Cop29 : le lobby du gaz gagne sa première bataille

Après la Cop26 à Glasgow (Écosse), la Cop27 à Sharm El Cheikh (Égypte) et la Cop 28 à Dubaï (EUA), c’est au tour de l’Azerbaïdjan d’accueillir la conférence de l’ONU pour le climat en 2024, un pays dont l’économie dépend à 90% du pétrole et du gaz.

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La COP29 sera organisée cette année à Bakou, en Azerbaïdjan, en novembre 2024. Ce sommet sur le climat s’annonce déjà compliqué pour les passionnés d’un monde sans énergies fossiles.

Par Nabil M.

Après la Cop26 à Glasgow (Écosse), la Cop27 à Sharm El Cheikh (Égypte) et la Cop 28 à Dubaï (EUA), c’est au tour de l’Azerbaïdjan d’accueillir la conférence de l’ONU pour le climat en 2024, un pays dont l’économie dépend à 90% du pétrole et du gaz. Ce choix avait déjà suscité l’ironie ou l’inquiétude des experts et ONG présents lors de la dernière conférence sur le climat à Dubaï.

Lors de la dernière Cop, les États-Unis, les 27 pays de l’union européenne et les petits États insulaires, ont fait pression en faveur d’une élimination progressive des combustibles fossiles, alors que le lobby du nucléaire, mené par la France, a réalisé, lors de ce rendez-vous mondial, une véritable percée en s’appuyant sur un bloc de 22 pays ayant annoncé leur volonté de tripler leurs capacités nucléaires. Les partisans du retour vers l’énergie nucléaire et le charbon, pourtant les deux combustibles sont tout aussi néfastes pour la planète, marqueront inévitablement leur retour cette année avec les mêmes arguments, mais dans un contexte de plus en plus défavorable pour leur plaidoirie.

L’Azerbaïdjan définit déjà son clan

Lors d’un discours prononcé en marge d’une conférence sur le climat à Berlin, en février dernier, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a affirmé que son pays, en tant qu’hôte du prochain sommet, défendrait le droit des pays producteurs d’hydrocarbures à maintenir leurs investissements dans ce secteur. Il a souligné que malgré les objectifs climatiques ambitieux, la demande en combustibles fossiles demeure forte à l’échelle mondiale. «Nous défendrons, bien entendu, le droit de ces pays à poursuivre leurs investissements et à maintenir leur production, car le monde en a besoin», a-t-il affirmé.

Pour le président azerbaïdjanais, malgré la supervision de son pays des négociations sur la manière de mobiliser davantage de financements pour lutter contre le changement climatique et réduire les émissions de gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement planétaire, lors de la Cop 29, il «soutiendra le droit des pays producteurs de gaz à maintenir leurs investissements et leur production».

Dans cette même lancée, M. Aliev a mis en exergue l’importance de la solidarité entre les nations productrices de gaz et de pétrole et celles s’efforçant de réduire leurs émissions, en réaffirmant la nécessité pour ces pays de prendre une part active dans la transition vers des sources d’énergie plus durables. Des déclarations qui convergent totalement avec la déclaration d’Alger, lors du 7e sommet du forum des pays exportateurs de gaz (Gecf), en ce qui concerne les contributions du gaz naturel à la lutte contre les changements climatiques et son importance pour favoriser des transitions énergétiques justes, équitables, ordonnées, inclusives et durables.

Le soutien au gaz de l’Australie

Considérée comme l’une des plus importantes puissances minières du monde, l’Australie a annoncé, jeudi 9 mai, sa volonté de recourir au gaz naturel au-delà de 2050, et ce, malgré ses engagements à atteindre la neutralité carbone à cette même date. Une décision qui a suscité de vives critiques de la part des défenseurs de l’environnement, qui la qualifient de «catastrophe» pour le climat.

Dans cette même optique, le pays affirme que sa dépendance à cette énergie fossile (gaz) ne l’empêchera pas d’atteindre zéro émission nette dans les 30 prochaines années. La ministre en charge de ce secteur, Madeleine King, a déclaré que le gaz «restera une importante source d’énergie» en Australie, soulignant qu’il «soutiendra l’économie et sera un vecteur de stabilité pour le réseau de distribution électrique du pays à mesure qu’augmentera le recours aux énergies renouvelables».

Pour le premier ministre australien, qui a défendu les propos de son ministre de l’énergie, «la production d’électricité à partir du gaz est quelque chose qui favorise les (énergies) renouvelables».

La proposition d’Alger sur le gaz soutenue au sommet de Nairobi

Par ailleurs, la déclaration d’Alger annoncée lors du 7e sommet du forum des pays exportateurs de gaz (Gecf), du mois de mars dernier, continue d’influencer les décisions des grandes rencontres régionales. Le sommet africain sur les engrais et la santé des sols, tenu à Nairobi, a pris fin, avec l’adoption, par les pays participants, de la proposition de l’Algérie de soutenir les efforts des producteurs de gaz, en tant que substance essentielle dans la production d’engrais agricoles.

Une déclaration finale a sanctionné cette réunion qui s’est déroulée du 7 au 9 mai avec la participation du ministre de l’agriculture et du développement rural, Youcef Cherfa, représentant le président de la République. L’Algérie entend ainsi, déclare le chef de l’État, «poursuivre ses efforts pour développer le gaz naturel, élément important dans la fabrication des principaux engrais, à travers le renforcement des investissements directs dans le domaine du pétrole et du gaz».

Il a indiqué à cet égard que cette démarche a été consolidée par la déclaration d’Alger, issue du 7e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du Gecf, tenu le 2 mars dernier, où a été consacré «le rôle majeur du gaz naturel dans la chaîne des valeurs du secteur de la pétrochimie et des industries chimiques en général, avec un large groupe de principaux marchés finaux, pour la réalisation des objectifs de développement durable de l’ONU (ODD), y compris la production d’engrais pour garantir la sécurité alimentaire mondiale»

Source : L’Algérie aujourd’hui

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