La guerre du Maroc contre les rapports de la MINURSO sur la situation au Sahara Occidental

Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, pose avec des enfants lors de sa visite au camp de réfugiés de Smara, près de Tindouf, dans le sud-ouest de l'Algérie, le samedi 5 mars 2016. (AP Photo/Toufik Doudou)

Etiquettes : Maroc, composante civile, MINURSO, Sahara Occidental, ONU, HCD, HCDH, Tindouf,

Le 5 mars 2016, le SG de l’ONU arrivait à Tindouf dans une visite officielle aux camps des réfugiés sahraouis. Il y déclare que le Sahara Occidental est occupé par le Maroc. Une déclaration très mal accueillie à Rabat.

Le 20 mars, le Maroc a expulsé 75 membres de la composante civile de la Minurso pour protester contre les propos de Ban Ki-moon. Il a déclaré que sa décision était « irrévocable ».

Le Conseil de sécurité « déplore que la capacité de la Minurso de s’acquitter pleinement de son mandat ait été limitée » après l’expulsion en mars de 75 membres civils expatriés de la mission. Et il « souligne qu’il est urgent que la Minurso puisse de nouveau exercer pleinement ses fonctions », selon le texte de la résolution.

« Sans une composante civile internationale appropriée et au complet, la MINURSO ne peut pas s’acquitter de l’une de ses fonctions clefs et donc répondre aux attentes du Conseil de sécurité, poursuit le Secrétaire général », relève en effet le Secrétaire général Ban Ki-moon dans le rapport* dont le Conseil était saisi aujourd’hui.

Pour le Maroc, c’était l’occasion d’or de regler les comptes avec la MINURSO pour ses rapports sur la situation, entre autres, des droits de l’homme au Sahara Occidental.

Depuis sa représentation à Genève, Rabat a essayé de saboter ces rapports. Dans une correspondance adressée par l’ambassadeur du Maroc à Genève, en date du 22 janvier 2012, révélée par hacker français qui s’est fait appeler «Chris Coleman», l’ambassadeur marocain en Suisse informe sa tutelle, le ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, avoir «appris que le Département des opérations de maintien de la paix (DPKO) et le Département des affaires politiques (DPA) ont déjà commencé la préparation du prochain rapport du SG de l’ONU au Conseil de sécurité sur le Sahara marocain. Dans cette perspective, ils ont instruit la Minurso de demander aux deux Représentants du Haut conseil aux réfugiés (DPA), à Laayoune et à Tindouf, de préparer des éléments à insérer dans ledit rapport». Parallèlement, la direction Mena a informé le DPKO et le DPA que seule la contribution préparée, validée et adressée directement par le siège du HCR, à New York, fera foi.

«La démarche de la Direction Mena vise à éviter que la contribution des deux Représentants du HCR à Laayoune et Tindouf ne soit modifiée par la Minurso ou par la représentation du HCR à New York et ce, afin d’éviter toutes éventuelles tensions avec le Maroc», est-il ajouté dans ce document. «A cet égard, notre « ami » au HCR m’a confié que la contribution du HCR sera factuelle et sera discutée, en off, avec cette Mission avant sa transmission à New York», écrit encore l’ambassadeur du Maroc à Genève.

Voici le texte intégral de la lettre du diplomate marocain :
Genève, 22 janvier 2012

Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères
et de la Coopération
Cab/MD/SG/DG8.1

Objet  : Contribution du HCR au prochain rapport du SG de l’ONU sur le Sahara.

J’ai l’honneur de vous informer que j’ai appris que le DPKO et le DPA ont déjà commencé la préparation du prochain rapport du SG de l’ONU, au Conseil de sécurité sur le Sahara marocain. Dans cette perspective, ils ont instruit la Minurso de demander aux deux Représentants du HCR, à Laâyoune et à Tindouf, de préparer des éléments à insérer dans ledit rapport.

Echaudé par l’incident de l’année dernière, la Direction du Moyen Orient et d’Afrique du Nord -Mena-, au HCR, a demandé à ces deux Représentants au Sahara et à Tindouf, de ne fournir aucun élément à la Minurso, mais de transmettre leur contribution directement au Siège. Ce dernier se chargera de la communiquer, par la suite, à New York.

Parallèlement, la Direction MENA a informé le DPKO et le DPA que seule la contribution préparée, validée et adressée directement par le Siège du HCR, à New York, fera foi.

La démarche de la Direction Mena vise à éviter que la contribution des deux Représentants du HCR à Laâyoune et Tindouf, ne soit modifiée par la Minurso ou par la représentation du HCR, à New York et ce, afin d’éviter toutes éventuelles tensions avec le Maroc.

A cet égard, notre «  Ami  » au HCR m’a confié que la contribution du HCR sera factuelle et sera discutée, en off, avec cette Mission avant sa transmission à New York.

A la lumière de ce qui précède, il est fort probable que la même démarche aurait été effectuée par le DPA, auprès du Haut-Commissariat aux Droits de l’homme. C’est pourquoi, j’ai prévu un déjeuner de travail, demain, avec mon ami au HCDH, le Responsable des Opérations sur le terrain.

Dans ce contexte, je voudrais rappeler l’impératif de transférer le reliquat de 250.000 dollars, au titre de la contribution du Maroc au Budget du HCDH, pour 2011 et dont la Haut Commissaire a exprimé à deux reprises son souhait de le recevoir ( mes fax ). Ce transfert aidera à rendre Mme Pillay plus attentive à nos préoccupations au sujet du contenu de la contribution de son Bureau au prochain rapport du SG de l’ONU sur le Sahara.

Très Haute considération

Le 14 juillet 2016, les membres de la composante civile de la MINURSO ont commencé à rentrer au Maroc pour reprendre leur travail. Le Maroc a accepté de se soumettre à la décision du Conseil de sécurité de rétablir la mission de l’ONU dans la plénitude de son mandat dans un délai de trois mois qui devrait s’achever fin juillet, alors qu’il avait affirmé par le passé que sa décision était « irrévocable ».

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