L’union entre le Maroc et la Libye était un moyen de pression sur les Etats-Unis (documents déclassifiés)

Le président américain refuse de rencontrer le roi Hassan II en raison de l’union proclamée entre le Maroc et la Libye.

250. Télégramme de l’Ambassade au Maroc au Département d’État

9721.
Rabat, le 11 octobre 1985, 09h14Z

D pour le Secrétaire adjoint Whitehead ; P pour le Sous-secrétaire Armacost ; NEA pour le Secrétaire adjoint Murphy ; Département, veuillez transmettre à la NSC pour M. McFarlane.
Objet : Le roi Hassan annule sa visite prévue aux États-Unis.

(C—Texte intégral).

2. Abdelfattah Frej, secrétaire du roi Hassan, et le ministre des Affaires étrangères Filali ont informé séparément l’ambassadeur le 11 octobre que Hassan a décidé de ne pas assister aux célébrations du 40e anniversaire de l’ONU comme il l’avait prévu depuis longtemps. Les deux responsables marocains ont d’abord attribué cette décision à la prolifération d’événements régionaux monopolisant son attention, mais ont ensuite laissé entendre de manière indirecte que la véritable raison de cette annulation réside dans l’incapacité des gouvernements marocain et américain (GOM-USG) à organiser une réunion privée entre Hassan et le président Reagan durant la visite prévue. Cela confirme les signaux fragmentaires que nous avions commencé à recevoir au début de cette semaine de sources proches du Palais, indiquant qu’Hassan pourrait bien annuler si une réunion présidentielle n’était pas envisagée, tout en invoquant officiellement les développements régionaux pour justifier l’annulation.

3. Dans son discours d’ouverture du Parlement, tard le 11 octobre, Hassan a lui-même annoncé publiquement qu’il avait décidé de ne pas se rendre à New York « pour plusieurs raisons ».

4. Le Premier ministre Karim Lamrani dirigera désormais la délégation marocaine à New York pour les célébrations de l’anniversaire. Il prévoit de quitter le Maroc le 18 octobre pour arriver à New York le 19 octobre. Le Premier ministre sera précédé à New York par Filali. (Un télégramme séparé donne davantage de détails sur leur voyage et leur espoir de rencontrer des responsables américains de haut niveau.) Nous supposons, et recommandons vivement, que le Premier ministre soit invité à la réception du président le 23 octobre maintenant qu’Hassan restera ici. Filali et son épouse ont accepté l’invitation du président.

5. Hassan est clairement déçu de l’impossibilité d’organiser une rencontre avec le président. D’après leurs récents commentaires, les proches collaborateurs d’Hassan, notamment Filali, attribuent cette absence de rencontre à des préoccupations persistantes du gouvernement américain concernant l’union entre le Maroc et la Libye. Bien que nous ne prévoyions aucun changement spectaculaire dans les relations américano-marocaines dans les mois à venir, nous pensons que les choses risquent de stagner et qu’il n’y aura pas beaucoup de progrès dans aucun domaine tant que le président et Hassan n’auront pas l’occasion de se rencontrer en face à face pour des discussions franches, comme l’ambassade l’a recommandé dans le télégramme Rabat 9058.

L’ambassadeur recommande vivement que le Département d’État et la Maison-Blanche placent Hassan en tête de liste des visiteurs d’État ou officiels pour le premier semestre 1986 et que nous soyons prêts à informer rapidement le gouvernement marocain de notre disposition à planifier une telle visite. Informer le gouvernement marocain à ce sujet apaiserait la blessure et l’embarras actuels d’Hassan tout en préparant le terrain pour une rencontre (au plus haut niveau) qui devrait contribuer largement à protéger et à renforcer les intérêts américains dans les années à venir.

Nassif

1. Source : Département d’État, Fichier central de politique étrangère, Télégrammes électroniques, D850729–0163. Confidentiel ; Immédiat. Transmis pour information à l’USUN.↩

2. Dans le télégramme 9722 de Rabat, le 11 octobre, l’ambassade a rapporté que Filali avait déclaré à Nassif qu’il « retournerait à New York mardi prochain, le 15 octobre, pour de nouvelles discussions sur les affaires de l’Assemblée générale des Nations Unies (notamment le Sahara occidental). » Karim-Lamrani, quant à lui, arriverait le 19 octobre. L’ambassade a indiqué qu’il « espérait vivement rencontrer le vice-président Bush. » (Département d’État, Fichier central de politique étrangère, Télégrammes électroniques, D850729–0172)↩

3. Dans le télégramme 9058 de Rabat, le 25 septembre, Nassif a rapporté qu’il avait été convoqué par Basri, qui lui avait dit que le roi souhaitait le rencontrer plus tard dans la journée pour discuter de la visite prochaine d’Hassan à New York. Nassif a poursuivi : « Je suppose que la demande urgente du roi de me voir fait suite à la réception par lui d’un message de l’ambassadeur Jorio indiquant que le président ne pourra pas recevoir Hassan à New York. » Nassif a prédit qu’Hassan « insisterait presque certainement pour que la Maison-Blanche reconsidère sa décision. » (Département d’État, Fichier central de politique étrangère, Télégrammes électroniques, D850682–0764)↩

Source : Département d’Etat

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