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On ne peut pas dire que ce soit une page glorieuse de l’histoire de l’Armée française, il s’agit d’une information pourtant souvent reprise sur les sites de type « identitaire » : les viols de masse commis par les goumiers marocains du général Alphonse Juin en Italie en 1944 après la bataille de Monte Cassino. Un fait naturellement tu par le sympathique (mais pas transcendant non plus) film de Rachid Bouchareb Indigènes.
Elle était en revanche présente dans La Ciociara/La Paysanne aux pieds nus, dans une scène traumatisante où Sophia Loren et sa fille sont victimes de viols collectifs. Datant de 1960, inutile de préciser qu’il serait impossible de ressortir quelque chose de tel au cinéma aujourd’hui pour des raisons de bien-pensance (il serait injuste de limiter le film à ce seul passage, dans son ensemble on constate que les civils italiens étaient pris en étau entre les forces de l’Axe au nord et l’avancée des Alliés au sud). Ce court extrait, choquant, est souvent repris sur les sites identitaires en question.
Au delà de l’image forte du maghrébin violeur qui ravit les haineux, j’ai été frappé en revanche que des exactions similaires avaient déjà eu lieu en Europe quelques années auparavant, là encore par des troupes coloniales marocaines : il s’agit des regulares de Franco durant la guerre d’Espagne (1936-1939). Les livres d’historiens comme Antony Beevor et Bartolomé Bennassar, pourtant peu tendres avec les républicains espagnols, les rapportent à plusieurs reprises. En matière d’ignominie le général franquiste Queipo de Llano allait très loin en appelant ouvertement au viol des femmes républicaines par ses soldats sur les ondes de Radio-Séville…
Il est frappant que ce type d’informations soit totalement absent de la « fachosphère ». En cherchant un peu c’est ironiquement sur un article d’un journal marocain (La Gazette du Maroc, 23/01/2009) que l’on retrouve la dénonciation de ces crimes :
[…] dans cette sale guerre, les marocains sont en première ligne : les hommes vont être utilisés comme des machines pour broyer, humilier, tuer. Les chroniqueurs de l’époque insistent, à tort, certes mais souvent à raison sur la férocité, voire la cruauté des mercenaires marocains. […] Le chanoine revient avec force détails sur le viol, à Zeanuri, de 24 femmes par des soldats marocains au service de Franco. Onaindía s’interroge alors sur l’opportunité pour les catholiques à soutenir les militaires. En effet, comment soutenir de prétendus défenseurs de l’Eglise qui laissent des femmes catholiques se faire violer par l’ennemi héréditaire du catholicisme : le musulman ? Dans un ouvrage très bien documenté, Maria Rosa de Madariaga, spécialiste reconnue dans les milieux scientifiques, des relations entre l’Espagne et le Maroc, revient sur ce douloureux épisode de la dictature de Franco : l’usage à profusion par ce champion du nationalisme à la sauce catholique de ces guerriers musulmans pour écraser par le sang et le feu les Espagnols. Le chercheur rappelle que ces mercenaires qui ont la bénédiction de la très catholique église espagnole officielle ont le feu vert de Franco pour le pillage, le viol et le vol au sein des populations qui font preuve de rébellion.[…] Ce sont ces images du « moro » cruel, voleur et violeur qui vont nourrir le racisme anti-marocain qui sévit jusqu’à présent au sein de la société espagnole.
Et là, mystère : silence de tous les islamophobes identitaires sur le sujet!
Notons encore que le fameux slogan No Pasaran! pouvait être entendu comme « Los moros no pasaran. » (source pour la chanson). On comprend pourquoi tellement la symbolique est forte! Mais là encore, il y a une amnésie générale.
Source : Blog notes, 29 octobre 2017
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