Infirmières du Maroc : un travail loin de chez soi

Farah Mouknnaa ne pense pas à l'avenir lointain de l'Etat : "Pour l'instant, je me concentre uniquement sur mon objectif". Son objectif est d'arriver en Allemagne. La durée de son séjour reste ouverte. Un bon nombre de leurs compatriotes rentrent au Maroc et comblent ainsi le manque de personnel dans leur propre pays.

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Les hôpitaux et services de soins allemands recherchent désespérément du personnel, par exemple au Maroc. Vous y trouverez des spécialistes motivés. Mais tout le monde n’est pas aidé.

Les parents de Farah Mouknnaa ont dépensé beaucoup d’argent. L’équivalent de plus de 5000 euros a été consacré à l’éducation de sa plus jeune fille. La Marocaine de 22 ans a suivi une formation d’infirmière pendant trois ans dans une école privée d’élite.

Elle attend désormais de commencer sa carrière, à 3000 kilomètres de chez elle à vol d’oiseau. Une démarche que franchissent de nombreux jeunes au Maroc.

Les travailleurs qualifiés du Maroc transfèrent des milliards vers leur pays
« J’ai décidé de travailler en Allemagne. Les salaires y sont élevés », dit-elle. Une maison de retraite à Rheinberg, près de Duisburg, lui propose un emploi. Son père l’encourage à franchir cette étape. Il a bien gagné en tant que policier au Maroc et est aujourd’hui à la retraite. Sa fille aînée travaille déjà à l’étranger, comme directrice d’hôtel dans l’État désertique du Qatar.

« C’est dur pour nous que Farah parte maintenant. Mais nous voulons qu’elle réalise ses rêves », déclare Abdelmoula Mouknnaa. De cette façon, la fille peut subvenir aux besoins financiers de sa propre famille. Les Marocains résidant à l’étranger envoient au total plus de 10 milliards d’euros chez eux chaque année, estiment les autorités marocaines.

La pénurie de soins infirmiers restera un problème majeur dans les années à venir. La clinique de Magdebourg montre comment recruter activement du nouveau personnel soignant.

Les employeurs allemands paient des frais de formation

Farah Mouknnaa étudie pour atteindre son grand objectif dans une école de langues privée. Elle n’a pas à payer pour le cours d’allemand d’un an à Marrakech. La maison de retraite près de Duisburg prend en charge les frais. Une situation gagnant-gagnant pour la future infirmière gériatrique et son futur employeur du Rhin.

Et l’école de langues à Marrakech en profite également. Elle organise des emplois entre employeurs allemands et travailleurs marocains : « Nous recevons des offres d’emploi, puis nous nous rendons dans les centres de formation ici et nous publions : si vous voulez apprendre l’allemand, vous pouvez travailler comme infirmière en Allemagne », rapporte Gracila Ucag, directrice du école de langue.

Les soins de santé en Allemagne ont besoin de personnel

Le système de santé allemand dépend de l’immigration. L’évolution démographique laisse d’énormes écarts . Le ministère allemand de l’Économie s’attend à ce qu’il y ait environ 4 millions de personnes employées de moins dans tous les secteurs en 2030 qu’aujourd’hui.

L’économiste Marcel Fratzscher affirme : « Il s’agit d’utiliser le potentiel local, mais l’Allemagne a aussi besoin d’immigration . L’Afrique du Nord est une région d’où de nombreuses personnes veulent venir en Allemagne, en Europe. Ici aussi, il est important d’orienter l’immigration, donc « il est bien. » Au Maroc notamment, il y a beaucoup de jeunes spécialistes qui aident l’Allemagne, entre autres parce que le niveau de qualification au Maroc est bon par rapport à l’Afrique.

Un expert met en garde contre les offres douteuses

Les agents privés proposent des offres alléchantes, des cours de préparation bon marché, des contrats de travail prêts à être signés et une aide pour les visas. Tout pour un tarif forfaitaire. Dr. Susann Baumgart, directrice de l’Institut Goethe de Rabat, met en garde : « Il existe un grand nombre de prestataires douteux qui tentent de vendre des packages complets ici sur le marché », dit-elle.

De nombreux participants aux cours du Goethe-Institut rêvent d’étudier en Allemagne. Mais le nombre de personnes souhaitant à terme faire un apprentissage augmente, explique le directeur. Le gouvernement fédéral tente précisément de recruter ce groupe, par exemple avec la nouvelle loi sur l’immigration qualifiée.

La croissance économique au Maroc souffre

Non sans conséquences pour la patrie des travailleurs qualifiés : il en va de la croissance économique et de la force d’innovation du Maroc. « Des pays comme le Maroc sortent perdants. Parce qu’ils perdent des personnes bien éduquées et que le pays perd ainsi des opportunités de développement », prévient Mehdi Lahlou, de l’Institut national de la statistique et de l’économie appliquée de Rabat.

Farah Mouknnaa ne pense pas à l’avenir lointain de l’Etat : « Pour l’instant, je me concentre uniquement sur mon objectif ». Son objectif est d’arriver en Allemagne. La durée de son séjour reste ouverte. Un bon nombre de leurs compatriotes rentrent au Maroc et comblent ainsi le manque de personnel dans leur propre pays.

Source : ZDF Heute (Allemagne), 20(02/2024

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