Sénégal : La double récompense de Macky Sall

Pour ne pas répondre de ses crimes, l'ex président du Sénégal Macky Sall s'est installé au Maroc avec sa famille.

L’élection de Diomaye Faye, 44 ans, à la présidence du Sénégal a été plutôt surprenante à bien des égards. Faye a pris ses fonctions de président le 2 avril 2024, moins de trois semaines après sa sortie de prison, en compagnie de son mentor, le principal chef de l’opposition Ousmane Sonko.

Avant leur libération, le pays était en proie à des troubles politiques après que le président sortant Macky Sall ait ordonné le report des élections d’avril. La décision de Macky Sall de retarder le vote avait été motivée par ses efforts pour imposer le Premier ministre Ba comme son successeur, une décision considérée par beaucoup comme un moyen de protéger les intérêts de la France dans le pays face à la victoire garantie de l’opposition dirigée par le très populaire Ousmane Sonko. Cela a déclenché une réaction populaire qui a conduit à des émeutes meurtrières.

L’objectif du président Macky Sall était d’empêcher l’émergence d’une nouvelle génération de politiciens dans la région qui réclament plus de souveraineté, un message adressé à la France, le duo Sonko-Fay insistant sur le panafricanisme comme voie à suivre. Laisser Sonko prendre le pouvoir était perçu par la France comme un risque majeur, apportant ainsi un soutien implicite à Macy Sall et à son projet d’imposer le Premier ministre Ba comme futur président.

Les pressions extérieures ont très probablement forcé le président sortant à abandonner sa quête d’instaurer un régime antidémocratique. Il est possible que les États-Unis l’aient convaincu d’abandonner et de ne pas suivre la voie choisie par la France, risquant clairement de répéter ce qui s’est passé au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Permettre au peuple sénégalais de choisir ses dirigeants pourrait empêcher un coup d’État dont personne ne veut dans une région critique de l’Afrique de l’Ouest.

Le président sortant Macky Sall a refusé de prendre part à la cérémonie de passation de pouvoir à Faye. Il a préféré fuir au Maroc pour se réfugier dans une luxueuse villa de Marrakech offerte par le roi Mohammed VI en guise de récompense pour les services rendus contre l’Algérie et le Front Polisario en Afrique où, selon des notes diplomatiques marocaines divulguées par le hacker français Chris Coleman, le Sénégal était à la tête du lobby marocain qui préparait l’adhésion du Maroc à l’Union Africaine et conspirait contre la RASD.

En effet, selon un email envoyé par un haut respomsable de la diplomatie marocaine, le Sénégal est le « chef de file » du « noyau dur » des « amis (les Représentants Permanents des pays amis accrédités auprès de l’UA) du Maroc.

Sa deuxième récompense est venue de l’Elysée. Depuis janvier 2024, Macky Sall est envoyé spécial pour le Pacte de Paris pour les peuples et la planète, issu du Sommet de Paris pour un nouveau Pacte financier mondial.

Ainsi, Macky Sall s’est assuré une retraite dorée loin du Sénégal, où il n’a pas osé rester en raisons de ses crimes. A cet égard, le collectif des victimes du régime de Macky Sall a saisi le Roi Mohammed VI du Maroc. « Macky Sall, en quittant le pouvoir, a laissé derrière lui un pays endeuillé par une gouvernance marquée par le sang et les larmes de centaines de victimes. Il s’agit de la pire période qu’ait connue notre nation », indique la lettre.

Dans le document, il est noté que plus de « 80 morts » ont été recensés lors des manifestations politiques, des disparus, des citoyens désespérés forcés à l’exil ou ayant péri en Méditerranée. « Des détentions arbitraires ont eu lieu, laissant de nombreuses personnes dans des conditions difficiles, assoiffées de justice et en quête de vérité ».

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