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par Mustapha Aggoun
Depuis des décennies, les États africains réclament une réforme structurelle du Conseil de sécurité de l’ONU, en particulier l’attribution de deux sièges permanents à des nations africaines. Cette demande, qui remonte aux débuts de l’après-guerre, n’a jamais été prise en compte, alors que le monde a profondément changé. En effet, cet organe central dans la gouvernance mondiale n’a pas évolué depuis la Seconde Guerre mondiale, une période où l’Afrique était encore sous le joug colonial. Aujourd’hui, avec l’indépendance de tous les pays africains et leur influence croissante sur la scène mondiale, cette absence de représentation permanente au Conseil de sécurité est perçue comme une profonde injustice.
L’Afrique est aujourd’hui un acteur majeur dans les Affaires mondiales, tant sur le plan économique que géopolitique. Le continent abrite certaines des ressources les plus stratégiques, telles que le pétrole, le gaz, les minerais rares et les terres arables, qui alimentent une grande partie de l’économie mondiale. Pourtant, malgré son poids considérable, l’Afrique reste sous-représentée dans les Instances internationales, y compris au Conseil de sécurité. Cette réalité devient, d’autant plus paradoxale, que la majorité des crises humanitaires, des conflits armés et des défis sécuritaires se concentrent sur ce continent, faisant de l’Afrique une priorité centrale pour la paix et la stabilité mondiales. Or, il est difficile de garantir une paix durable et une sécurité effective sans inclure directement les Africains dans la prise de décision.
Dans ce contexte, l’obtention de deux sièges permanents pour des pays africains ne relève pas seulement d’une question de représentation symbolique, mais d’une nécessité stratégique. Les pays africains, par leur expérience, leur connaissance profonde des réalités locales et régionales, sont mieux placés pour proposer des solutions concrètes et viables aux problèmes qui affectent le continent. Ils sont également en mesure de porter une voix plus authentique dans les discussions internationales sur les questions de développement, de sécurité et de climat, qui ont un impact direct sur l’Afrique.
La question du choix des deux pays qui occuperont ces sièges permanents est primordiale. Il ne s’agit pas seulement de désigner deux nations influentes, mais de sélectionner celles qui peuvent, réellement, porter la voix de l’Afrique de manière unie et constructive. Ces pays doivent être des exemples de stabilité politique et sociale, tout en ayant une diplomatie active et un engagement solide envers la paix sur le continent. En outre, leur poids économique et leur capacité à dialoguer avec les grandes puissances internationales seront des atouts essentiels pour renforcer leur crédibilité.
L’Algérie, en tant que candidate probable pour l’un de ces sièges, présente de nombreux atouts qui la distinguent sur la scène panafricaine et internationale. Son histoire révolutionnaire et son engagement indéfectible en faveur de l’indépendance des peuples africains et de la décolonisation font de ce pays un véritable porte-étendard du panafricanisme. Aux côtés de l’Afrique du Sud, elle demeure l’un des rares pays à maintenir une politique étrangère résolument tournée vers la défense des intérêts du continent, se positionnant ainsi comme un bastion de résistance face aux influences néocoloniales. De plus, l’Algérie a toujours adopté une approche équilibrée dans ses relations internationales. Elle a su entretenir des liens solides avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, tout en conservant une politique indépendante, fidèle à ses principes de non-ingérence et de diplomatie active pour la paix.
Cet équilibre lui confère une position de médiateur crédible, capable de dialoguer aussi bien avec l’Occident qu’avec les autres blocs géopolitiques. Son rôle dans la résolution des conflits régionaux, que ce soit au Mali ou en Libye, témoigne de sa capacité à être un acteur clé dans la stabilité du continent. La réforme du Conseil de sécurité, en intégrant des sièges permanents pour l’Afrique, marquerait une avancée historique vers une gouvernance mondiale plus équitable et plus représentative.
L’Algérie, par son engagement en faveur de l’Unité africaine, sa politique panafricaine cohérente et ses relations diplomatiques équilibrées, s’impose naturellement comme un candidat de choix. Sa contribution au maintien de la paix et son rôle moteur dans la coopération africaine, la placent au cœur des discussions sur l’avenir du continent dans les instances internationales.
Source : Le Quotidien d’Oran
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