Pourquoi la famille d’Oubbi Bouchraya vit-elle en Espagne et non à Tindouf ?

En plus d'oublier ses promesses, Oubbi Bouchraya a également négligé de se poser en exemple de militant juste et révolutionnaire. Il a oublié que sa famille ne doit pas avoir plus de privilèges que celles qui, depuis 50 ans, vivent dans le dur désert de La Hamada de Tindouf.

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À la fin des années 1980, à la demande du service de Sécurité Militaire du Front Polisario, j’ai eu l’occasion de donner une conférence sur la situation dans les territoires occupés du Sahara Occidental à un groupe d’étudiants universitaires sélectionnés par Omar Hadrami parmi ses informateurs les plus proches afin de les utiliser dans son plan de déstabilisation contre l’ancienne direction du Front Polisario. L’échec de ses plans l’a conduit à devenir le plus grand transfuge sahraoui.

Dans ce groupe se trouvaient deux individus qui se sont ensuite distingués sur la scène politique sahraouie grâce à leur maîtrise du populisme. En effet, dans les camps sahraouis, une forme de populisme a émergé lorsque la vieille garde révolutionnaire a commencé à montrer son échec dans la gestion de la chose quotidienne des réfugiés.

Aujourd’hui, on parle beaucoup de « populisme », surtout après l’hécatombe enregistrée lors des dernières élections européennes.

En politique, le populisme se réfère à l’idéologie ou à l’attitude de certains mouvements politiques qui appellent le peuple à s’opposer à l’élite dirigeante, au grand capital, aux privilégiés ou à toute minorité perçue comme ayant « accaparé » le pouvoir, les accusant de trahir égoïstement les intérêts de la majorité. Le terme « populisme » est également utilisé pour dénoncer les démagogues qui mobilisent le peuple par des promesses électorales ou qui flattent ses « bas instincts » tels que le nationalisme, la xénophobie et même le racisme, ou qui exacerbent les réflexes de répression.

Le sens du terme « populisme » est relativement ambigu et varie selon celui qui l’utilise. De nos jours, il est souvent associé à la démagogie, à l’électoralisme et à l’opportunisme.

Le populisme se développe là où les souffrances de la population augmentent. Là où les dirigeants en place échouent à trouver des solutions aux problèmes existants, comme dans les camps des réfugiés sahraouis de Tindouf à cause de plusieurs décennies d’exil, d’un cessez-le-feu critiqué par l’opinion publique, des succès obtenus par l’ennemi sur le plan diplomatique et, surtout, de l’attachement des fondateurs du Front Polisario aux fauteuils des hauts postes de la nomenklatura.

Oubbi Bouchraya a accédé à la popularité grâce à une interview avec la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera en tant qu’ambassadeur au Nigeria. Popularité qui a été dopée par des interventions critiques au Congrès de Tifariti en 2012 où il a présenté pour la première fois sa candidature au poste de membre du Secrétariat National. Le désir de changement a poussé les congressistes à voter massivement pour lui.

Cependant, comme tous les populistes, Oubbi a fait marche arrière après avoir atteint son objectif électoral. En plus d’oublier ses promesses, il a également négligé de se poser en exemple de militant juste et révolutionnaire. Il a oublié que sa famille ne doit pas avoir plus de privilèges que celles qui, depuis 50 ans, vivent dans le dur désert de La Hamada de Tindouf.

Bien sûr, il n’est pas le seul à avoir installé les siens en terres espagnoles. C’est le cas de la majorité des diplomates. Et ceux qui ne vivent pas en Espagne résident dans la ville de Tindouf, entre des murs de ciment et sous des climatiseurs payés par la souffrance des réfugiés sahraouis.

Immédiatement après son investiture en tant que président, Brahim Ghali a demandé à tous de remettre leurs familles dans les camps. La réponse a été unanime : un NON catégorique.

Aujourd’hui, Oubbi Bouchraya est devenu le chouchou de la presse algérienne et des associations pro-sahraouies espagnoles grâce à sa qualité de polyglotte et à la fluidité et l’éloquence de son discours. Il serait vraiment un exemple de militantisme si sa famille partageait avec les réfugiés les bons et les mauvais moments. Peut-être que cette initiative aiderait à oublier les rumeurs récurrentes sur l’argent détourné lorsqu’il exerçait comme ambassadeur en Afrique du Sud, l’un des rares pays à offrir à la RASD une aide en métallique.

Comme dit le proverbe sahraoui, « ce qui hier tuait, aujourd’hui ne fait même pas honte ».

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