présidente de l’Union Africaine, ainsi que les représentants d’institutions financières régionales et internationales.

La Maroc a été représenté à ce Sommet par une délégation de haut niveau conduite le Chef de Gouvernement, qui a prononcé le Message Royal. La délégation était également composée de Messieurs les Ministres des Affaires Etrangères et de la Coopération, de l’Industrie, du Commerce et de l’Economie Numérique, l’Ambassadeur de Sa Majesté le Roi à Paris, ainsi que des responsables de la Primature et du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération, et de l’Ambassade du Royaume du Maroc à Paris.

I- Principaux Résultats du Sommet:

Les principaux résultats du Sommet peuvent être déclinés, en substance, comme suit:

1- Paix et Sécurité:

La France s’est engagée à former 20 000 soldats africains sur cinq ans, dans le cadre de l’A rchitecture africaine de paix et de sécurité, ainsi que la mise à disposition de conseillers politico-militaires à la CEDEAO et la CEEAC;

Trafic de drogue en Afrique de l’Ouest: la France compte organiser un débat de haut niveau au Conseil de Sécurité de l’ONU en 2014 et provoquer une réunion de Chefs d’Etat dans le cadre du G8 sur cette question;

Sécurité des frontières: appui de la France aux initiatives bilatérales et multilatérales. Dans ce cadre, la Déclaration a salué la tenue de la seconde Conférence sur la Sécurité des frontières des pays Sahélo-sahariens (Rabat, le 14 novembre 2013);

Lutte contre le terrorisme: La France entend mobiliser les Nations Unies, Interpol et le GAFI po ur apporter un soutien à l’Af rique en matière de contrôle des flux financiers visant à alimenter le terrorisme;

Sécurité maritime dans le Golfe de Guinée: décision de créer un collège de formation sur l’action de l’Etat en mer en Afrique;

Réforme du Conseil de Sécurité de l’ONU: la Déclaration a appelé à une réforme du Conseil permettant de renforcer la place de l’Afrique dans le cadre d’un organe élargi, tout en préservant sa capacité à maintenir la paix et la sécurité internationales;

Maintien de la paix en Afrique: la Déclaration s’est réjoui des avancées réalisées dans ce domaine par l’UA, les organisations sous régionales et les Etats africains. Dans ce sens, il est fait 2 référence à l’engagement de la France à appuyer les efforts de l’UA pour rendre opérationnelle de la Force Africaine en Attente (FAA), à l’horizon 2015.

2- Partenariat Economique et le Développement:

3- Changements Climatiques:

Par ailleurs, il convient de souligner qu’à la veille du Sommet, s’est tenue une Table ronde sous la thématique « Eléphants et espèces menacées », à laquelle ont pris par le Président français et une vingtaine de Chefs d’Etat et de Gouvernement africains.

Cette thématique a été considérée comme prioritaire et constituant un enjeu pour la sécurité et la paix en Afrique, compte tenu de la recrudescence du trafic illicite et la menace qu’il fait peser sur la sécurité des Etats africains et leur développement.

L’Appel de Paris a été soumis aux participants, et sera ouverte à l’approbation d’ici à fin janvier 2014. L’appel de Paris vise principalement à mobiliser la communauté internationale et les organisations internationales concernées (CITES, Interpol, ONUDC) afin d’apporter leur soutien aux efforts africains en la matière. Dans ce sens, il a été demandé au Secrétaire Général des Nations Unies de nommer un Envoyé spécial sur la lutte contre trafic des espèces menacées et d’œuvrer pour favoriser le vote d’une résolution de l’Assemblée Générale sur cette question.

Par ailleurs, l’Appel de Paris a fait référence à la Déclaration de Marrakech, adopté à l’occasion de la tenue de la réunion de la BAD, le 30 mai 2013.

Sur le plan politique, La Déclaration ne soulève pas de remarques particulières. 3 Le Maroc, après avis, de la Direction des Affaires Juridiques et des Traités pourrait s’exprimer en faveur de l’adoption de cette Déclaration et notifier son acceptation aux autorités françaises compétentes.

II- Observations et commentaires:

Malgré les difficultés remarquées lors de la négociation de la Déclaration finale, la France a pu réaliser ses objectifs. A l’exception de quelques amendements, le projet initial n’a pas connu de changements majeurs. L’opposition ferme de la France à tout exercice de « re-drafting » du projet, ainsi que le format restreint de la réunion des MAE a permis de « verrouiller » le processus de négociation. La France a pu compter, dans cet exercice, sur ses appuis traditionnels (Afrique de l’Ouest et Centrale);

Le Sommet se veut une étape importance en perspective des prochaines échéances internationales, notamment le Sommet UE-Afrique d’ avril 2014, ce qui pourrait expliquer la volonté de la France de jouer le rôle de mobilisateur en faveur de l’Afrique au sein de de l’UE;

L’importance donnée par la France à l’UA dans le maintien de la paix et de la sécurité pourrait s’expliquer par son souci de vouloir réinstaller sa légitimité et sa présence en Afrique (la référence faite à l’Architecture africaine de paix et de sécurité, en est la parfaite illustration) et la recherche de consensus parmi des pays émergents africains qui ne portent pas forcément les mêmes visions et objectifs français sur le maintien de la paix et de la sécurité en Afrique;

Le volet économique de la déclaration n’a pas constitué une « percée » au niveau de la politique africaine de la France. A l’exception de la réunion projetée des Ministres de l’économie français et africains et la tenue d’un Forum des hommes d’affaires des deux partenaires, ce volet est demeurée modeste, au regard des attentes africaines, tenant en compte le contexte de crises économiques et financières mondiales;

Dans le cadre de ce processus, le Maroc devrait continuer à consolider et renforcer son appui à l’approche sous régionale, en s’appropriant les thématiques discutées lors du Sommet au sein des groupements tels que la CEN-SAD, la CEDEAO, la CEEAC et l’Initiative des Etats Riverains de l’Atlantique, l’objectif étant de limiter tout rôle prépondérant de l’UA. La France pour sa part devra être sensibilisée sur les incidences d’un rôle grandissant de l’UA, notamment par rapport à l’opérationnalisation de la Force Africaine en Attente;

Grâce à la mobilisation de la délégation marocaine et l’appui de la France, aucun langage controversé n’a été introduit concernant la question du Sahara marocain;

L’Algérie, privé de ses appuis traditionnels et face à la fermé du pays hôte, n’a pas cherché à donner libre cours à ses manœuvres habituelles lors de tels exercice impliquant l’UA.

Source :

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