Le secteur de la pêche en état critique après l’annulation des accords UE-Maroc

La Cour de Justice de l'UE a définitivement annulé les accords commerciaux agricoles et de pêche entre l'UE et le Royaume du Maroc.

La Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) a définitivement annulé les accords commerciaux agricoles et de pêche entre l’UE et le Royaume du Maroc. Il n’y avait pas de consentement de la population du Sahara occidental, essentiel car le contenu affectait ce territoire, et ils sont donc invalidés.

Le verdict est tombé comme un coup de massue sur le secteur primaire espagnol, qui ne s’attendait qu’à moitié à ce résultat et qui fait maintenant face à un avenir incertain.

Un avenir incertain pour le secteur de la pêche, qui avertit que cela pourrait être une « sentence de mort » pour ceux qui pêchent dans le Golfe de Cadix, tandis qu’il apporte un répit pour les producteurs espagnols de tomates et de fruits rouges, qui voient une réduction de la « concurrence déloyale » pratiquée par le Maroc, selon leurs dénonciations.

Un mélange d’impacts après un coup dur qui, selon le gouvernement, ne changera pas les relations avec le Maroc. « Si quelqu’un pense qu’un jugement de la Cour de Justice remettra en question la stabilité des relations du Maroc avec l’Espagne ou avec l’Union Européenne, il se trompe », a déclaré le ministre de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation, Luis Planas, à la veille de l’arrêt.

Mais les pêcheurs ne partagent pas cet optimisme. « C’est un nouveau défi pour le secteur de la pêche espagnol et européen », affirme Javier Garat, secrétaire général de la Confédération Espagnole de la Pêche (Cepesca), dans des déclarations à EL ESPAÑOL-Invertia. Surtout pour les pêcheurs andalous.

Le Golfe de Cadix

Les eaux désormais interdites d’accès ont historiquement été une zone de pêche pour les Andalous, Galiciens et Canariens, qui y pêchaient même avant que l’Espagne ne rejoigne la Communauté Économique Européenne (CEE), précurseur de l’UE, dans les années 1980.

Jusqu’en juillet de l’année dernière. À ce moment-là, l’accord avec le Maroc a expiré, et avec la décision de la CJUE en attente, ceux qui détenaient les 92 licences de pêche dans la région accordées à l’Espagne – le pays qui détient la majorité des 138 licences délivrées – ont cherché des alternatives pour continuer à pêcher.

La flotte galicienne est partie dans les eaux de la Mauritanie ; les Canariens ont continué à pêcher du thon dans leurs eaux et les Andalous se sont réfugiés dans le Golfe de Cadix, une zone qui craint d’être épuisée : la Commission a proposé que le quota de pêche d’anchois soit réduit de 54% lors de la prochaine répartition en cours de négociation ces jours-ci, et celui des sardines est également limité. Ce sont les deux espèces les plus importantes de la région.

« Compte tenu de la perte des eaux marocaines, cela revient à fermer la porte à la recherche d’opportunités extérieures », estime Garat, qui appelle la Commission à « réfléchir à ce qu’elle fait » et à être flexible, en tenant compte du jugement de la CJUE.

Car ce que craignent les professionnels de Barbate, Algésiras, Conil et Tarifa, c’est un amarrage de la flotte, une perte d’emplois et de richesses. « La flotte du Golfe de Cadix est sous une énorme pression. Ils sont soumis à plus de pression de pêche et sont exposés à ce risque. Cela pourrait être une sentence de mort pour de nombreux pêcheurs du Golfe », avertit-il.

Pendant ce temps, les producteurs espagnols de tomates et de fruits rouges ressentent un soulagement. La disparition des accords agricoles est perçue très positivement par la Fédération Espagnole des Associations de Producteurs et Exportateurs de Fruits, Légumes, Fleurs et Plantes Vivantes (Fepex), qui pointe du doigt l’utilisation par le Maroc de produits provenant du Sahara.

Ces fruits et légumes, souligne-t-il, « constituent une part croissante des exportations marocaines vers l’UE », et le fait que le Maroc les commercialise comme étant les siens entraîne « un impact très négatif sur les prix et les produits espagnols très sensibles », tels que les tomates et les fruits rouges.

Selon les données de Fepex, au cours des dix dernières années, les importations de tomates dans l’UE en provenance du Maroc ont augmenté de 42%, passant de 345 416 tonnes en 2014 à 491 908 tonnes en 2023.

Pendant ce temps, au cours de ces dix années, les exportations espagnoles de tomates vers l’UE ont chuté de 43%, passant de 786 598 tonnes en 2014 à 448 004 tonnes en 2023, selon les données d’Eurostat.

Sur le marché national, selon les données des douanes traitées par Fepex, les importations de fruits et légumes en provenance du Maroc ont augmenté de 224%, passant de 135 000 tonnes en 2012, année de l’entrée en vigueur de l’accord, à 438 000 tonnes en 2023, pour une valeur de 123 millions d’euros en 2012 à 899 millions d’euros en 2023.

Source : Top Buzz Times, 05/10/2024

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