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Le positionnement du Maroc en Afrique dans la Conférence des Ambassadeurs marocains

Les positions des Etats d´Amérique Centrale et ceux des Caraïbes restent contradictoires et marquées par les tendances idéologiques qui arrivent au pouvoir

Problématique : Positionnement du Maroc sur le Continent Africain
Faite par : M. Taleb BERRADA
Ambassadeur de Sa Majesté au Sénégal

Depuis l’avènement de Sa Majesté Le Roi Mohammed VI, la politique africaine du Royaume s’est inscrite dans une nouvelle dynamique dont les fondements reposent sur la coopération sud-sud et la solidarité.

L’Afrique est érigée en priorité selon la volonté politique exprimée au plus haut niveau.

Les visites Royales en Afrique subsaharienne sont venues accompagner et revigorer sur le terrain, l’action diplomatique que mène le Département en direction des pays d’Afrique. Désormais, le positionnement du Maroc dans la partie subsaharienne de notre continent, est un objectif stratégique qu’il appartient à notre Diplomatie de mettre en oeuvre.

I/ Defense des interets du continent et quête de soutien politique à notre cause nationale

A/ Le Maroc a inscrit au premier rang des préoccupations de son action diplomatique, la défense des intérêts vitaux de notre continent.

Cela se vérifie dans le cadre de la lutte pour l’indépendance des pays lusophones d’Afrique, des interventions dans le cadre d’organisations internationales spécialisées et à l’occasion de ses mandats au sein du conseil de sécurité des Nations Unies et particulièrement le mandat actuellement en cours où la crise malienne a été au coeur des actions de la présidence marocaine.

B/ A l’occasion des grandes réunions internationales ou interafricaines, des démarches sont engagées en vue d’un soutien politique à nos positions et à l’endroit de notre cause nationale.

Dans la pratique, les visites Royales ont permis une plus grande compréhension et disponibilité des autorités visitées à l’égard de notre question nationale.

En plus des autorités politiques, d’autres actions sont menées envers les parlementaires, les partis politiques, les médias, les ONG et la société civile à travers le tissu associatif auprès desquels sont souvent enrôlés les pétitionnaires devant la quatrième commission des Nations Unies.

II/ Partenariat au Développement et Ouverture Economique et Commerciale aux Marchés Régionaux du Continent

A/ -La coopération sud-sud est l’un des concepts visant à privilégier la mise en place d’un partenariat avec les pays africains, que Sa Majesté Le Roi a voulu « stratégique, multiforme et volontariste ».

Coopération sud-sud, mais aussi coopération tripartite, notamment à travers les domaines où le Maroc dispose d’une expertise avérée et d’un savoir-faire reconnu par nos partenaires au développement, et ce, spécifiquement dans les secteurs ci-après :

– La formation des ressources humaines ;
– L’Agriculture, la Pêche ;
– Les pluies provoquées ;
– La lutte anti- acridienne ;
– Les secteurs financiers, bancaires et des assurances ;
– Celui des Mines et des BTP ;
– L’Electrification Rurale…

C’est ainsi que plusieurs projets de partenariat et de coopération tripartite, sont exécutés par nos experts et pilotés par l’AMCI.

B/ -Sur un autre plan, la promotion économique et commerciale du Royaume demeure l’une des missions primordiales de nos Représentations Diplomatiques en Afrique.

Il s’agit principalement de favoriser la pénétration par nos entreprises, des marchés régionaux de notre continent et particulièrement les marchés de proximité que sont d’une part, l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) et d’autre part, la CEDEAO et la CEMAC.

Pour l’UEMOA, il est à noter que depuis l’entrée en vigueur du Tarif Extérieur Commun en L’an 2000, tous les accords commerciaux bilatéraux avec des pays hors de l’Union, avaient été suspendus. Le Royaume du Maroc avait été le premier pays à proposer la conclusion d’un nouvel accord commercial et d’investissement avec l’UEMOA. Les listes avaient été finalisées après neuf rounds de négociations en 2008.

Certains pays membres craignant pour leurs industries naissantes et embryonnaires n’ont pas permis la signature de l’Accord, d’autant plus que d’autres pays d’Afrique du Nord et ceux du Conseil de coopération du Golf emboitent le pas au Maroc.

L’UEMOA qui récuse le libre-échange a également mis en veilleuse la signature des Accords de partenariat économique avec l’Union Européenne.

Je voudrais préciser que l’intérêt grandissant du Royaume pour le renforcement de la présence effective de nos entreprises dans les pays subsahariens, notamment en Afrique de l’Ouest, a érigé cet espace régional, en première zone destinataire de nos Investissements directs à l’Etranger.

L’orientation stratégique étant fixée, nos Représentations Diplomatiques sont appelées à s’investir dans le sens d’accompagner et de soutenir nos entreprises dans leur prospection, leurs contacts et leur positionnement sur les marchés porteurs.

Quant à nos sociétés nationales, elles sont exhortées à plus d’audace pour la conquête de marchés et à oeuvrer dans un esprit de crédibilité visant le respect des engagements pris.

Permettez-moi avant de conclure, de donner un petit aperçu sur un aspect de la tradition diplomatique du Maroc dans l’espace Ouest Africain, lié à la présence religieuse du Maroc dans cette région.

Coopération cultuelle

Comme vous le savez, le Royaume repose sur deux piliers, la Monarchie et l’Islam « Sunnite ».
Sa Majesté le Roi est considéré dans sa qualité de Amir AL Mouminine et les familles religieuses de la Tijania organisent annuellement leurs journées culturelles sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

Aujourd’hui, la coopération avec les pays d’Afrique de l’Ouest a pris de l’ampleur à travers la Zawiya Tijania et aussi de la Kadiria dans certains pays.

C’est un instrument d’influence et de proximité avec la population, la société civile et même les autorités politiques.

Proposition : Il est important pour le Maroc à travers ce volet, d’assurer la continuité de sa présence religieuse en Afrique de l’Ouest par une meilleure implantation de sunnisme qui ferait obstacle à l’avancée du wahabisme et du chiisme dans les pays de l’Ouest Africain. C’est primordial, il y va de nos intérêts.

Conclusion : Difficultés et Défis

A/ L’absence du Maroc de l’Union Africaine pose la problématique de l’ensemble des difficultés auxquelles notre Diplomatie est confrontée au quotidien.

Il est utile de noter à ce sujet que des pays africains dans leur majorité, ont tendance à vouloir naturellement placer les réunions sectorielles ministérielles ou d’experts, sous l’égide de l’Union Africaine, ce qui exclue d’office le Maroc de ces réunions.

Depuis l’élection de la sud-africaine, Madame Nkosazana Dlamini-Zuma, à la tête de la Commission de l’UA, les tenants de l’axe Afrique du Sud-Nigéria-Algérie ont plus de facilités d’actions hostiles au Maroc, ce qui appelle de notre part une plus grande vigilance et une stratégie visant à annihiler ces actions préjudiciables.

Que proposer dans ce cadre ?

Pour l’instant et en attendant cette échéance du retour, ou plutôt d’adhésion, il est souhaitable de créer au sein du Département et la Direction Afrique, un Service ou une Division, dédiée exclusivement au suivi des rencontres, sommets, ainsi que décisions et recommandations de l’Union Africaine, afin de mieux asseoir notre stratégie vis-à-vis de l’Union Africaine. Concernant le prochain rapport de l’Union Africaine, visant à réintroduire la question du Sahara à l’ordre du jour de l’Union Africaine, et celui sur les Droits de l’Homme au Sahara, il serait utile d’anticiper et d’approcher les pays Amis à l’occasion de l’Assemblée Générale des Nations-Unies.

Quel est le message à faire véhiculer auprès de ces pays ?

En plus des éclaircissements sur l’évolution de la Question nationale et sur les enjeux ponctuels, leur demander surtout de prendre la parole lors de la prochaine réunion d’experts et celles des Ministres de l’Union Africaine pour rejeter à nouveau les conclusions de ce rapport tendancieux.

B/ Concernant les défis sécuritaires, il est à noter que la région sahélosaharienne constitue la profondeur stratégique et sécuritaire du Royaume.

Notre sécurité commence dans cette région, dont les pays entretiennent des relations historiques avec le Maroc.

On ne saurait accepter que ces pays amis soient déstabilisés, ce qui constituerait une menace pour notre sécurité et notre quiétude avec les défis, que constituent l’immigration clandestine et le terrorisme en passant par les trafics illégaux de toutes sortes.

De ce fait, la coopération sécuritaire avec les pays du Sahel s’avère de plus en plus primordial et indispensable.

La Défense des Intérêts du Maroc en Afrique
Faite par : M. Ali BOJJI
Ambassadeur de Sa Majesté au Gabon


I- Introduction : Principaux repères sur l’Afrique :

– La superficie de l’Afrique est de 30 millions de krn², soit 20,3 % des terres émergées. La population est estimée à près d’un milliard d’habitants soit 1/6 de la population mondiale.

– Un tiers des ressources minières mondiales se trouve en Afrique. Le continent produit 10 % de pétrole et 20 % de l’or.

– L’Afrique abrite 60 % du total mondial des terres arables et non encore cultivées.

– L’Afrique réalise 2 000 milliards du PIS soit plus que l’Inde et moins que le Brésil. La taille de l’économie africaine a triplé depuis 2000 notamment grâce à l’Afrique subsaharienne qui a vu sa production quadruplée sur la même période.

– La part de l’Afrique dans les projets IDE (Investissements Directs Etrangers) est passée de 3,2 % en 2007 à 5,6 % en 2012.

– 35 pays africains sont classés devant la Chine selon l’indice de démocratie.

– 35 des pays africains sont classés devant la Russie selon l’indice de perception de la corruption.

– 17 des pays africains sont classés devant l’Inde selon l’indice « Doing Business » de la Banque Mondiale.

Pendant longtemps, l’Afrique a été perçue comme un continent à la dérive, en proie aux conflits armés, aux troubles sociaux, aux endémies et aux catastrophes naturelles (sécheresse, inondations, etc.). Depuis une dizaine d’années, l’afropessimisme a cédé le pas à l’afro-optimisme. L’Afrique est devenue un continent courtisé, à forte attractivité pour les investissements.

II – Défense des Intérêts du Maroc en Afrique:

Volet Economique:

– L’Afrique sub-saharienne constitue une profondeur stratégique pour notre pays. La vingtaine de visites que Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a effectuées dans une quinzaine de pays africains illustre cette réalité géopolitique.

– Ces visites ont drainé dans leur sillage une présence de plus en plus croissante du secteur privé marocain. Les domaines concernés par cet engouement pour l’Afrique ont trait aux BTP, aux télécoms, la Banque, l’assurance, les Mines, le transport aérien, l’agro-industrie, l’eau et l’électricité et les produits pharmaceutiques.

Cette présence est dictée par le besoin de nos groupes de s’ouvrir à l’international pour pouvoir assurer leur développement et maintenir leur compétitivité. L’Afrique offre également un espace approprié du fait de sa proximité géographique, des liens séculaires entretenus par notre pays avec de nombreux Etats sub-sahariens et de l’attractivité du continent africain.

Cette attractivité peut être appréhendée à travers les quelques indicateurs ciaprès:

– L’Afrique réalise depuis plusieurs années une forte croissance du PIB de l’ordre de 5 %.

– D’après la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED), la rentabilité des IDE en Afrique est plus importante que dans n’importe quelle autre région. Une part
significative de la croissance africaine tire son origine de la consommation domestique et ne dépend plus de la seule exportation des ressources naturelles.

– Il est désormais admis que l’Afrique sera à l’avenir le moteur de la croissance mondiale, ce qui incite de plus en plus d -investisseurs à parier sur la rentabilité de l’Afrique. Le nombre de projets d’investissements directs étrangers a bondi de 87 % en moins de 10 ans et la tendance,’ devrait s’accentuer. 150 milliards de dollars d’investissements sont attendus en 2015. Selon une étude du Cabinet Ernest & Young réalisée en 2012, l’Afrique continuera à attirer les investisseurs étrangers en raison du fort potentiel de croissance de ce continent. L’étude attribue cette croissance à un processus de démocratisation qui s’enracine dans la plus grande partie du continent, à des améliorations constantes du climat des affaires, à une augmentation exponentielle du commerce et à des améliorations des conditions de vie des populations. Aujourd’hui on estime à 300 millions le nombre de la classe moyenne en Afrique. Ce nombre pourra doubler dans les 20 années à venir.

– Le Maroc est sur la bonne voie. Il est devenu le 2ème investisseur africain sur le continent avec un montant de 2,2 milliards de dirhams et le premier investisseur africain en Afrique de l’Ouest.

Au Plan Commercial :

– Il existe un fort potentiel de croissance pour notre commerce extérieur qui enregistre lin déficit chronique. Les échanges commerciaux entre le Maroc et l’Afrique sub-saharienne ont représenté 11,7 milliards de dirhams en 2010 contre 3,6 milliards en 2000, soit trois fois plus en une décennie. Le solde commercial s’est amélioré passant d’un déficit de près de 7,2 milliards de dirhams en 2000 à un excédent de 2,7 milliards de dirhams. Toutefois, ces échanges restent faibles et en représentent que 2,6 % de la valeur globale de la balance extérieure du Royaume.

– Les processus d’intégration régionaux offrent à notre pays de réelles opportunités de croissance pour son commerce extérieur. Le Maroc a négocié un accord de libre – échange avec l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Toutefois, cet accord, déjà paraphé, tarde à être signé en raison de divergences sur les listes de produits devant bénéficier d’une exonération progressive des droits de douane.

Quelques Propositions pour améliorer notre présence économique en Afrique :

– Nécessité d’élaborer une stratégie globale et intégrée qui serait le fruit d’un travail en commun mené par les institutionnels gouvernementaux et les institutionnels du privé. Cette stratégie, sorte de feuille de route, donnerait plus de visibilité et d’efficacité à notre présence en Afrique.

– L’investissement en Afrique est le moyen le plus approprié pour défendre nos intérêts y compris politiques en Afrique. Ce moyen rendrait notre pays moins dépendant des aléas politiques et des
soubresauts qui affectent le continent.

– Le Maroc est appelé à tirer profit de sa position géographique en tant que trait d’union entre l’Afrique, l’Europe, la Méditerranée et les pays arabes. Cette position offre des perspectives prometteuses à notre pays.

– L’expertise et le savoir-faire acquis par nos opérateurs économiques notamment en Afrique de l’Ouest et Centrale devraient être mis au service d’une coopération triangulaire.

– Nécessité d’opérer une refondation de notre coopération qui la départirait de la logique de l’assistanat au profit d’une logique de partenariat gagnant-gagnant. A cet effet, l’Agence Marocaine de Coopération Internationale (AMCl) est appelée à jouer un rôle prépondérant et novateur. La valorisation des ressources humaines devra continuer à être un secteur stratégique. En effet, les cadres africains – formés au Maroc – sont les meilleurs relais pour la promotion de notre pays.

– Pour aller vers davantage d’investissements en Afrique, il serait utile de mettre en place une banque destinée à accompagner nos opérateurs économiques.

III- Volet Politique des Relations du Maroc avec l’Afrique

– L’Afrique représente un enjeu considérable pour notre cause nationale.

L’OUA, devenue ensuite UA, est la seule organisation au monde à admettre en son sein la prétendue « rasd ». Le plus grand nombre de reconnaissances de cette entité fantoche est en Afrique: 18 reconnaissances. Certes des progrès importants ont été réalisés par notre diplomatie qui se sont traduits par des retraits ou des gels de reconnaissances, mais la tâche demeure encore rude.

– Les préoccupations majeures concernant notre cause nationale sont encore intimement liées à l’Afrique. La voix de l’UA est écoutée dans le reste du monde notamment aux Nations Unies.

– La majorité de nos adversaires sur la question du Sahara se recrutent en Afrique et au sein de cette majorité, les pays africains anglophones sont les plus virulents à notre égard.

– Sur les 18 reconnaissances en Afrique sub-saharienne, 14 sont le fait de pays anglophones et parmi ces pays, il y a le noyau dur formé par l’Afrique du Sud et le Nigéria. Ces derniers exercent une influence néfaste sur la scène régionale et internationale. Les deux pays, perçus comme des leaders sur le continent africain, agissent contre nos intérêts. L’Afrique du Sud a une capacité de nuisance dont elle use au niveau continental et international. Les Etats de l’Afrique australe sont devenus pratiquement des satellites de l’Afrique du Sud.

– C’est en Afrique francophone que le Maroc compte le plus grand nombre d’amis qui le soutiennent sur la question du Sahara. Sur les 15 pays francophones, seul le Mali maintient encore sa reconnaissance de la prétendue « rasd ». Les menaces que représente le voisinage algérien dissuadent tout changement de position.

– Il existe une corrélation entre le niveau de représentation diplomatique de notre pays en Afrique et le nombre de reconnaissances. Là où nous sommes davantage présents, c’est-à-dire en Afrique francophone, la quasi-total ité des pays de cette zone n’a jamais reconnu ou a retiré sa reconnaissance de la soi-disant « rasd ».

– A contrario, là où nous avons un déficit de présence diplomatique, le nombre de reconnaissances est plus important. Notre appareil diplomatique ne couvre que 5 pays anglophones sur 18 alors qu’il en couvre 12 pays francophones sur 15.

– L’apport de la diplomatie parlementaire et des acteurs non étatiques tels que les partis politiques, les ONG pourra s’avérer utile dans nos démarches visant à convaincre les pays hostiles ou hésitants du bienfondé de notre cause nationale.

– Il existe un fort déséquilibre en matière d’échanges de visites avec les pays africains. Le Maroc est appelé à faire des efforts supplémentaires pour combler le déficit enregistré dans ce domaine.

– L’absence de notre pays de l’UA nous interpelle car elle nous met dans une position inconfortable pour la défense de nos intérêts et de notre cause nationale. Le Maroc est contraint de recourir à des pays amis pour agir à sa place.

– De même, le Maroc est amené, au prix d’efforts sans cesse croissants, à mobiliser ses amis pour faire valoir son droit à participer à des fora birégionaux UA/partenaires bilatéraux ou multilatéraux.

– Les manoeuvres de la nouvelle direction de la Commission de l’UA tendant à réserver la participation à ces exercices aux seuls Etats membres de l’UA est de nature à nous compliquer la tâche.

– Dans ces conditions, la question se pose de savoir si notre pays doit continuer à rester en dehors de I’UA ou si le temps est venu de revoir cette position. Les deux options ne sont pas dénuées de risques.

Maintenir le statu quo implique pour notre pays d’évoluer dans un environnement hostile.

– A l’inverse, réintégrer ru A est également porteur de risques dont le premier et non des moindre est celui de légitimer et de banaliser la présence de la prétendue « rasd », au sein de l’UA. Notre pays aurait du mal à convaincre les Etats qui ne l’ont pas encore fait de retirer leurs reconnaissances.

– Faire dépendre cette réintégration de l’exclusion de la « rasd » de l’UA est un exercice difficile. L’Algérie et ses soutiens ne se laisseront pas faire d’autant que notre voisin de l’Est dispose d’un atout majeur: Le Commissaire en charge de la Paix et de la Sécurité est un algérien, en la personne de M. Lamarnra Rarntane, ancien Secrétaire Général du Ministère des Affaires Étrangères. Par sa présence à ce poste stratégique, l’Algérie a la mainmise sur toutes les questions ayant trait à notre cause nationale.

– Nonobstant ce qui précède, notre pays pourrait explorer la voie du gel de la présence de la « rasd ».

– Enfin, l’Afrique continuera à représenter un grand défi pour notre pays et notre diplomatie. Nous devons donc redoubler d’efforts pour faire valoir notre position sur la question du Sahara.

Rapport de séance

Etabli par M. Hassan NACIRI
Ambassadeur de Sa Majesté au Mali

Les intervenants ont exposé les atouts dont dispose le Maroc en Afrique, passant en revue l’histoire commune, les brassages humains et le socle culturel et spirituel. Parallèlement, ils se sont appesantis sur les grandes mutations tant politiques qu’économiques que connait la scène africaine, ce qui en fait de plus en plus un espace convoité et une destination privilégiée pour les IDE, à l’ère de la crise économico-financière que vit l’Occident.

Dans cette perspective, ils ont rappelé la clairvoyance de la vision royale, qui depuis 2000, a fait de l’Afrique une priorité stratégique dans la politique étrangère marocaine. Cette politique a été construite autour de trois piliers principaux: la solidarité, la coopération sud-sud et le partenariat gagnantgagnant.

Cette option a été confortée par le Message Royal adressé a la Conférence, et qui consacre plusieurs paragraphes à la dimension africaine de notre diplomatie; rappelant la nécessité pour cette dernière à accompagner assidument cette orientation.

S’inspirant de ces orientations, les intervenants ont évoqué les ambitions légitimes du Maroc à consolider sa position d’acteur et de puissance régionale africaine, en attirant l’attention sur les défis à relever et les contraintes â gérer sur cette voie, dont notamment l’hostilité active de certains pays comme l’Algérie et l’Afrique du Sud.

Fort de sa stabilité et des reformes audacieuses entreprises depuis plus d’une décennie, le Maroc est en mesure de gagner ces défis pourvu que sa diplomatie en fasse la promotion et en tire profit.

Sur le plan multilatéral, l’absence du Maroc de l’Union africaine a été longuement discutée et débattue, les intervenants ayant fait part de leurs appréhensions quant aux conséquences négatives que produirait cette absence sur la Question Nationale. A cet égard, le rôle grandissant de l’UA en tant que maison commune de l’Afrique et interlocuteur privilégié des partenaires étrangers.

Questions soulevées lors du débat:

– La Question Nationale: La stratégie à adopter pour défendre la Question Nationale a été au centre des discussions, à l’aune des échéances panafricaines, dont particulièrement celle de janvier 2014. Ainsi, l’hostilité sans précédent de la Présidente de la CUA, Mme Dlamini Zuma, a été relevée et partant, celle de l’Afrique du Sud et de l’Algérie. Certains participants se sont interrogés sur les stratégies diplomatiques à adopter pour mettre en échec les plans hostiles au Maroc dont celui visant à se réapproprier le dossier du Sahara par l’UA, nonobstant toute la dynamique introduite depuis 2007 par l’initiative marocaine d’autonomie.

Il a également été relevé l’attitude paradoxale de certains pays africains qui, tout en étant partenaires sur le plan bilatéral, brillent par leur discrétion ou absence dans le cadre multilatéral africain.

L’Union africaine:

Sur ce point, le débat a mis en exergue trois positions qui partent toutes du constat que l’absence du Maroc de l’UA lui porte préjudice:

– Le retour du Maroc et l’exclusion de la pseudo Rasd
– Le maintien du statu quo produit d’une décision souveraine
– L’élaboration d une réflexion approfondie sur les différents aspects de la question comme préalable a toute décision.

– Les processus de partenariat bi-régionaux:

Les intervenants ont abordé la problématique de la participation du Maroc aux différents processus de partenariats bi-régionaux et les contraintes liées aux velléités d’exclusion systématique du Maroc menées par la CUA.

– L’approche et le mode opératoire de la diplomatie marocaine:

Ce point a fait l’objet de plusieurs interventions, qui ont insisté sur la nécessité d’améliorer le rendement de notre diplomatie en Afrique par le réexamen de ses outils et régions d’interventions et son mode opératoire. Ainsi l’accent a été mis sur l’importance de l’échelle d’action régionale et inter-régionale. De même, il a été constaté une déficience de la présence du Maroc dans certaines régions comme l’Afrique australe qui comprend 9 pays sur 15 qui reconnaissent la pseudo rasd.

– Les acteurs non étatiques dans l’action diplomatique :

Les participants ont aussi mis en exergue le rôle grandissant des acteurs non étatiques dans la diplomatie et mentionne en particulier le secteur privé, les ONG, les leaders religieux, la communauté estudiantine ….

– La question migratoire :

Cette question a été relevée comme étant un enjeu nécessitant une gestion équilibrée et pérenne tenant des aspects politique, sécuritaire et humanitaire, pour éviter un impact négatif sur l’image de notre pays.

Propositions et recommandations:

1) La consolidation des relations intermaghrébines, malgré l’handicap algérien. L’Afrique du Sud mérite aussi l’intérêt de notre diplomatie à travers le rehaussement de notre niveau de représentation, pour amoindrir sa capacité de nuisance.

2) L’approfondissement de la réflexion sur l’attitude idoine à adopter vis- à-vis de l’UA, à moyen et à long terme.

3) L’opportunité de définir ou redéfinir la ou les stratégies pour la gestion de la Question Nationale en Afrique, en capitalisant sur nos acquis et en diagnostiquant nos lacunes et faiblesses.

4) Le renforcement de l’action à l’échelle régionale africaine. L’espace CENSAD offre à cet égard un cadre privilégié pour un leadership effectif du Maroc et un moyen de contourner l’écueil de l’UA.

5) L’optimisation des cadres innovants de concertation et de coopération existants tels que la Conférence Africaine des Etats Riverains de l’Atlantique.

6) La nécessité de conceptualiser la doctrine de notre diplomatie, à la lumière des mutations profondes du Continent. A ce stade, la contribution de centres de recherche est très recommandée.

7) La création d’une structure dédiée aux activités de l’UA, afin que l’on puisse anticiper sur certains actes hostiles.

8) L’étude de l’opportunité de créer un Département ministériel auprès du Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération et dont l’unique mission sera de suivre les relations avec l’Afrique.

9) La mise à contribution des réseaux par tout acteur non étatique marocain en Afrique, pour défendre les intérêts du Maroc.

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