Maroc : Un débat ouvert sur la réforme Mudawana

La réforme de la Mudawana représente un moment crucial pour le Maroc qui se trouve confronté au défi de moderniser sa société tout en préservant ses racines culturelles. Quelle que soit l’issue, le procès lui-même met en évidence la vitalité du débat public dans le pays et la volonté d’aborder des questions complexes de manière constructive.

Le Maroc est au centre d’un intense débat sur la révision du Mudawana, le Code de la famille adopté en 2004. Ce code, considéré à l’époque révolutionnaire, représentait un compromis entre modernité et tradition, introduisant des droits importants pour les femmes tout en maintenant un lien fort avec les principes de la loi islamique. Cependant, vingt ans après sa promulgation, des pressions de plus en plus fortes se font sentir pour actualiser la Mudawana, afin de répondre aux changements sociaux et aux nouveaux besoins de la société marocaine.

L’Initiative du Roi Mohammed VI

En septembre 2023, le roi Mohammed VI a lancé un processus de révision, soulignant l’importance d’harmoniser la Mudawana avec la Constitution de 2011 et les engagements internationaux du Maroc en matière de droits de l’homme. Une commission a été chargée d’examiner les lacunes du code et de proposer des solutions pour une plus grande équité entre les sexes, en tenant compte des sensibilités culturelles et religieuses du pays.

Points clés du débat

Le débat sur la réforme se concentre sur quelques questions cruciales :

Mariage d’enfants :

Bien que l’âge minimum légal du mariage soit fixé à 18 ans, des exemptions judiciaires ont permis des milliers de mariages d’enfants chaque année. Cet aspect fait l’objet de critiques de la part des organisations féministes, qui réclament la suppression totale des exceptions visant à protéger les droits des enfants.

Polygamie :

Bien qu’autorisée seulement dans des cas exceptionnels, la polygamie continue d’être pratiquée dans certaines régions du pays. Les groupes progressistes réclament une abolition définitive, arguant que cette pratique est incompatible avec les principes d’égalité des sexes.

Divorce et garde des enfants :

Les procédures de divorce, bien que simplifiées par rapport au passé, sont toujours perçues comme discriminatoires. Une révision des règles en matière de garde des enfants est également en discussion, afin d’assurer une plus grande équité entre les époux.

Droits de propriété :

Une autre question cruciale est l’égalité des droits de propriété, tant en cas de divorce qu’en cas d’héritage. La question est particulièrement délicate, car elle touche aux principes de la charia islamique.

Des réactions contrastées

Le débat a polarisé la société marocaine. D’un côté, les organisations de défense des droits des femmes et les groupes progressistes affirment que les réformes sont essentielles pour promouvoir l’égalité des sexes et aligner le Maroc sur les normes internationales. D’un autre côté, les conservateurs et les dirigeants islamistes craignent que de tels changements puissent porter atteinte aux valeurs traditionnelles et à l’identité religieuse du pays.

Le rôle de la Commission et les perspectives d’avenir

La commission compétente a présenté un projet de réforme qui est actuellement examiné par le Parlement. Ce document cherche à trouver un équilibre entre les appels à la modernisation et le respect des principes religieux, un équilibre délicat qui pourrait influencer le résultat final. Le Parlement discutera de la nouvelle version du Mudawana d’ici la fin de la session de printemps, mais le processus législatif pourrait être long et complexe.

Un tournant pour le Maroc

La réforme de la Mudawana représente un moment crucial pour le Maroc qui se trouve confronté au défi de moderniser sa société tout en préservant ses racines culturelles. Quelle que soit l’issue, le procès lui-même met en évidence la vitalité du débat public dans le pays et la volonté d’aborder des questions complexes de manière constructive.

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#Maroc #Moudawana #Femmes #Enfance

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