Le Maroc renforce sa puissance aérienne avec le Bayraktar Akinci

Le drone Akinci est le dernier achat technologique du Maroc et émerge comme un outil important dans sa stratégie de lutte contre le terrorisme

Avec l’incorporation imminente de drones turcs de pointe dans son armée de l’air, le Maroc confirme son désir de devenir la puissance hégémonique en Afrique du Nord tout en suscitant des inquiétudes en Espagne. Le nouveau drone Bayraktar Akinci dispose de plus d’autonomie, de portée, de capacité de transport et d’armement de précision. Peut-il être un allié pour la sécurité des deux pays ? Ou une menace potentielle ?

Óscar Ruiz / Escudo Digital

Dans un mouvement qui confirme son ambition de dominer le paysage militaire de l’Afrique du Nord, le Maroc se prépare à intégrer des drones Bayraktar Akinci fabriqués en Turquie en 2025, un bond technologique sans précédent (jusqu’à présent) dans sa flotte. Avec une autonomie de 25 heures et un armement de précision, ces systèmes avancés renforcent les capacités des Forces Armées Royales (FAR) et génèrent des « doutes » en Espagne et dans les pays voisins quant à l’impact de cette avancée sur la stabilité régionale.

Plus de technologie turque pour le Maroc à partir de février 2025, comme l’ont annoncé plusieurs médias. La flotte de drones marocaines possède déjà 19 drones Bayraktar TB2 acquis en 2021. Le nouvel appareil dispose d’une capacité de charge utile accrue, lui permettant de transporter divers types de munitions, y compris des missiles guidés de précision.

Le Bayraktar Akinci est un drone de combat turc de haute technologie, avec une envergure de 20 mètres et conçu par Baykar, qui se distingue par sa capacité de charge utile allant jusqu’à 1 500 kilogrammes, une autonomie de vol de 25 heures et une portée de 7 500 km. Équipé de radar AESA, de systèmes de communication par satellite et d’armement avancé tel que des missiles de croisière SOM et des bombes guidées, l’Akinci peut réaliser des missions de reconnaissance, de surveillance et de frappes de précision à longue portée.

Toutes ces caractéristiques permettront au royaume alaouite de l’utiliser dans des opérations à longue portée et dans des zones « compliquées » pour Rabat. L’Akinci est conçu pour des missions complexes et dispose d’un large éventail d’armements, y compris des missiles balistiques air-sol TRG-230 Kaplan, des missiles de croisière SOM et des bombes Tolum.

C’est aussi le premier drone capable de lancer un missile de croisière lancé depuis l’air (ALCM), une avancée technologique qui améliore considérablement les capacités de défense du Maroc. D’autres munitions disponibles incluent le missile guidé par laser Cirit, le missile anti-chars à longue portée L-UMTAS, les munitions Bozok et plusieurs missiles air-air, développés en collaboration avec le Conseil de Recherche Scientifique et Technologique de Turquie (Tübitak Sage).

Précision élevée et frappes chirurgicales

Le Bayraktar Akinci est la dernière aventure technologique du Maroc et émerge comme un outil important dans sa stratégie de lutte contre le terrorisme et les menaces asymétriques. Ce drone de haute précision, équipé de systèmes de détection avancés et capable de réaliser des frappes chirurgicales, permet de sécuriser des zones stratégiques, notamment aux frontières, tout en minimisant le risque pour le personnel déployé.

Avec son acquisition, le Maroc renforce non seulement sa propre sécurité nationale, mais élargit également sa capacité à surveiller de vastes territoires et à répondre rapidement à tout défi. Sa polyvalence opérationnelle et sa haute technologie en font une pièce maîtresse du système de défense du pays, consolidant sa position en tant qu’acteur de plus en plus influent dans la région.

En ce qui concerne la sécurité de l’Espagne, l’Akinci pourrait représenter une menace potentielle en rééquilibrant le rapport de forces militaires en Afrique du Nord, en élargissant la capacité du Maroc à mener des opérations offensives ou de surveillance dans des zones sensibles. Sa portée pourrait théoriquement couvrir des zones stratégiques dans le sud de l’Espagne, comme le détroit de Gibraltar, augmentant ainsi la nécessité d’une surveillance renforcée du flanc sud. Comme toujours, toute acquisition d’armement par notre voisin doit être étudiée et des mesures appropriées prises pour maintenir le principe de « dissuasion crédible » avec Rabat.

Investissement accru dans la défense

En plus des drones Akinci, le Maroc a réalisé certaines acquisitions militaires intéressantes ces dernières années et a certainement l’intention de renforcer davantage son arsenal de défense. Tout cela, en plus de l’effort majeur qu’il déploie pour développer considérablement son industrie de défense, favorisant ce type d’économie tout en réduisant sa dépendance militaire vis-à-vis des puissances étrangères.

Les livraisons des 13 drones Bayraktar TB2 achetés en 2021 ont commencé en septembre dernier. En avril 2023, le Maroc a déboursé 524 millions de dollars pour acquérir des systèmes de roquettes d’artillerie HIMARS auprès des États-Unis, renforçant ainsi sa capacité de frappe à longue portée. Le Maroc prévoit également l’achat de 25 chasseurs F-16C/D Block 72 et la modernisation de 23 F-16 au modèle F-16V, ce qui améliorera considérablement sa capacité aérienne. Et déjà dans l’espace, en juillet 2024, le Maroc devrait acquérir un satellite espion Ofek 13 de Israel Aerospace Industries dans un contrat d’une valeur de 1 milliard de dollars, ce qui renforcera ses capacités de surveillance et de renseignement.

Óscar Ruiz
Expert en migration et analyste international
Ancien marin d’infanterie avec plus de 30 ans d’expérience. Neuf ans affecté au siège de l’OTAN en Belgique et à Sarajevo, où il a occupé des fonctions de renseignement et de sécurité de l’information.
Missions militaires en Afrique, en Amérique et en Europe. Conférencier et intervenant sur des sujets tels que le terrorisme djihadiste, les défis migratoires et la sécurité maritime.

Source : The Diplomat in Spain, 20/11/2024

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