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Salim METREF
Inquiet du bouleversement politique en cours en France, un compatriote vivant en France et détenant la nationalité française me demanda récemment ce que je pensais de la victoire de l’extrême droite aux élections européennes et d’une probable autre victoire aux prochaines législatives qui serait auréolée au mieux d’une majorité absolue à l’assemblée française et au pire d’une majorité relative. Ces résultats ne sont démentis par aucun sondage d’opinion en supposant bien entendu que ces derniers ont suffisamment de recul et de données compulsées des précédents scrutins pour que leurs modelés prédictifs soient fidèlement affinés pour restituer une image très proche de ce qui se passera au soir du second tour de ces élections.
Je lui répondis que cette actualité politique franco-française ne me concerne pas et que je ne peux donc juger d’une nouvelle situation politique qui se profile en France. Je peux penser cependant qu’un système électoral injuste a empêché durant de nombreuses décennies des millions de français d’avoir la représentativité réelle qui est la leur au sein de l’assemblée française et que cela va probablement se faire maintenant au forceps et démocratiquement. L’opposition en France et le monde entier prendront acte de ce que seront ces résultats et nul ne pourra les contester puisqu’ils exprimeront la volonté des électeurs français.
Je lui répondis aussi que ce qui est important de ce côté-ci de la Méditerranée c’est de voir quelle politique étrangère entend déployer ce parti français d’extrême droite s’il arrive au pouvoir en France et qui du réalisme, du pragmatisme et de la prise en compte de la nouvelle conjoncture géopolitique internationale et régionale ou plutôt de la surenchère inutile et de la recherche désespérée de la mise en place de nouveaux rapports de force l’emportera. Prudence et discernement devront être, selon mon point de vue, le leitmotiv des nouveaux arrivants.
Bien que le contexte historique soit complètement diffèrent, l’Algérie entretient depuis très longtemps d’excellentes relations avec l’Italie. Enrico Mattei, ami de la révolution algérienne, en est le marqueur et la charismatique Giorgia Meloni en parfaite egerie de l’extrême droite italienne en est la continuatrice. Cet exemple pourrait inspirer, s’ils le souhaitent, les probables nouveaux locataires de Matignon dont l’objectif principal est l’Elysée.
Si le bloc national français faisait preuve de pragmatisme, il trouverait en face de lui de l’écoute et pourquoi pas peut-être du répondant. Si comme certains l’affirment déjà il voudrait faire voler en éclats ce qui reste de la relation algéro-francaise, l’Algérie répondra comme il se doit à tout dépassement sémantique à son encontre et à toute tentative d’attenter à sa souveraineté et les nouveaux dirigeants français trouveront en face d’eux et dans ce cas précis un courant patriotique et national extrêmement puissant qui conduit actuellement le mouvement de renouveau national en Algérie.
Je lui répondis aussi que chaque pays est libre d’accueillir ou de ne pas le faire des populations étrangères sur son territoire, d’adopter sa politique migratoire, d’instaurer même des quotas et de dire basta si les équilibres démographiques sont rompus et que le processus de remplacement d’une population par une autre est déclenché. Comme en Palestine, par exemple, ou des centaines de milliers de personnes venues de très loin ont chassé les palestiniens dans des camps de réfugiés ou des pays avoisinants pour se substituer à eux. Mais ce processus de remplacement du peuple palestinien par un autre n’a jamais été évoqué par les adeptes de la théorie du grand remplacement ni par les médias occidentaux.
Chaque peuple est enfin libre de refuser d’être remplacé par un autre et de défendre son identité.
En Algérie, la lutte pour l’indépendance a été conduite pour être libres, préserver préserver notre identité et notre vocation civisationnelle et ne pas être remplacé par d’autres peuples.
Nous mettons nous aussi aujourd’hui en place une politique en termes d’accueil pour éviter d’être engloutis nous aussi par les flux migratoires. Tout cela n’est pas du racisme mais est dicté par la volonté légitime de continuer d’exister de génération en génération et de ne pas disparaître.
Le bloc dit national en France n’est pas aussi homogène qu’on pourrait le croire. On y trouve aussi bien des anciens de l’OAS, des revanchards de l’Algérie française, des partisans de la 3eme mi-temps de la Guerre d’Algérie, des anciens gros bras des groupuscules militants de l’extrême droite friands des ratonnades anti-immigrés et des bombes dans les foyers Sonacotra que des catholiques conservateurs soucieux de leur identité, des protestants sionistes, des antisémites virulents, des milieux populaires qui jadis votaient pour le parti communiste français et enfin et surtout des français inquiets du déclassement de la France, du prétendu déferlement migratoire, de la baisse drastique du pouvoir d’achat et de l’impuissance de l’état face aux problèmes de sécurité.
Mais les dirigeants actuels de ce bloc seront probablement dépassés à court terme par la fraction qui se proclame dure et tous les efforts de dédiabolisation conduits depuis quelques années tomberont en ruines.
Je conclus enfin en lui lui disant que je me permets de formuler un vœu. Que les électeurs français notamment ceux qui soutiennent le peuple palestinien se souviennent au 1er et second tour des législatives françaises du courage et de la constance des positions des députés du parti de La France Insoumise quand beaucoup d’autres ont considéré que le génocide du peuple palestinien est un fait divers et que seul est digne d’intérêt et d’être médiatisé le soutien infaillible et inconditionnel à l’entité sioniste.
Source : Le Quotidien d’Algérie, 07/07/2024
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