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Les non-dits de la politique africaine du Maroc

Morocco tried to reactivate CEN-SAD before backing out at the last minute after agreeing to host a summit of the organisation.

Dans ses relations avec l’Afrique, il y a un avant et un après l’adhésion du Maroc à l’Union Africaine.

Avant, le Maroc se contentait d’une présence limitée aux conférences ministérielles africaines sectorielles qui préexistaient à l’Union Africaine et auxquelles le Maroc était membre.

La question du Sahara Occidental étant le principal moteur de l’action de la diplomatie marocaine, un effort majeur a été consacré à la recherche d’une entité pour encadrer la lutte contre l’influence de l’Algérie et de l’Afrique du Sud dans le continent africain et avorter toute initiative africaine dans le contentieux du Sahara Occidental.

Dans ce contexte, Rabat a essayé de réactiver la CEN-SAD avant de se rétracter à la dernière minute après avoir accepté d’accueillir un sommet de cette organisation. “Au plan politique, la CEN-SAD est la seule et unique organisation, qui offre un espace d’ouverture régionale au Maroc, avant son adhésion à l’UA. Cette organisation, qui regroupe 24 pays africains dont la majorité appartient à la zone Saharo-Sahélienne, constitue le cheval de Troie du Maroc pour s’imposer dans la zone Saharo-Sahélienne avec pour objectif de faire échec à l’Algérie dans cette zone stratégique”, soulignait une note diplomatique.

Le Maroc envisage de retourner à l’Union Africaine depuis 2012, l’année d’élection de Mme Dlamini-Zuma à la tête de la Commission Africaine. Celle-ci deviendra très vite le bouc émissaire du Maroc à cause de ses initiatives visant à faire pression sur le Conseil de Sécurité dans la question du Sahara Occidental.

Au mois de juillet, le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, présidée par l’algérien Smail Chergui, propose au Sommet de Malabo la désignation de l’ancien président mozambicain Joachim Chissam envoyé spécial de l’UA pour le Sahara Occidental. Suite à sa nomination, il prendra immédiatement contact avec le dénommé Groupe d’Amis du Secrétaire Général pour le Sahara Occidental (USA, France, Espagne, Royaume Uni, Russie).

Dorénavant, les principales instances de l’Union Africaine, la Commission Africaine et le CPS deviendront la bête noire du Maroc qu’il considère comme une brêche par laquelle les alliés des sahraouis peuvent entrer pour glisser leurs initiatives visant à inscrire la question du Sahara Occidental dans l’agenda des Sommets de l’UA.

Ainsi, éviter que la question sahraouie “ne soit récupérée au sein de l’UA par les adversaires du Maroc” et conrtrecarrer les “manœuvres de l’UA d’interférer et de s’impliquer dans le processus onusien de règlement de la  » question du Sahara », selon les termes d’une note diplomatique, devient un objectif premier de la diplomatie marocaine dans le continent africain.

Au Conseil Paix et Sécurité siègent actuellement la République du Congo, Kenya, Égypte, Zambie. Nigeria, (jusqu’à mars 2019) et Burundi, Tchad, Rwanda, Ouganda, Algérie, Botswana, Niger, Sierra Leone, Togo (jusqu’au mois de mars 2018). Une configuration largement favorable au Maroc. Selon une note de Tagma, le rapport de forces au COREP est aussi favorable à Rabat.

“Le Maroc a toujours considéré les relations avec l’Afrique une priorité de la politique étrangère pour plaider sa souveraineté sur le Sahara Occidental”, dixit une note du ministère marocain des affaires étrangères qui indique à quel point les ambitions expansionnistes du Maroc conditionnent sa diplomatie.

Dans un premier temps, le Maroc a essayé de contourner l’Union Africaine en renforçant sa présence dans les pays que les notes diplomatiques marocaines qualifiaent de “premier cercle”, à savoir le Sénégal, la Cote d’Ivoire, la Guinée et le Gabon. “Ce renforcement du partenariat stratégique avec ses pays-clés est inscrit dans la priorité de l’action diplomatique en Afrique”, indique la même note.

Au même temps, des démarches ont été entreprises dans le but d’infiltrer toutes les organisations de masses relevant de l’Union Africaine: jeunesse, sports, culture, etc, ainsi que les conférences ministérielles africaines sectorielles qui préexistaient à l’Union Africaine et auxquelles le Maroc était membre. Les activités dans ces organisations ont permis au Makhzen de projeter au niveau intérieur une image d’un Maroc actif dans le continent africain.

Dans ce cadre s’inscrivaient les tentatives du Maroc de parasiter toutes les organisation régionales africaines, en particulier celles liées au conflit malien et à la situation au Sahel où l’Algérie s’est imposé comme puissance régionale reconnue. Pour Rabat, “le Mali a été exclu du champ d’action diplomatique du Maroc, en raison de son soutien à la République Arabe Sahraouie Démocratique d’une part et d’autre part du retour en force de l’Algérie sur la scène malienne”.

Le Maroc, affolé, cherche le moyen de s’aficher comme puissance et acteur influent dans une région où les intérêts de la France sont menacées. Ouali Tagma propose alors de réactiver la CEN-SAD.

Les diplomates marocains relèvent un obstacle majeur devant la stratégie économique du Maroc en Afrique: le positionnement de l’Union Africaine en tant “qu’interlocuteur privilégié voire exclusif des acteurs internationaux dans le cadre des partenariats régionaux avec les pays ci-aprés Union Européenne, Japon, Chine, France, Etats Unis, Corée, Pays Arabes, Amérique du Sud, Turquie, Inde, Russie, Thaïlande, Vietnam”.

L’adhésion à l’Union Africaine constitue une nouvelle étape de la politique africaine du Maroc. Le CPS pourrait être utilisé  afin d’éviter un débat au sein du COREP puisqu’il fait rapport directement a la Conférence des Chefs d’Etat. En effet la matrice de la Décision de Janvier mentionne le CPS comme étant l’organe responsable de sa mise en oeuvre alors que la Décision mandate la Présidente de la Commission. Le recours a cette manœuvre de contournement pour escamoter le débat serait non conforme du point de vue procédural puisque la Décision stipule que le Rapport sur le Sahara doit être présenté au Conseil Exécutif (et donc au COREP ) par la Présidente de la Commission Cependant, l’UA  n’étant pas spécialement connue pour son orthodoxie en matière de respect des procédures il n’est pas exclu que le CPS soit utilisé pour atteindre les objectifs qui ne peuvent l’être autrement, c’est a dire en passant par le COREP où le rapport de forces est assez favorable a notre pays.
La vigilance est absolument nécessaire pour faire échec a cette éventualité.

SOURCES :

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