Ghaza : RSF dépose une 3ème plainte devant la CPI pour crimes de guerre commis par Israël contre des journalistes

Dans un message adressé le 5 janvier 2024 à RSF, le bureau du procureur de la CPI avait pour la première fois affirmé que les crimes contre les journalistes sont inclus dans le champ de son enquête. RSF lui soumet neuf nouveaux cas et réitère sa demande d’enquêter sur l’ensemble des journalistes tués depuis le 7 octobre à Gaza par l’armée israélienne.

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Dans sa troisième plainte déposée devant la plus haute cour de justice internationale, la Cour pénale internationale (CPI), Reporters sans frontières (RSF) appelle le procureur à enquêter sur des crimes commis contre au moins neuf reporters palestiniens entre le 15 décembre 2023 et le 20 mai 2024, et plus largement à se saisir des plus de 100 journalistes tués par l’armée israélienne à Ghaza.

Alors que ce 27 mai 2024 marque le 9e anniversaire de l’adoption de la résolution 2222 des Nations unies sur la protection des journalistes en période de conflit et que le procureur de la CPI vient de formuler ses premières demandes de mandat d’arrêt, l’organisation lui réitère sa demande, conformément à l’article 15 du Statut de Rome de la CPI, d’enquêter prioritairement sur les crimes commis contre les journalistes de Gaza par les forces israéliennes depuis le 7 octobre.

Le nombre de journalistes tués par l’armée israélienne à Gaza dépasse la centaine, et continue d’augmenter. Face à cette éradication de la presse palestinienne, RSF a déposé le 24 mai 2024, une troisième plainte devant la CPI de La Haye, pour crimes de guerre commis par l’armée israélienne contre des journalistes palestiniens.

Cette plainte, qui fait suite à celles déposées le 31 octobre et le 22 décembre 2023, fait état au procureur de huit cas supplémentaires de journalistes palestiniens tués et d’un reporter blessé entre le 22 décembre 2023 et le 20 mai 2024. Les professionnels de l’information cités ont été tués ou blessés dans l’exercice de leurs fonctions. RSF a des motifs raisonnables de croire que certains de ces journalistes ont été victimes d’homicides intentionnels, les autres d’attaques intentionnelles contre des civils par l’armée israélienne.

“L’impunité met en danger les journalistes non seulement en Palestine, mais partout dans le monde. Ceux qui tuent des journalistes s’attaquent au droit du public à l’information, encore plus vital en période de conflit. Ils doivent rendre des comptes, et RSF continuera à travailler dans ce sens, en solidarité avec les reporters de Gaza » (Antoine Bernard)

Directeur du plaidoyer et de l’assistance de RSF

Dans un message adressé le 5 janvier 2024 à RSF, le bureau du procureur de la CPI avait pour la première fois affirmé que les crimes contre les journalistes sont inclus dans le champ de son enquête. RSF lui soumet neuf nouveaux cas et réitère sa demande d’enquêter sur l’ensemble des journalistes tués depuis le 7 octobre à Gaza par l’armée israélienne.

Parmi les journalistes tués mentionnés dans la plainte figurent Mustapha Thuraya et Hamza al-Dahdouh, deux reporters indépendants sous contrat avec la chaîne Al Jazeera, tués le 7 janvier 2024 lors d’une attaque de drone israélien qui a visé leur véhicule alors qu’ils travaillaient à Rafah. Un troisième journaliste, Hazem Rajab, a été blessé lors de l’attaque et figure également dans la plainte. Le 10 janvier, l’armée israélienne a publié un communiqué reconnaissant qu’un “avion israélien dirigé par des troupes a pris pour cible les opérateurs d’un drone qui menaçait l’armée israélienne”, en référence à un drone exploité par Mustapha Thuraya. Cependant, le Washington Post a publié les images enregistrées par le drone du journaliste, révélant qu’il ne contenait que du contenu journalistique et pas de matériel militaire.

La plainte mentionne également Ahmed Badir, le journaliste du site Hadaf News, tué le 10 janvier par une frappe aérienne à l’entrée de l’hôpital Shuhada al-Aqsa à Deir al-Balah, Yasser Mamdouh, correspondant de l’agence de presse Kan’an News Agency, tué le 11 février près de l’hôpital Al-Nasser à Khan Younès, Ayat Khadoura, une vidéoblogueuse indépendante tuée le 20 novembre 2023 par une frappe israélienne sur son domicile peu après avoir publié une vidéo, le caméraman de la chaîne d’information égyptienne par satellite Al Ghad Yazan Emad Al-Zwaidi, tué le 14 janvier à Beit Hanoun, par une frappe israélienne qui s’est abattue sur le groupe de civils avec qui il était, Ahmed Fatima, journaliste de la chaîne de télévision Al Qahera News, tué le 13 novembre 2023 lors d’un bombardement à Khan Younès, et Rami Bdeir, le reporter du média palestinien New Press, tué lui aussi lors d’un bombardement israélien à Khan Younès le 15 décembre 2023.

Le dépôt de cette plainte coïncide avec le 9ème anniversaire de l’adoption à l’unanimité par le Conseil de sécurité des Nations unies, le 27 mai 2015, de sa résolution 2222 sur la protection des journalistes en période de conflit qui souligne l’impérieuse nécessité de poursuivre et sanctionner les crimes contre les journalistes.

RSF, 27/05/2024

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