Les tensions Algérie-UE expliquées par l’ambassadeur Thomas Eckert

La procédure de règlement des différends pourrait donc être l'occasion pour les parties de redéfinir leurs relations économiques, en tenant compte des impératifs de développement économique et de diversification industrielle de l'Algérie, tout en respectant les engagements pris dans le cadre de l'accord d'association avec l'UE.

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Dans un entretien accordé à Berbère Télévision, Thomas Eckert, Ambassadeur de l’Union européenne en Algérie, a apporté des éclaircissements importants sur la décision de l’Union Européenne d’entamer une procédure de règlement des différends à l’encontre de l’Algérie.

Rappelant que « l’Europe demeure le premier partenaire commercial de l’Algérie. Deux tiers des exportations algériennes, principalement des hydrocarbures, sont destinés à l’Europe, tandis qu’un tiers des importations algériennes proviennent de l’Union européenne », M. Eckert a indiqué que le potentiel des échanges commerciaux entre les deux pays « n’est pas encore pleinement exploité ».

Les raisons de la procédure européenne contre l’Algérie

Selon M. Eckert, les entreprises européennes font face à « un excès de réglementation bureaucratique » dont la la règle du 51/49 dans ce secteur, limitant la participation étrangère à 49% du capital.

Le diplomate européen a cité en exemple les investisseurs espagnols qui « hésitent à s’engager en Algérie dans un contexte où leurs investissements risquent d’être gelés ». « À ma connaissance, aucun opérateur espagnol ne mène actuellement de projet d’investissement significatif en Algérie », a-t-il affirmé.

M. Eckert a insisté sur l’importance de respecter l’accord d’association en vigueur depuis 2005. Il a notamment critiqué la décision de l’Algérie de suspendre les échanges commerciaux avec l’Espagne : « La décision de l’Algérie de bloquer totalement les importations en provenance d’Espagne, représentant un volume annuel d’environ 2 milliards d’euros, est particulièrement préoccupante ». Il a rappelé que « les échanges commerciaux doivent être dissociés des considérations politiques », soulignant que ces mesures contreviennent aux obligations de l’Algérie dans le cadre de l’accord d’association.

Nécessité d’un dialogue constructif

En dépit de la procédure de règlement des différends entamée par l’UE, l’ambassadeur a souligné la nécessité de « s’engager dans un dialogue constructif » et de « négocier conjointement pour surmonter ces barrières protectionnistes » afin d’éviter une escalade qui « serait préjudiciable pour les deux parties ».

Pour favoriser les investissements, M. Eckert a formulé plusieurs recommandations : « Il est crucial de simplifier les procédures administratives, d’assurer une plus grande stabilité réglementaire, et de renforcer la protection juridique des investissements. De plus, une intégration économique régionale plus poussée en Afrique du Nord rendrait la région encore plus attractive pour les investisseurs européens. »

L’ambassadeur a conclu en appelant à un dialogue renouvelé : « Nous devons nous engager dans un dialogue constructif et négocier conjointement pour surmonter ces barrières. Une approche collaborative bénéficierait tant à l’UE qu’à l’Algérie et à l’ensemble de la région nord-africaine. »

La procédure de règlement des différends pourrait donc être l’occasion pour les parties de redéfinir leurs relations économiques, en tenant compte des impératifs de développement économique et de diversification industrielle de l’Algérie, tout en respectant les engagements pris dans le cadre de l’accord d’association avec l’UE.

Avec Maghreb Emergent

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