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Chaabane BENSACI
C’est au moment où l’armée américaine, sommée par les dirigeants du Niger de plier bagage, a quitté la base de drones dans la région sahélienne, que le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a choisi de tirer à boulets rouges sur la présence militaire française dans son pays. Recevant avec faste le chef de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui l’avait fortement soutenu durant la longue partie d’échecs entre son parti et le régime de Macky Sall, Sonko a, de nouveau, posé les jalons de la législature qu’il compte mener avec son compagnon de lutte, le président Bassirou Diomaye Faye, non seulement dans le domaine de la Défense et de la sécurité, mais aussi, et surtout, au plan économique.
Le programme des dirigeants africanistes de gauche est, en effet, axé sur la révision des accords qui lient leur pays aux nombreuses entreprises étrangères, en majorité françaises, et ils ne s’en cachent pas, même si des tirs groupés sont déjà apparus pour les dissuader de remettre en cause des «contrats», soi-disant en «bonne et due forme».
Mais la dernière sortie du Premier ministre a quelque peu surpris par le ton et la forme puisqu’il a délivré une critique acerbe des «partenaires» occidentaux, en particulier la France, dans le domaine de la lutte anti- terroriste et, plus largement, de la coopération militaire. Des décennies après l’indépendance, dit-il, qu’est-ce qui peut justifier cette présence permanente de contingents étrangers dans des pays africains qui aspirent à une réelle souveraineté?
«Plus de 60 ans après nos indépendances, nous devons nous interroger sur les raisons pour lesquelles l’armée française, par exemple, bénéficie toujours de plusieurs bases militaires dans nos pays, et sur l’impact de cette présence sur notre souveraineté nationale et notre autonomie stratégique», a martelé Ousmane Sonko, dans un discours qui a, sans doute aucun, résonné comme un bruit de tambour dans d’autres pays du Sahel.
Et d’ajouter: «Ceci ne remet pas en question les accords de défense. On peut avoir des accords de défense sans que cela ne justifie que le tiers de la région de Dakar soit occupé, aujourd’hui, par des garnisons étrangères.»
De là à imaginer un scénario à l’identique de celui déjà observé dans les pays voisins, il n’y a qu’un pas et certains se demandent si le Sénégal ne va pas enterrer bientôt le franc CFA. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, des pays voisins, ont mis fin brutalement à la coopération militaire avec la France, dans le cadre de la «lutte contre les groupes terroristes au Sahel». Ils ont aussi claqué la porte de la Cedeao et forgé leur propre alliance dont on imagine qu’elle intéresse Sonko et Faye, au plus haut point.
L’Expression, 21/05/2024
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