Mauritanie : Surtaxer le Maroc ouvre la porte aux opérateurs algériens (média)

Le Maroc est accusé d’avoir ciblé des civils mauritaniens par des drones fin décembre 2023 dans le territoires du Sahara Occidental.

Etiquettes : Mauritanie, Maroc, Algérie, libre échange, El Gargarat, tarifs douaniers, taxes,

Selon L’Algérie Aujourd’hui, l’année 2024 a commencé par un coup de massue pour les opérateurs marocains habitués à écouler leurs marchandises en Mauritanie. « En effet, depuis quelques jours, les transporteurs de marchandises en provenance du Maroc vers la Mauritanie via le poste frontalier d’El Guerguerat sont confrontés à une hausse vertigineuse des taxes douanières. Le gouvernement mauritanien a décidé d’augmenter les droits de douane pour les marchandises entrant sur son territoire par les camions via les postes frontaliers. Pour un camion gros porteur, les taxes sont passées de 1600 à 4600 €, soit une hausse de 171%, rapporte la presse marocaine ».

Pour le journal algérien, « le chiffre est important, vu que 45.000 camionneurs marocains ont traversé le poste frontalier d’El Guerguerat en 2022, selon des sources marocaines. Les commerçants marocains sont dans le désarroi, vu qu’ils n’ont pas d’autres solutions que de répercuter la hausse des taxes imposées par la Mauritanie sur leurs produits, ajoute la presse marocaine. A titre d’exemple, les prix des légumes et fruits provenant du Maroc ont doublé, voire triplé dans certains cas ».

Pour sa part, la presse mauritanienne parle d’une perturbation du marché suite à la décision du gouvernement de Nouakchott. La situation prend une tournure régionale quand on sait que la Mauritanie est la porte principale vers les pays ouest-africains. Les marchandises marocaines n’étaient pas écoulées uniquement sur le marché mauritanien mais se retrouvaient également dans les étals des autres pays de la région. Les commerçants mauritaniens sont bien introduits dans les pays de l’ouest de l’Afrique.

Néanmoins, le contexte dépasse le simple aspect commercial. Le Maroc est accusé d’avoir ciblé des civils mauritaniens par des drones fin décembre 2023. Les trois victimes des bombardements étaient des orpailleurs selon des sources concordantes. Cette attaque rappelle celle qui a ciblé des transporteurs algériens en novembre 2021 dans la région frontalière entre la Mauritanie et le Sahara occidental.

Dans le même sillage, le Maroc a abrité, le 23 décembre 2023, une rencontre avec les ministres des affaires étrangères de quatre pays du Sahel que sont le Burkina Faso, le Tchad, le Niger et le Mali. Dans cette rencontre, qui a été marquée par l’absence de la Mauritanie, le Maroc se proposait d’offrir à ces pays un accès à l’océan Atlantique.

Zone de libre-échange

Par ailleurs, la presse marocaine n’a pas manqué l’occasion de faire le lien entre la décision des autorités mauritaniennes et l’annonce par l’Algérie de l’étude de la création d’une zone de libre-échange avec la Mauritanie. Le 24 décembre 2023, Abdelmadjid Tebboune a chargé le gouvernement de lancer «immédiatement» une étude approfondie en prévision de la création d’une zone de libre-échange entre l’Algérie et la Mauritanie.

La zone de libre-échange vise à contribuer à « la diversification des activités économiques et la création d’une dynamique dans la région, notamment le long des frontières entre l’Algérie et la Mauritanie ». Les opérateurs algériens dans différents domaines, dont celui de l’agroalimentaire, ont un coup à jouer. La porte privilégiée vers les pays de l’Afrique de l’Ouest pourrait s’ouvrir aux opérateurs algériens dans la perspective de l’établissement de la zone de libre-échange avec la Mauritanie souhaitée par le président de la République.

Le projet de la création d’une zone de libre-échange avec la Mauritanie prend tout son sens à la vue des efforts considérables que fournit l’Algérie dans le développement de sa région sud-ouest. La wilaya de Tindouf a bénéficié récemment du lancement de plusieurs projets d’infrastructures routières et ferroviaires qui sont à même de la transformer en un hub commercial connecté à la Mauritanie par la route menant à Zouérate, longue de 773 km.

La zone de libre-échange avec tout ce qu’elle comporte comme avantages fiscaux
pour les opérateurs algériens et mauritaniens devrait booster les échanges commerciaux entre les deux pays qui seront bientôt reliés par deux nouveaux postes frontières dont le taux d’avancement est tout proche des 100%.

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