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Si le nom de Moufdi Zakaria est indissociable des paroles poétiques et engagées de notre hymne national Qassaman, il est important de ne pas oublier la contribution de l’Egyptien Mohamed Fawzi dans la composition de cette œuvre, devenue un symbole national.
Par Delloula Morsli
En 1958, alors que l’Algérie combattait pour son indépendance, le Front de libération nationale (FLN) confia à Mohamed Fawzi la mission de composer la musique de l’hymne national. Un choix audacieux qui aurait pu susciter des critiques et ce fut le cas. Malgré les controverses qui ont pu surgir autour de ce choix, Mohamed Fawzi a laissé une empreinte indélébile sur notre identité nationale.
Au Caire, la radio « Sawt Al Arab » consacrait trois émissions hebdomadaires à l’Algérie. Apprenant que le FLN recherchait un compositeur pour son hymne national, le chanteur égyptien Mohamed Fawzi proposa ses services.
Cependant, il essuya un refus de la part des dirigeants algériens au Caire ainsi que des responsables égyptiens de « Sawt Al Arab ». Lamine Bechichi explique qu’à l’époque, on ne croyait pas que Mohamed Fawzi, chanteur de variétés, fût capable de composer une musique pour un chant révolutionnaire.
Déterminé, Fawzi proposa au responsable de « Sawt Al Arab » de composer et d’enregistrer une musique à ses propres frais dans son studio. Le résultat fut convaincant et s’avéra être le bon. Il faut savoir qu’avant Fawzi, l’Algérien Touri et le Tunisien Triki ont tenté leur chance, sans succès. La partition de Fawzi fut donc envoyée dans le maquis, porteuse des espoirs et des sacrifices ultimes d’une génération d’Algériens rêvant d’une patrie libre et indépendante.
Mais qui était Fawzi ?
Mohamed Fawzi, né le 28 août 1918 à Tanta en Égypte, était un chanteur, compositeur et acteur qui s’est distingué par sa polyvalence et son art unique. Diplômé de l’institut de la musique arabe, Mohamed Fawzi a débuté sa carrière comme chanteur dans les fêtes populaires et les mariages. Son talent l’a amené à rejoindre les troupes de Badi’a Massabni et Fatma Rouchdi, avant de se lancer dans le cinéma en 1944. En 1946, il s’oriente vers la production cinématographique et devient, en 1950, directeur de la radiodiffusion égyptienne et président de l’union des acteurs et des compositeurs.
Mohamed Fawzi a incarné le rôle principal dans plus de 30 films, dont « L’épée du bourreau » et « Un baiser au Liban ». Parmi ses films les plus célèbres, on peut citer « Fatma, Marica et Rachèle », « Melle maman, la folle », « Les fleurs de la passion » et « La révolution d’une ville ». Il a également produit quelques films, tels que « La fin d’une histoire » et « Mon père est le marié ».
Mohamed Fawzi a composé plus de 400 chansons, allant des romances aux chants religieux, en passant par la musique populaire. Parmi ses succès, on retrouve « Le mendiant de l’amour », « Malheur à toi » et « La belle, qu’a-t-elle ? ». Il a également composé pour de grands chanteurs et chanteuses, comme la célèbre Leila Mourad pour sa chanson « Mon cœur est vide ».
Nous devons à ce Monsieur cette partition que tous les Algériens chantent aujourd’hui, depuis son adoption officielle comme hymne national de l’Algérie indépendante en 1963. En hommage à ce chanteur compositeur hors norme, l’institut national supérieur de musique porte le nom de Mohamed Fawzi.
Source : L’Algérie aujourd’hui, 04/06/2024
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