Quels biens la France a-t-elle volé à l’Algérie pendant la colonisation ?

Ancrée dans l'histoire coloniale et les relations bilatérales entre la France et l'Algérie, la question de la restitution des biens spoliés demeure un sujet épineux et source de tensions entre les deux pays qui espèrent enfin parvenir à une résolution.

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Crânes de combattants algériens, l’épée, le burnous et les manuscrits de l’émir Abdelkader… Voici certains des items qui pourraient figurer sur la liste des biens volés par la France présentée officiellement par l’Algérie.

Restitution de biens

L’histoire de la colonisation française en Algérie est marquée par de nombreux épisodes de spoliation culturelle. Après la cinquième réunion de la commission d’historiens français et algériens tenue récemment, Alger a présenté une liste de biens à lui restituer.

Si le contenu de la liste demeure pour le moment encore inconnu, on peut tout de même se faire une vague idée de ce qu’elle comporte, compte tenu des précédentes et longues tractations entre Paris et Alger sur la question de la restitution.

Les crânes de combattants algériens

Le 4 juillet 2020, la France avait restitué à l’Algérie les crânes de 24 combattants algériens tués au début de la colonisation française. Conservés depuis plus d’un siècle et demi au Musée national d’histoire naturelle de Paris, ces restes sont un symbole fort de la résistance algérienne.

Mais un recensement datant d’avril 2018 avait révélé que le musée de l’Homme à Paris détenait en tout 536 crânes d’Algériens, dont 70 appartiennent aux résistants du massacre de Zaâtcha commis en 1849.

Canon Baba Merzoug, clés de la citadelle d’Alger

La restitution de biens volés se heurte parfois à des obstacles juridiques liés aux principes d’inaliénabilité de propriété et d’appartenance au patrimoine national de la France.

Par exemple, le président François Hollande avait évoqué en 2012 la restitution du canon Baba Merzoug qui protégeait la baie d’Alger depuis le 16e siècle et qui est installé dans le port militaire de Brest depuis 1833.

Ces démarches avaient été entravées par des obstacles juridiques et administratifs, le canon Baba Merzoug étant désormais considéré comme la propriété de l’Hôtel de Brienne et faisant partie de l’histoire de la Marine nationale française.

De même, les clés de la citadelle d’Alger, remis par le dey Hussein à l’armée française après la capitulation de la ville en 1830, avait fait l’objet d’un refus de restitution de la part du ministère de la Culture française, qui considérait qu’elles appartenaient au musée de l’Armée à Paris.

En revanche, lors de la visite du président Jacques Chirac en Algérie en 2003, le sceau du dey d’Alger, avait été restitué. Ce sceau avait été pris par le maréchal de Bourmont en 1830 lors de l’expédition d’Alger.

Burnous, épée, manuscrits de l’émir Abdelkader

En décembre dernier, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a déclaré que la France avait refusé de restituer l’épée et le burnous de l’émir Abdelkader, invoquant la nécessité d’une loi spécifique pour ces objets.

Les bibliothèques françaises possèdent également un grand nombre de livres, manuscrits, cartes et documents algériens pillés. Parmi eux, les 37 manuscrits de l’émir Abdelkader, confisqués en 1843, sont actuellement conservés à la bibliothèque du musée Condé à Chantilly.

En outre, la bibliothèque personnelle du Cheikh El Haddad, confisquée lors de l’insurrection de 1871-1872, se trouve toujours aujourd’hui à la Bibliothèque universitaire des langues et civilisations à Paris.

Les trésors archéologiques et oeuvres d’art

En 2006, l’Algérie avait demandé la restitution des têtes de statues trouvées à Cherchell et des copies de gravures d’Henri Lhote. Peine perdue, ces objets, ainsi que les registres des musées nationaux pris après l’indépendance, sont restés en France malgré les demandes renouvelées.

En 1969, la France avait restitué près de 293 œuvres d’art aux autorités algériennes, suite à un accord conclu en 1968. Ces œuvres, dont des peintures de maîtres tels que Claude Monet et Auguste Renoir, avaient été transférées en mai 1962 à des collections du musée national des Beaux-Arts d’Alger au Louvre, juste avant l’indépendance de l’Algérie.

Ancrée dans l’histoire coloniale et les relations bilatérales entre la France et l’Algérie, la question de la restitution des biens spoliés demeure un sujet épineux et source de tensions entre les deux pays qui espèrent enfin parvenir à une résolution.

TRT France

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