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Emmanuel Macron, dislocaeur de la République

Voyant cette réunion de la gauche, Macron et ses partisans se sont mis à paniquer. Car si la gauche ne vote pas pour eux (après s'être faite marcher dessus par sa politique), c'est la fin pour eux. Ils sont donc à présent dans le déni, menant une campagne qui les voit terminer en troisième position dans les urnes, 10 points ou plus derrière le RN et ses alliés, ainsi que le NFP. Perdant du coup sa majorité relative qui lui aurait encore permis de gouverner pendant 3 ans, comme c'était le cas auparavant.

La dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République suite aux résultats des élections européennes le 9 juin dernier a stupéfait tout le monde, y compris dans son propre camp. Un pari fou et solitaire qui rend très incertaine la suite et fin de son second mandat à la tête de l’Etat. Retour et analyse de cette décision invraisemblable entraînant le pays vers le chaos politique ou pire, à l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite pour la première fois en France depuis les années 40.

L’hubris d’un président qui n’accepte pas la défaite

Tout d’abord, cette décision découle de la volonté d’un seul homme. Un homme qui souhaite décidément laisser sa marque sur l’histoire politique française, à tout prix, qu’importe l’image que l’on gardera de lui. Un homme qui sera allé au bout de sa stratégie politique mortifère, qui depuis 2017 s’est évertué à affaiblir les deux principaux partis ayant gouverné ce pays à droite et à gauche, pour finalement les remplacer et se présenter comme le seul pouvant empêcher les « extrêmes » d’accéder au pouvoir.

En somme, le macronisme ne tient que sur cette promesse, en plus de ses réformes économiques néo-libérales que la crise du Covid justifie désormais pour faire passer la pilule (à défaut du vaccin), malgré une forte opposition (notamment l’année dernière avec la réforme des retraites). Cette promesse de garantir au système dominant de rester au pouvoir indéfiniment pour assurer sa stabilité et éviter toute alternance politique entraînant des changements qui pourraient l’agacer, voire le bousculer. Ce système, c’est le capitalisme, celui des milliardaires dont Macron est la marionnette assurant les intérêts, et dont les médias privés qu’ils possèdent sont le porte-voix.

Et à présent, il ne suffit plus de faire barrage au RN, mais à toute opposition qui pourrait lui ravir le pouvoir. C’est ainsi que lors de sa conférence de presse post-dissolution, le Président a appelé à faire barrage contre les « extrêmes », de gauche comme de droite. Autrement dit aux deux blocs d’opposition qui, à son grand désarroi, se sont formés rapidement suite à sa décision. Il prétendait, avec un cynisme machiavélique éhonté, leur envoyer une « grenade » dans les pattes pour les surprendre et les déstabiliser, pensant pouvoir remobiliser sa base et profiter des récentes divisions de la gauche (notamment depuis le 7 octobre dernier) pour n’avoir que l’extrême-droite à combattre lors de ces élections législatives anticipées, comme en 2017 et 2022. Il a bien compris que seule cette stratégie lui assurait la victoire.

La volonté de tuer toute alternance, marchepied pour les « extrêmes » (et surtout l’extrême-droite)

Sauf que cette fois, ça ne devrait pas fonctionner. Sa stratégie irresponsable d’appeler à de nouvelles élections, alors que le RN est arrivé largement en tête aux européennes du 9 juin (faisant le double du score de sa majorité), et alors que rien ne l’obligeait à dissoudre l’Assemblée suite à ce scrutin européen, s’est heurtée à la réunion de la gauche qui s’est rassemblée en à peine 48h pour former le Nouveau Front Populaire (NFP), du PS à La France Insoumise (en passant par le PCF et EELV). Un mouvement qui se veut l’héritier de celui de 1936 qui était arrivé au pouvoir. A croire que les années 2020 sont les années 30 du XXIe siècle. En espérant qu’une Troisième Guerre mondiale ne se profile pas lors de la prochaine décennie…

Voyant cette réunion de la gauche, Macron et ses partisans se sont mis à paniquer. Car si la gauche ne vote pas pour eux (après s’être faite marcher dessus par sa politique), c’est la fin pour eux. Ils sont donc à présent dans le déni, menant une campagne qui les voit terminer en troisième position dans les urnes, 10 points ou plus derrière le RN et ses alliés, ainsi que le NFP. Perdant du coup sa majorité relative qui lui aurait encore permis de gouverner pendant 3 ans, comme c’était le cas auparavant.

Cette décision est donc finalement une aubaine pour la gauche, et un très mauvais calcul politique du Président, dont la grenade a été renvoyée dans les pattes par ses opposants, et surtout dans celles de son gouvernement et son Premier Ministre Gabriel Attal qui devrait vraisemblablement quitter Matignon suite au 7 juillet.

Et le risque est grand à présent de voir le Rassemblement National mené par Jordan Bardella remplacer ce dernier. Ainsi, le Président qui s’est fait élire deux fois grâce à la gauche face au RN et avait promis à cette dernière de ne pas l’oublier, va finalement permettre à ce RN d’accéder au pouvoir dans une cohabitation improbable… C’est dire la trahison de ce président vu de gauche, qui espère pourtant toujours qu’une partie de celle-ci vote pour sa majorité afin de la sauver du naufrage.

A présent, la seule véritable formation politique susceptible de faire barrage au RN est le Nouveau Front Populaire, que le Président qualifie aussi d' »extrême » en raison de la présence de LFI en son sein. A croire qu’il s’accommoderait presque plus de cohabiter avec le RN, au lieu de mobiliser toute son énergie pour reconquérir les électeurs de gauche qu’il a abandonné depuis bien longtemps.

Ainsi, même si une majorité absolue du RN est assez peu probable, le parti de Marine Le Pen pourrait former un gouvernement dès cet été s’il remporte une majorité relative et que Jordan Bardella est nommé Premier Ministre par le Président. Désormais, seule la gauche et le NFP pourraient empêcher cela. Dans tous les cas, Macron devra choisir un Premier Ministre qui n’est pas de son bord, à moins de provoquer une crise de régime, montrant finalement que la Ve République est à bout de souffle.

Avec le RN au gouvernement, Emmanuel Macron resterait dans l’histoire comme le président ayant permis et entraîné son arrivée au pouvoir. Une tâche sombre dans l’histoire du pays pour quiconque s’est toujours opposé au parti cofondé par Jean-Marie Le Pen. La honte, et preuve de sa politique mortifère. Car mépriser la gauche (à qui il doit en plus tout son parcours politique), c’est finalement faire la courte-échelle au RN. Ses deux mandats en auront été la démonstration flagrante.

Source : Clément l’impertinent, 20 juin 2024

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